Kobina Annan, ambassadeur du Ghana au Maroc, Les relations entre le Maroc et le Ghana ont souvent connu une évolution mouvementée avec des périodes d'accalmie sans arriver à la rupture diplomatique. Aujourd'hui, le Ghana souhaite rétablir le climat de confiance et poser les fondements d'une coopération bilatérale mutuellement profitable, ces perspectives sont développées par l'Ambassadeur du Ghana au Maroc, Kobina Annan, frère du secrétaire général des Nations Unies, dans l'interview qu'il a accordée en exclusivité à notre publication. La Gazette du Maroc : quels acquis et progrès le Ghana a-t-il réalisés depuis l'indépendance ? et quelles perspectives dominantes se dessinent pour l'avenir? Kobina Annan : le 6 mars 1957 , le Ghana s'est libéré du joug de l'autorité coloniale britannique. C'était un événement de grande importance non seulement pour le peuple du Ghana, mais également pour l'ensemble de l'Afrique. L'événement a marqué une étape importante du point de vue de la lutte pour la libération de l'Afrique et du Panafricanisme. Ces années ont vu le Ghana aller contre vents et marées dans tous les aspects de notre vie nationale. Nous sommes parvenus à préserver notre identité et souveraineté nationales, aussi bien que l'intégrité territoriale. Au cours des années, le Ghana a poursuivi une politique d'amitié et de coopération dans la sous-région africaine occidentale et dans l'ensemble de l'Afrique. Membre fondateur de l'OUA, devenue l'Union Africaine (UA), le Ghana est également membre des Nations Unies, du Communwealth et de la CEDEAO. La participation active du Ghana à la création de l'Union Africaine (UA) et du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) a abouti au choix de son adhésion au comité de mise en œuvre des chefs d'Etat(HSIC) du NEPAD. Le Ghana a également gagné la reconnaissance et l'estime du monde pour avoir été parmi les premiers Etats africains à souscrire au mécanisme de la revue Pair de l'Afrique (APRM) du NEPAD. En tant que membre de l'ONU, le Ghana est engagé au maintien de la paix et de la sécurité internationales. Cet engagement a été démontré par une longue tradition de la contribution de ses troupes à la force multinationale de l'ONU, et d'autres missions internationales pour le maintien de la paix. Le Ghana est aussi fermement engagé dans la lutte pour le respect des droits de l'homme, l'Etat de droit, la bonne gouvernance , la démocratie, aussi bien que pour réorganiser le secteur privé comme moteur de croissance. Le Ghana croit en l'économie de marché, et poursuit des politiques susceptibles de créer la richesse par des entreprises du secteur privé. Le Ghana a une économie stable avec un climat très attrayant pour l'investissement étranger. Comment voyez-vous l'avenir de la démocratie au Ghana ? Le Ghana a eu quatre étapes démocratiques depuis l'indépendance la période courante, qui est la quatrième République, a été déclenchée en 1992. Depuis lors, nous avons eu quatre élections et des changements successifs de gouvernement. Les trois premières administrations républicaines (1960, 1969 et 1979) ont été interrompues par des régimes militaires. En décembre dernier (2004), le Ghana a organisé des élections présidentielles et parlementaires qui ont été acclamées dans le monde entier comme étant libres et transparentes. On dit que la tradition démocratique du Ghana est un modèle pour la stabilité et la paix qui devraient inspirer d'autres pays africains. Le Ghana a choisi le chemin de la gouvernance démocratique qui a été consolidée au cours des treize dernières années et le peuple fera tout pour défendre et protéger la culture démocratique. Comment appréciez-vous le niveau de la coopération bilatérale entre nos deux pays et quelles opportunités s'offrent-elles pour renforcer les échanges politiques, économiques et culturels ? Notamment avec le secteur privé ? Il est important de savoir qu'au terme d'un accord de coopération culturelle, il y a plus de soixante–dix étudiants ghanéens qui suivent leurs études dans divers établissements marocains d'enseignement supérieur. Le Secrétariat de bourses du Ghana et l'agence marocaine pour la coopération internationale (AMCI) collaborent très étroitement dans le cadre de cet accord. Quelles