2ème rencontre Tanger-Med Réunis à Tanger dans le cadre de la 2ème rencontre Tanger-Med ce 22 décembre, industriels, experts et responsables gouvernementaux étaient appelés à dresser un bilan et à partager leurs idées et préoccupations au sujet du plus important chantier actuellement en cours au Royaume. Le port maritime de Tanger-Méditerranée – qui représente 15 milliards dh d'investissements publics – promet d'offrir au Maroc une ouverture nouvelle sur le monde. Entreprise en juin 2003, la construction des infrastructures du nouveau port de Tanger-Méditerranée a déjà enregistré un "progrès très satisfaisant", a déclaré Saïd Elhadi, président du directoire de l'Agence Spéciale Tanger-Méditerranée (TMSA) – la société de droit privé qui assure la coordination et la gestion du projet. "Le premier navire accostera à notre port en juillet 2007", a-t-il ajouté, en précisant que les échéanciers fixés étaient en voie d'être respectés. La 2ème rencontre Tanger-Med visait en premier lieu à faire la promotion du projet auprès des investisseurs, en plus d'encourager le dialogue entre les différents acteurs du développement régional. Une envergure mondiale "En termes de génie maritime, c'est le premier projet que ce pays a vu utiliser des technologies de ce type", a déclaré Mohamed Halab, wali de la région de Tanger-Tétouan. Le port de Tanger-Med comprendra un terminal à conteneurs d'une capacité trois fois supérieure à celle du port de Marseille, et six fois plus importante que la capacité actuelle de l'ensemble du Maroc. Il sera en mesure d'accueillir les navires de grande dimension capables de transporter jusqu'à 8 000 conteneurs, ce qui permettra de réduire considérablement les frais portuaires. "Nous pensons que nous aurons un taux de tarification portuaire très intéressant", a déclaré Elhadi, en ajoutant que les frais seraient 40% inférieurs à ceux du port de Casablanca. Attirer les investisseurs La création de zones franches logistiques, commerciales et touristiques à proximité du port permettra d'attirer les investissements privés, a affirmé Elhadi. Il a ensuite souligné qu'il était non seulement nécessaire d'identifier les secteurs les plus prometteurs, mais aussi de poser toutes les conditions pour que Tanger-Med s'impose comme le choix évident. "Les entreprises internationales sont volatiles, il faut qu'on leur donne les conditions qui leur permettent de changer d'idée à tout moment", a affirmé Elhadi. Il a notamment précisé qu'il serait primordial de simplifier les procédures administratives et d'assurer une grande liberté aux entreprises. Avenir incertain pour Tanger-Ville Si bon nombre d'investisseurs étrangers ont déjà manifesté leur intention de s'installer à Tanger-Med, il en est autrement pour le capital marocain. "Il y a une absence constatée, et je le dis franchement, d'investisseurs nationaux", a déclaré Mohamed M'Barki, wali de Tétouan, qui a ensuite profité de l'occasion pour inviter les investisseurs marocains à s'impliquer davantage. Avec une capacité d'accueil aussi importante, Tanger-Med pourrait éventuellement faire de l'ombre au port de Tanger-Ville, c'était d'ailleurs l'inquiétude de certains des intervenants présents lors de la journée de discussions. Tanger-Med pourrait en effet s'accaparer une part importante du transport de passagers en plus de devenir le pôle du transport maritime de marchandises. Elhadi a toutefois rappelé que la vision de Tanger-Med était de se concentrer principalement sur le transport de marchandises pour que Tanger-Ville puisse continuer à s'imposer comme pôle du transport de passagers. Des retombées à long terme Les responsables du projet promettent que la mise en opération des installations portuaires aura des répercussions importantes sur tous les secteurs de l'économie, et que Tanger-Med contribuera au développement local de toute la région en créant des milliers d'emplois. Elhadi a toutefois signalé que la population devra être patiente, puisque les bénéfices d'un tel chantier ne pourraient se faire ressentir d'ici la mise en opération du port. "Nous arriverons à répondre aux attentes de la population, mais pas dans les délais du projet", a-t-il déclaré. "L'essentiel aujourd'hui c'est de mettre en place les bases. Il faut mettre en place un plan pour s'assurer que la majeure partie de l'emploi revienne à la population locale". Lors du discours de clôture de l'événement, Abdelaziz Meziane Belfkih, conseiller de Sa Majesté et président du conseil de surveillance de TMSA, a rappelé que Tanger-Med était un projet d'envergure nationale qui était sous la supervision directe du Souverain. "La confiance en ce projet émane de la plus haute autorité de ce pays", a-t-il affirmé. Algesiras : partenaire du développement À défaut d'entrer en compétition avec le port d'Algesiras, Tanger-Med viendra compléter ses activités et assurera le développement des deux côtés du détroit. “La proximité du port Tanger Med avec le port espagnol d'Algesiras ne sera pas facteur de compétition entre les deux infrastructures, mais contribuera plutôt à leur développement en parallèle”, a affirmé Anders Bonaes, du groupe Maersk. La société, qui emploie plus de 80 000 personnes dans plus de 120 pays, est le premier de deux opérateurs qui assureront l'administration du terminal à conteneurs de Tanger-Med – le second opérateur n'ayant pas encore été désigné. Bonaes a ajouté que le port d'Algesiras – où Maersk assure également l'opération du terminal – était presque saturé, et que Tanger-Med se présentait comme "une alternative tout indiquée". Saïd Elhadi, président du directoire de l'Agence Spéciale Tanger-Méditerranée (TMSA) a expliqué qu'il serait même plus difficile pour Tanger-Med de croître sans l'achalandage actuel du port d'Algesiras. "Nos amis d'Algesiras sont convaincus que Tanger leur apportera de la valeur. Il y a une compréhension parfaite entre Algesiras et nous à ce niveau là", a-t-il ajouté. La présence de deux plaques tournantes du transport maritime à proximité l'une de l'autre permettra aux transporteurs de couvrir différents marchés. "Pour le groupe Maersk, Tanger est le nouveau centre de la Méditerranée, presque du monde", a déclaré Bonaes. Accord TMSA - Université Abdelmalek Essaâdi En plus des débats et ateliers la 2ème rencontre Tanger-Med était aussi l'occasion pour l'Agence Spéciale Tanger-Méditérranée (TMSA) et l'Université Abdelmalek Essaâdi de Tétouan de signer une convention de partenariat garantissant une étroite collaboration entre les deux parties. La TMSA et l'université travailleront donc de concert pour s'assurer qu'une main-d'œuvre qualifiée soit disponible pour répondre aux nouveaux besoins créés par les opérations du port Tanger-Med. "C'est un jour historique qui va [entrer] dans les annales de notre université", a déclaré M. Bennouna, président de l'Université Abdelmalek Essaâdi, en rappelant que l'institution comptait environ 20000 étudiants et offrait toutes les formations, mises à part la médecine et la pharmacologie.