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Les barbares parmi nous
Publié dans La Gazette du Maroc le 29 - 12 - 2003

“We got him” (nous l'avons eu). A cette déclaration, on a d'abord poussé un soupir de soulagement et de satisfaction en pensant aux Américains. Depuis tant d'années, leurs différentes polices viennent enfin de débusquer le véritable assassin de John F. Kennedy, du pasteur Martin Luther King et de quelques autres, victimes de l'insaisissable tueur en série.
On a rapidement déchanté et remis les pieds sur terre. Celui qui avait fait l'annonce était le jeune Emir qui règne sur l'Irak. Et sa prise était l'ancien président Saddam Hussein. Paul Bremer a parlé de capture. Tout le monde a compris et enclenché les manettes de ses médias. Saddam, un prénom. Capturé, non arrêté. L'ancien président avait tant d'amis à travers le monde et on ne le savait pas. Modeste, il avait invité toute la planète à garder les moutons avec lui.
En premier lieu le président des Etats-unis d'Amérique George Walker Bush. On aime bien celui-ci. Personne ne s'étonnera donc si on l'appelle par le prénom qui le différencie de son géniteur. Walker a trahi son copain en faisant procéder à sa capture et non à son arrestation, réduisant l'ancien président irakien à l'état d'un fauve, et n'hésitant pas une fois de plus à humilier tous les Arabes, après avoir traîné dans la boue Jacques, Gerhard et Vladimir.
Tout le monde n'oubliera pas de sitôt le traitement infligé à l'ancien président irakien Saddam Hussein, au mépris de toutes les conventions internationales. Image humiliante que celle du guerrier américain qui fouille la barbe de l'ancien président et examine à l'aide d'une touche au plus profond de sa gorge. Image que les médias –y compris arabes- diffusent plusieurs fois par jour. Certains ont vu dans cette fouille d'un genre particulier la recherche par le guerrier américain d'une capsule de poison mortel. C'est oublier que Walker est un ranchero texan qui connaît New York. Il avait pratiquement rasé l'Irak à la recherche d'armes prohibées, sans succès. Il en a déduit que c'est dans la barbe et dans la gorge que l'ancien président irakien dissimulait ses armes de destruction massive, tout comme les junkies qui y “planquent leur came”. S'il y a eu une fouille au corps, cela a dû se faire hors caméra. Il ne faut pas oublier que l'Amérique est puritaine. En outre, s'il s'avérait que le président était mieux armé que Walker, “what a shame”.
Donc Walker a considéré que montrer Saddam Hussein comme il l'aurait fait d'un fauve, son public n'aurait plus eu qu'à le plébisciter lors des prochaines élections. Cependant, après l'euphorie des premiers jours, Walker déclare publiquement qu'il s'agit d'un prisonnier de guerre qui sera jugé en Irak. Quelle guerre et quel Irak ? L'ONU et tous les pays qui voulaient éviter une injustice criante –par seulement à l'endroit des Irakiens- ont affirmé qu'il ne s'agissait pas d'une guerre mais d'une invasion décidée par Walker, épaulé par Tony, avec l'aide de quelques comparses qui voulaient jouer aux grands. Le prétexte est archiconnu. Une fois la faute commise on a prétendu vouloir abattre une dictature puis le parti “Baâth”. En réalité, pour supprimer le dernier obstacle vers un contrôle direct du pétrole irakien. Dans ce domaine, la partie n'est pas terminée. Déjà les Kurdes réclament Kirkuk.
Walker sait-il au moins ce que veut dire le mot “baâth” ? S'il le savait, il saurait aussi qu'il n'y a pas un seul Arabe qui refuserait la résurrection du monde arabe. Ne serait-ce qu'à la splendeur tolérante et universelle de l'Andalousie, il y a cinq siècles. Tous les Arabes sauf les collaborateurs. “Baâth”, qui n'a rien à voir avec le parti du même nom, comme le socialisme n'avait rien à voir avec Staline. L'ancien président irakien a donc été arrêté et a subi un traitement que même Al Capone n'a pas connu. De sa résidence de Santiago du Chili Augusto Pinochet vous salue bien. A Tripoli, le perpétuel Colonel Kadhafi a fait tinter dollars et médailles, dénucléarisé les bosses des dromadaires, tant qu'à faire, puisque depuis belle lurette le petit livre a été rongé par les vers. Les renseignements sont livrés pour sceller la nouvelle amitié. Imperturbable et assassinant son lot quotidien de Palestiniens, Ariel Sharon ventripote en paix, sachant que l'entité sioniste est exonérée éternellement et n'est pas concernée par ces jeux inférieurs.Tous les juristes sérieux récusent la notion de guerre en Irak. Logiquement, et en accord avec le droit international, tout ce qui a été installé à Bagdad est illégal et illégitime parce que décidé par une puissance étrangère à la suite d'une invasion. Quand l'URSS avait envahi l'Afghanistan c'était à la suite d'un semblant de demande du gouvernement local. On serait curieux de voir une correspondance officielle d'aujourd'hui en provenance d'Irak. République irakienne ? Quelle République ? Quel en est le président ? Ce qui serait conforme à la réalité : “Etats-Unis d'Amérique, Irak, possession américaine”. On n'a pas vu un tel embrouillamini juridique depuis les périodes coloniales.
En toute logique, ce qu'il est convenu d'appeler l'ancien régime est le seul légal, qu'on l'approuve ou qu'on l'abhorre. Il n'est pas illégitime de penser que le seul président légal est Saddam Hussein, kidnappé par les guerriers américains, qui, en l'humiliant, ont humilié des millions d'Arabes. La justice n'admet pas la vengeance, d'autant plus que Saddam Hussein était l'ami des Etats-Unis qui lui fournissaient tout ce qu'il désirait acheter, y compris de quoi fabriquer des armes de destruction massive. Il avait même fait une guerre de huit ans pour leur compte.
Il ne faut cependant pas dramatiser et croire que le monde est à feu et à sang. L'Europe, toujours à l'avant-garde, vient de signer un accord qui satisfait le merlu et le cabillaud. Les pays arabes entrent dans leur sixième siècle de sommeil. Avec des réveils intermittents. Le temps de couper le jarret à un frère.
Néanmoins, on vous souhaite une année sans Américains et sans barbus.


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