Marché automobile marocain Malgré l'enclenchement du démantèlement douanier en mars dernier et une dynamique certaine des importateurs, le marché automobile peine à progresser. Le poids du taux de change et la faiblesse du pouvoir d'achat sont les principaux freins à la croissance. A fin octobre 2004, ce sont près de 29.000 véhicules de tourisme qui ont trouvé acquéreurs sur le marché marocain, ce qui représente une régression de 2 points par rapport à la même période de l'année dernière. Le démantèlement douanier a certes été effectif dès le mois de mars, mais n'a touché que quelques segments (la cylindrée et le carburant entrent dans le calcul du taux d'abattement) ; d'où l'effet presque nul sur les tarifs de vente. L'appréciation du taux de change de l'Euro et du Yen n'a pas été sans incidence, puisque les prix de revient ont augmenté chez tout le monde. Ce qui a engendré, contrairement à ce qui était prévu, une augmentation générale des prix. En face d'un pouvoir d'achat faible et d'une politique très limitée en matière de financement, la configuration du marché n'a que peu changé, en comparaison avec l'année 2002, aussi bien en volume, qu'en répartition des parts. Sur les 33 marques représentées au niveau national, six d'entre elles s'accaparent 80% de parts de marché. En tête des importateurs, Renault consolide une position qu'elle a acquise difficilement au début de l'année (progression nulle). Et pour cause, elle profite d'une gamme entièrement renouvelée et de motorisations récentes. Le lancement de la Mégane II (4 et 5 portes) ou encore du diesel dCi (common rail) sur le reste de la gamme sont quelques facteurs de réussite de Renault sur le marché marocain. Si ce n'était le style complètement décalé du nouveau design Renault, les résultats auraient pu être meilleurs. D'un autre côté, Peugeot et Citroën accusent une baisse importante de leur volume (-22%) due par ailleurs à certains modèles en fin de vie (406 et Xsara). En quatrième position, Toyota signe un retour en fanfare avec un taux de progression de 130% ! Le renouvellement de la gamme (Corolla, Yaris restylé, Prado et Avensis) ainsi qu'une excellente politique commerciale en sont les facteurs aidant. Un autre japonais a profité de ses nouveaux produits pour doubler son volume de vente : Honda. Quant à Volkswagen, le succès de la nouvelle Polo a réussi à maintenir le volume avec une petite hausse de 6%. Pour ce qui est du reste du marché, les petits importateurs résistent difficilement à cette crise, en multipliant les offres et les promotions. La nouvelle donne de Fiat Si le CBU (véhicules importés montés) tire son épingle du jeu, en maintenant pratiquement les mêmes chiffres réalisés durant l'année dernière, le CKD (véhicules montés localement) accuse près de 9% de baisse. Cette dernière est due principalement à une baisse de régime de la part de Fiat Auto Maroc, par manque de visibilité concernant son projet industriel. Et si ce n'était la promotion estivale (climatisation à 1 dh), le constructeur italien allait enregistrer un résultat commercial le plus bas depuis 4 ou 5 ans. Ajouter à cela le vieillissement de la gamme (Uno-Palio-Siena), et une révision à la hausse des prix des voitures économiques. Avec l'arrêt de la production de celles-ci à la Somaca, ce sont les nouvelles générations qui seront importées à partir de janvier 2004, notamment du Brésil. Les dirigeants de Fiat Auto Maroc promettent de pratiquer une politique de prix proche de l'actuelle. En d'autres termes, la gamme Fiat disposera toujours de véhicules dont les tarifs de vente se situent en dessous de 100.000 dh. Deux problèmes se posent alors. D'une part, le consommateur moyen n'aura plus accès à la voiture neuve, ce qui laisse présager une dynamique supplémentaire dans le marché de l'occasion. D'autre part, les concurrents de Fiat devront récupérer une partie de la clientèle habituelle de la marque italienne (au moins 25% des 10.000 unités vendues annuellement par Fiat). Les principaux gagnants seront naturellement les importateurs qui disposent dans leurs gammes de petites voitures (segment B2) compétitives à savoir Renault, Peugeot, Citroën, Toyota et Honda.Les analystes prévoient, pour les deux derniers mois de l'année, une tendance stagnante et un classement au niveau des marques qui ne changera pas, sauf au profit de Toyota qui pourra ravir la troisième place à Citroën. Espérons qu'entre janvier et mai de l'année prochaine, les ventes ne stagneront pas en attendant le prochain salon de l'auto.