Ce n'est pas par hasard si, aujourd'hui, toutes les minorités ou presque de l'Orient arabe bougent en même temps. Et ce n'est pas encore, par coïncidence, que des groupes chrétiens fondamentalistes sillonnent les zones rurales, pauvres, aussi bien du Machrek que du Maghreb, dans l'objectif de convertir des Musulmans dans le besoin à leurs idéologies sectaires. Tout cela se passe alors que nous assistons à un déchirement interarabe sans foi ni loi, rappelant l'époque de décadence de l'Empire musulman juste après la chute de l'Andalousie. Le pire, c'est que ce déclin tragique est accompagné, à l'heure actuelle, d'une émergence en force des courants islamiques extrémistes, semant terreurs et horreurs partout. Ce qui remémorise la triste période des “Hashachines” (assassins). Lors du congrès ayant pour thème la “réconciliation entre Irakiens” tenu il y a deux semaines à Irbil, fief des Kurdes, ces derniers n'ont pas hésité à hisser leur drapeau ethnique à la place du drapeau national irakien. Et ce, au moment où leurs milices, les “Pechmergas”, poursuivaient leurs purges contre les Arabes et les Turkmènes aux environs de la ville de Kirkouk. Autre signe alarmant dans ce sens, les émeutes provoquées par les Kurdes syriens dans la région de Kamechli où ces derniers ont brûlé le drapeau syrien. Dans ce même ordre de timing, les Chrétiens libanais se sont mobilisés pour contester la mainmise des Syriens sur leur pays. Pourtant, ce sont ces mêmes Chrétiens qui, en 1975, ont demandé l'intervention militaire de Damas en leur faveur contre leurs compatriotes musulmans. Depuis peu, en d'autres termes, dès que Washington a décidé de punir le régime syrien politiquement et économiquement, cette minorité ne laisse passer aucune occasion de montrer une opposition farouche à cette présence syrienne. Au Soudan, les minorités chrétiennes du Sud, soutenues politiquement, financièrement et même militairement par certains pays occidentaux, mènent depuis des années une guerre de partition. Ils sabotent tout projet de paix à la dernière minute, en haussant la barre des revendications. En Irak, les Chaldéens et les Assyriens étaient à deux doigts d'effectuer un faux pas avec l'arrivée des forces d'occupation. Pourtant, le régime de Saddam Hussein leur assurait sécurité et privilèges. Mais la montée de l'extrémisme chiite, toléré par la force d'occupation, les a obligés à faire marche arrière. En Egypte, les Coptes avaient bougé, il y a deux ans. Et c'est grâce à l'Inba Chenouda, leur pape, ce grand patriote, que tout était rapidement rentré dans l'ordre. Avec le projet américain du “Grand Moyen-Orient”, certaines minorités seront tentées de bouger dans le mauvais sens par bonne foi. D'autres seront manipulées par des forces étrangères dans le but d'affaiblir les régimes en place et non de soutenir les revendications légitimes de ces minorités. Israël l'avait fait par le passé avec les Kurdes et les Chrétiens libanais et continue à le faire avec les Soudanais du Sud. En dépit des erreurs commises de part et d'autre, il faut maintenant que les Etats arabes musulmans ne traitent plus leurs citoyens d'autres religions comme étant “Ahl Dimma”. Il faut qu'ils comprennent, une fois pour toutes, qu'ils sont des citoyens à part entière.En agissant de la sorte, leurs minorités seront non seulement les défenseurs de la patrie, mais aussi de ces régimes qui sont aujourd'hui confrontés aux épreuves les plus rudes de leur existence.