perspectives de réactivation et de restructuration de la coopération bilatérale sur le plan économique et commercial ? Il y a beaucoup d'activité dans les aspects économiques et commerciaux des relations bilatérales entre le Ghana et le Maroc. Les deux pays conviennent qu'il y a des secteurs qui pourraient être explorés pour améliorer notre coopération. J'ai déjà mentionné la signature des accords de coopération. Ces accords doivent être mis en application pour réaliser les résultats escomptés. L'accord sur la promotion et la protection de l'investissement est conçu pour encourager l'investissement privé dans l'économie de chaque pays. Le Ghana est soucieux d'encourager l'investissement marocain du secteur privé dans l'économie ghanéenne. La Société générale marocaine de banques (SGMB) a conclu une affaire par sa filiale Genfitec et a acheté des actions de la banque SSB (Bank Limited of Ghana). La SGMB fait aujourd'hui des affaires dans notre secteur bancaire. Il y a également une activité économique et commerciale entre les industries d'Intral de Mohammedia et le Ghana Cylinder Manufacturing Company. Mais nous voulons voir beaucoup plus de sociétés marocaines faisant des affaires au Ghana. Il vous intéressera également de savoir que dans l'avenir proche, le Ghana et le Maroc rétabliront des liens directs de service aérien. De tels liens directs ont existé dans les années 60, mais ont été interrompus. Il n'y a aucun doute que la reprise des liens directs de service aérien relancera le commerce, aussi bien que le tourisme entre les deux pays. Comment voyez-vous les réformes au Maroc et quelles sont celles qui attirent le plus votre attention ? Le code de la famille qui a été initié par sa Majesté le Roi Mohammed VI est vraiment significatif. Le mariage est une institution sacrée et tout ce qui peut améliorer cette institution, ainsi que les liens dans la famille, doit être encouragé. Je suis conscient du fait que contrairement au passé, aujourd'hui beaucoup de femmes prennent part au processus de décision au Maroc. C'est un développement positif. La politique de Sa Majesté le Roi de promouvoir les droits des femmes est progressive et sera bénéfique pour la société à long terme. Le Maroc est un membre très important dans la communauté internationale, et comme je l'ai indiqué , a déjà eu des liens historiques politiques et culturels avec le Ghana remontant à une longue date. La société marocaine est dynamique, et c'est une bonne chose. N'importe quelle société qui n'est pas dynamique et n'arrive pas à répondre aux changements internes et externes, sera dépassée. Je suis particulièrement heureux de la direction positive dans laquelle les relations bilatérales entre le Ghana et le Maroc se dirigent. Après presque trois décennies d'accalmie dans les relations, il apparaît maintenant que les pays sont déterminés à coopérer dans tous les secteurs économiques, politiques, culturels et sociaux au profit de nos deux peuples. Les industries du tourisme et de l'artisanat du Maroc sont remarquables. Ce sont fondamentalement des industries avancées du secteur privé et nous avons l'intention de partager les expériences ghanéennes avec nos homologues marocains dans ce domaine. Pour la première fois, un Ambassadeur du Ghana au Maroc effectue une visite aux provinces du Sud, comment voyez – vous le règlement du conflit du Sahara marocain et quelle contribution peut apporter votre pays, notamment dans le cadre de l'Union Africaine ? Le Ghana état un membre fondateur de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) en 1963 qui est devenue l'Union Africaine (UA) en 2002. Nous étions parmi les premiers pays à adopter l'acte constitutif de l'UA, et nous travaillons actuellement sur le conseil de la paix et de la sécurité d'UA (PSC). L'Union Africaine s'est activement engagé à résoudre tous les conflits dans divers régions de l'Afrique , au Darfour , en Côte d'Ivoire, dans la Région des Grands Lacs, au Libéria et naturellement au Sahara Occidental. L'UA croit que le développement économique de l'Afrique sera renforcé par la résolution rapide de ses conflits. L'UA considère également que les problèmes Africains devraient autant que possible , être résolus par les africains eux –mêmes.