Ouf ! Encore le coup de patte de Tallal El Kharkouri pour remettre les pendules à l'heure. Le soulagement est total sur le Complexe Moulay Abdallah de Rabat où le Onze national recevait, samedi 4 septembre 2004 en nocturne, son homologue tunisien pour le compte des doubles éliminatoires de la Coupe du monde de football (Allemagne 2006) et la Coupe d'Afrique des Nations (Egypte 2006). Un but partout à l'issue du temps réglementaire. Un match fou, fou, fou. “C'est le moindre mal”, commentera Marouane Chemmakh visiblement très heureux du verdict sur le retour des vestiaires à la fin de la deuxième mi-temps. “Il faut dire que ce n'est pas évident dans ce genre de rencontre de courir après le score durant presque tout le match”, renchérit le surdoué des Lions de l'Atlas. Dès avant le quart d'heure de jeu, après le coup d'envoi de ce match, le diabolique et roublard attaquant des Aigles de Carthage, le brésilo-tunisien, Santos mettait le feu à la défense marocaine. Les choses venaient de se compliquer. Car avant cette rencontre, le Groupe 5 dans lequel évoluent le Maroc et la Tunisie est mené par la Guinée, avec le même nombre de points que le Maroc (4) mais une différence de but plus favorable. La Tunisie et le Bostwana suivaient avec 3 points. Les protégés de Baddou Zaki n'avaient d'autre choix à défaut de glaner les trois points de la victoire, que d'arracher le point du nul, espérant que la Guinée ne fera pas mieux le lendemain dimanche, 5 septembre, à domicile, face au Bostwana. Ce que El Karkouri fera dans les dernières minutes du match. D'aucuns diront de lui, le messie. Le sauveur. Sans fausse modestie, lui, répondra “que je sentais que sur les balles arrêtées, je pouvais avoir quelque chose”. Il a eu en effet deux à trois coups francs à plus des 25 mètres. Le troisième, celui-là dont on reparlera pendant longtemps, lui a réussi. Un boulet de canon, voilà la domination marocaine sur l'ensemble du match récompensée. Difficile de se passer de ce genre de joueur, certes hyper irrégulier, caractériel voire insolent mais efficace par moment. “Merci Tallal”, lui lance un confrère presque sur un pas de course pour rejoindre ses équipiers aux vestiaires. Il n'en fallait pas plus pour jauger la générosité de ce pur produit du Raja de Casablanca. “Vous savez, il faut remercier tout le groupe qui a été solidaire jusqu'au bout. Je pense que ça serait injuste de perdre ce soir face à cette équipe de Tunisie”. T'as vu juste. Les Tunisiens ont certes marqué d'entrée mais jamais ils ne sont pas arrivés à s'approprier le match. Le double carton jaune de Clayton, synonyme de rouge, dans les dernières quinze minutes, marquait-il le tournant de ce match ? El karkouri est catégorique ; “quand j'ai compris que malgré le bon jeu de tête de Marouane, la tour de contrôle tunisienne veillait aux grains. Alors j'ai dit aux copains de me laisser tenter ma chance directement”. T'as encore vu juste Talllal. Ton coup de patte nous accorde le sursis, mais jusqu'à quand encore ces ressources physiques et techniques nous maintiendront-elles en survie footballistique.