Suppression du visa pour les Algériens Le Maroc a, officiellement, déclaré avoir supprimé, sur Hautes instructions royales, toutes les formalités de visa pour les ressortissants algériens depuis le 30 juillet coïncidant avec le cinquième anniversaire de l'intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Parallèlement à la symbolique du geste, la décision prise unilatéralement par le Maroc est venue mettre un terme à une situation qui a duré depuis 1994. Vendredi dernier, dans la soirée, et alors que le Maroc célébrait le cinquième anniversaire de l'intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Souverain a pris la décision d'annuler toutes les formalités du visa au profit des ressortissants algériens. A ce propos, les observateurs n'ont pas manqué de relever que cette décision accompagne les paroles exprimées par le discours royal notamment quand le Souverain avait dit : “… En ce qui concerne nos relations avec nos voisins immédiats, nous exprimons notre ferme volonté de leur insuffler un nouveau souffle surtout avec l'Algérie-sœur, en les dynamisant et en assainissant leur environnement pour répondre aux aspirations de nos peuples à un avenir empreint de solidarité et de fraternité”. Juste après la décision, le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, a reçu en audience l'ambassadeur algérien accrédité à Rabat, Boualem Bessaïh, pour l'informer. Ainsi, cette décision prise unilatéralement par le Maroc a mis fin à une situation qui a duré dix ans. Et pour revenir sur les conditions ayant imposé le visa, il faut rappeler que le Maroc a été obligé de prendre pareille mesure au cours de l'été 1994 à l'issue des attentats perpétrés contre l'hôtel Atlas Asni et qui ont fait deux morts dans les rangs de touristes espagnols. Le Maroc avait accusé, alors, la sécurité militaire algérienne d'avoir commandité l'attentat pour déstabiliser le pays. Et après l'instauration du système du visa, l'Algérie a décrété la fermeture de la frontière terrestre. Depuis ce temps, les deux capitales n'ont cessé d'affirmer que la suppression d'une telle disposition interviendrait le moment opportun selon l'évolution de la situation régionale. Les observateurs n'ont pas manqué également de lier cette décision aux récentes visites effectuées ces derniers temps par un certain nombre de responsables en Algérie, notamment la récente visite effectuée le 20 juillet par le ministre marocain de l'Intérieur, Mustapha Sahel. En effet, à l'issue de cette visite, on a commencé à parler d'un regain d'optimisme quant à la normalisation des relations entre les deux pays et surtout sur leur implication dans la lutte antiterroriste. D'autres liens ont été établis entre cette décision et la prochaine visite qu'effectuera le 15 août le Premier ministre, Driss Jettou, à Alger. De même que cette décision a coïncidé avec le ballet diplomatique de hauts responsables espagnols et français dans la région, ce qui a fait dire à certains analystes que le Maroc a répondu favorablement aux doléances de certains pays amis qui insistent sur l'ouverture d'une nouvelle page avec l'Algérie. En effet, cette normalisation est devenue une revendication internationale et une condition sine qua non pour trouver une solution politique au conflit autour de nos provinces sahariennes. Cette pression internationale s'accentue davantage notamment après la découverte de l'activisme terroriste dans la région de l'Afrique occidentale, y compris dans les confins sahariens du Maghreb. Dans ce cadre, certains milieux indiquent qu'au vu de la situation en Afrique du Nord, la décision du Maroc s'inscrit dans son engagement en faveur de l'édification d'un Maghreb de paix et de stabilité. Donc, le contexte dans lequel a été prise cette décision est très symbolique, notamment juste après le discours royal dont l'un des paragraphes dit clairement : “Le Maroc ne ménagera aucun effort pour édifier l'union du Maghreb dans un cadre de clarté, d'engagement, d'intérêts mutuels, de respect de la souveraineté des Etats et de leur intégrité territoriale”. C'est cet objectif stratégique que poursuit le Maroc selon une vision qui permet de faire de cette union un « espace de démocratie, de progrès, de stabilité et de prospérité pour qu'il devienne une force de négociations dans son environnement méditerranéen face aux regroupements régionaux et internationaux». Il est clair, donc, que le Maroc a franchi un pas en prenant cette décision, sans laquelle il était difficile de prévoir une quelconque évolution de la situation. Mais, c'est au niveau des réactions que l'on observera si la volonté existe réellement d'édifier un grand Maghreb arabe que tout le monde chante. Pour sa part, la presse algérienne a réservé de grands espaces dans les “unes” tant en analyses qu'en commentaires. Les titres diffèrent d'un organe à l'autre. Ainsi, le quotidien “Liberté” du samedi a titré “Le Maroc supprime le visa” et considère que la décision “fait le bonheur des voyageurs algériens”. “Liberté” ajoute que “la suppression du visa est l'aboutissement de plusieurs rounds de négociations.. et que la normalisation entre les deux pays est désormais possible”. Pour sa part, le quotidien “El Watan” a commenté la décision comme étant “la main tendue de Mohammed VI”. “Al Khabar” et “Liberté” considèrent également que la décision marocaine est une “initiative de bonne foi”. Quoiqu'il en soit, la décision du Maroc vise à donner une autre chance à la stabilité et à la coopération régionale, à travers le lancement d'un nouveau départ.