L'Egyptien a été repéré très vite en Italie. Il faisait l'objet d'une surveillance serrée depuis son arrivée. C'est la localisation de son téléphone portable qui a permis de retrouver les deux appartements où il a vécu à Milan. Les mêmes qu'il a partagés avec un autre jeune Egyptien de 21 ans qui était son acolyte. Les policiers italiens ont truffé de micros le 16 via Chiasserini, dans la banlieue nord-ouest de Milan, là où l'Egyptien avait élu domicile après avoir presque fui une autre adresse. Ils ont enregistré ses conversations avec son disciple et placé ses téléphones sur écoute. C'est à partir de ce moment que les retranscriptions révèlent que Rabei Osman Ahmed Sayed, présent à Madrid lors des préparatifs des attentats du 11 mars, regrette de ne pas avoir participé directement à leur exécution. Elles montrent aussi qu'il recrutait, en Italie et en Belgique, avant son interpellation, des combattants pour le jihad en Irak. C'est l'une de ces interceptions téléphoniques qui a précipité son arrestation. A la fin du mois de mai 2004, soit deux mois après les attaques de Madrid, Rabei Osman Ahmed Sayed prend contact avec un certain “Mourad”, un islamiste installé en Belgique. Les deux hommes avaient initialement prévu de se retrouver dans la semaine du 31 mai au 6 juin. Ils devaient se rencontrer à la gare du Nord, à Paris. Un troisième homme, installé dans la région parisienne, aurait dû assister à l'entretien. Les policiers belges, qui ont saisi un plan du métro parisien sur l'un des complices présumés de l'Egyptien, craignaient que son groupe ne passe à l'action. Bruxelles redoutait, également, un attentat quelque part en Europe, le 11 ou le 13 juin, avant les élections européennes. Une conversation enregistrée semblait faire référence à cette date et à un endroit où “ça va chauffer”. C'est en démantelant la cellule opérationnelle responsable des attentats de Madrid qu'ils ont compris l'importance de l'Egyptien. Une dizaine de jours après les attentats, ils ont en effet découvert que ce fondamentaliste avait partagé un appartement avec l'un des membres du commando. Il s'agit du Tunisien, Sarhan Fakhet. L'Egyptien quitte très vite le pays deux mois avant les attentats, ce qui paraît très louche et décide les polices européennes à la traque. Mais pour comprendre le profil de l'Egyptien, il faut remonter à l'année 1998 quand il arrive d'Egypte pour s'installer en Allemagne. Il est brièvement interpellé pour s'être trouvé en situation irrégulière, mais il réussit à prêcher pendant un an dans une mosquée allemande. Les services de renseignement remarquent également un trou de plusieurs mois dans son emploi du temps: ils supposent, sans en avoir la preuve, que l'Egyptien a pu gagner les camps afghans. Quoi qu'il en soit, c'est en août 2001, qu'il quitte l'Allemagne pour s'installer en Espagne, à la même époque où les dernières retouches ont été apportées aux attaques du 11 septembre. C'est en Espagne que Rabei Osman Ahmed Sayed est repéré dans une mosquée de Madrid, aux côtés d'Abou Dahdah, chef d'Al Qaïda en Europe. C'était la mosquée M-30, celle qui est fréquentée par tous les gros calibres du radicalisme en Espagne. En février 2003, il se rend en France et s'installe, pendant cinq mois, en région parisienne. La DST, rapidement avisée de sa présence dans le Val-de-Marne, le surveille. Peintre en bâtiment et employé au noir sur des chantiers, il fréquente les mosquées, notamment celle de la rue Jean-Pierre-Timbaud, à Paris, sans prosélytisme apparent. Il repart en juillet 2003 pour l'Espagne, d'où il disparaît brusquement en janvier 2004, deux mois avant les attentats de Madrid. Durant son second séjour madrilène, il aurait encadré idéologiquement le groupe qui s'apprêtait à poser les bombes. Rabei Osman Ahmed Sayed aurait recruté sur place le chef du commando islamiste, un homme avec lequel il partageait, à l'époque, son appartement. Celui-ci est Serhane ben Abdelmajid Fakhet, dit “el Tunecino”