Candidature marocaine à l'organisation du Mondial 2010 Au commencement était le pessimisme. Trois candidatures infructueuses avaient fini par jeter le trouble dans la capacité même du Maroc à accueillir la phase finale de la Coupe du monde de football. Voilà pourquoi la stratégie de la promotion de cette candidature eut d'abord pour cible l'opinion publique nationale tout en sachant que celle-ci n'a presque aucune influence dans la décision finale. Ainsi le patronat, la société civile, les associations sportives et culturelles sont mis à contribution. L'adhésion populaire sera définitivement consacrée à l'issue du parcours des Lions de l'Atlas dans la 24ème édition de la CAN 2004 en Tunisie. La cible internationale subira le poids du lobbying et de la stratégie de communication mis en place. En un peu moins de sept mois, Saâd Kettani, Président de l'Association Morocco 2010, a rendu visite au moins deux fois à chacun des 24 membres [Votants] du Comité exécutif de la FIFA. La première véritable action dans ce sens débuta à Dubaï. À l'occasion du Soccorex, le Salon international du football organisé en prélude du Championnat du monde Juniors 2003 qui s'est déroulé aux Emirats Arabes Unis du 27 novembre au 19 décembre 2003. Un salon - soit rappelé en passant - qui a vu défiler toutes les grosses pointures du football et du business mondial au cours duquel le Maroc s'est distingué parmi les trois autres candidats présents (Afrique du Sud, Egypte, Libye) en hissant encore plus haut son étendard au fronton d'un majestueux stand aux couleurs de Morocco 2010. Entre les deux tours de ce Mondial Juniors, le staff de Morocco 2010 investit la ville de Lisbonne au Portugal où se déroulait, le 30 novembre 2003, la cérémonie du tirage au sort de l'Euro 2004. La veille, sous la houlette du dynamique ministre du Tourisme, Adil Douiri, le Maroc offrait aux personnalités du monde sportif, des affaires et des médias une soirée de gala de haute facture sous le thème “Magie du Maroc” dans la somptueuse Casa Alantejo. Un bijou inspiré par l'architecture arabo-andalouse du XVIIe siècle. A cette occasion, l'adhésion d'éminentes personnalités du monde du sport et des affaires au projet Morocco 2010 est totale. Preuve. L'ovation à l'issue de l'exposé de Saâd Kettani et le succès de la projection du film-vidéo dans lequel des stars du football mondial, dont le Portugais Rui Costa, le Brésilien Cafu, le Britannique Hasselbaink, l'Italien Inzaghi, le Japonais Inamoto ou encore l'Algérien Rabeh Madjer, témoignent de leur soutien à la candidature marocaine. Des cinq pays candidats à l'organisation du Mondial 2010, seul le Maroc était présent à ce tirage au sort. Fort du coup d'éclat à Lisbonne, Saâd Kettani mettra le cap sur Francfort en Allemagne, le 5 décembre 2003, à l'occasion du tirage au sort des éliminatoires de la phase finale de la Coupe du monde 2006. Un rendez-vous qui a réuni quelque 3.500 invités dont 1.000 représentants des comités de la FIFA. La bonne étoile. Cap sur l'Amérique du Sud que l'on dit hostile au Maroc – à tort ou à raison. Hostile ou pas, Saâd Kettani est déterminé à en avoir le cœur net. Il parcourra l'Amérique du Sud dans tous les sens. C'est dit et écrit à maintes reprises. Saâd Kettani voyage beaucoup. Mais bien. Un détour chez l'ex-patron de la FIFA, le Brésilien Joao Havalange lui fluidifiera son itinéraire à travers cette région du monde. L'Argentine, le Chili, le Paraguay, le Venezuela, la Bolivie, la Colombie, le Pérou, le Brésil, l'Equateur et l'Uruguay, en somme tous les pays membres de la Conmebol, la Confédération sud américaine de football, forte de ses 4 voix au Comité exécutif de la FIFA, alors réunie en Congrès. Dans ces lointaines contrées, Saâd Kettani est accueilli à bras ouverts. Rassurant. Comme à Tunis, le 22 janvier 2004 lors du Congrès de la CAF, à Asuncion au Paraguay où se tenait le 59ème Congrès de la Conmebol, le Président de Morocco 2010 a ravi la vedette aux congressistes. Polyglotte, c'est en espagnol qu'il a défendu la candidature marocaine à l'organisation de la Coupe du monde et expliqué ses atouts avec force détails. Au tour du Japon et de la Corée du Sud, c'est dans un anglais sans accent, que cette partie du monde s'imprégnera de l'avancée de la candidature marocaine. L'un de ses voyages qui a le plus suscité de curiosité chez les observateurs est sans doute celui qu'il a effectué dernièrement à Londres, dans le cadre des festivités du centenaire de la FIFA. Dans la City, Saâd Kettani a laissé une forte impression. La presse anglaise a été unanime à saluer l'avancée de la candidature marocaine dont les très sérieux quotidiens londoniens, Sunday Times et Daily Telegraph. Tous comptes faits, c'est peu dire que Saâd Kettani ne s'est pas fixé de limites. Il connaît désormais le monde entier. Le monde entier le connaît ou a entendu parler de lui, de sa mission mais surtout de sa volonté de tenir jusqu'à l'arrivée, le 15 mai 2004 au World Trade Center, siège de la FIFA, à Zurich. Le Maroc et le Mondial Du bond au boom L'organisation d'une Coupe du monde avec sa formidable médiatisation est aujourd'hui la meilleure opportunité pour l'économie d'un pays et depuis l'avènement de la télévision et la retransmission des matches à travers la planète, tous ceux qui ont eu l'honneur d'abriter cet événement ont bénéficié d'un extraordinaire retentissement qui a rejailli positivement sur tous les secteurs de production. Le Mexique, à son premier Mondial en 1970, ne pesait pas lourd dans les pays d'Amérique, il traînait même derrière le Brésil, l'Argentine ou le Paraguay. Les Aztèques, propulsés au-devant de la scène internationale réalisèrent à l'occasion une excellente et fructueuse opération qui permit au pays une belle avancée et ce n'est pas sans raison qu'en 1986, à la suite du désistement du Brésil que le Mexique récidiva en abritant, pour la deuxième fois un nouveau Mondial, fort de son expérience et de ses infrastructures mises en place seize ans auparavant. L'Argentine de 1978 dirigée par la junte militaire du président Videla s'ouvrit, grâce au Mondial, au monde extérieur. Idem pour l'Espagne en 1982 et la France en 1998 qui firent tourner à fond leur économie en réalisant une formidable croissance soutenue par la consommation. Et le Maroc, que peut-il espérer en retour pour ce Mondial 2010 ? Beaucoup. Enormément, si l'on considère que le Royaume va se transformer au lendemain du 15 mai, c'est-à-dire le jour de l'attribution de cette grande fête du ballon rond, en un vaste chantier et les huit villes retenues deviendront des ruches… juteuses pour toutes les entreprises, nationales ou internationales. On table sur une recette de 4 milliards d'euros dépensés par les spectateurs-visiteurs en un mois que dure la compétition. On imagine dans une telle perspective l'incidence que jouera cette manne sur le PIB coincé depuis plus d'une décennie à un taux de croissance de 3 % !…Sans parler du taux de chômage qui va considérablement baisser puisque les petits métiers seront légion pour répondre et satisfaire tous les besoins d'une clientèle particulière qui n'entend se refuser aucun plaisir.