Le Maroc a célébré jeudi 6 courant le 28ème anniversaire de la Marche Verte, opération de grande envergure nationale lancée par Feu Hassan II, le 6 novembre 1975, pour la récupération des provinces du Sud et le recouvrement de l'intégrité territoriale du Royaume. Dans le discours prononcé en commémoration de cette épopée, le Souverain a fait le point sur l'évolution du dossier du Sahara et clarifié la position du Maroc à ce sujet. S.M. Mohammed VI a notamment lancé un appel à l'Algérie, exprimant la disposition du Royaume à contribuer pleinement à toute solution politique consensuelle en vue de mettre fin au contentieux, tout en réaffirmant les principes inébranlables de la souveraineté nationale et de l'intégrité de la patrie. Retour sur les grandes lignes du discours royal que les chancelleries ont suivi avec grand intérêt. La commémoration de l'anniversaire de la Marche Verte a coïncidé cette année avec l'avancée diplomatique enregistrée, une semaine plus tôt, par le Maroc à l'ONU. En effet, le 31 octobre, le Conseil de sécurité votait la résolution 1513, d'origine américaine, prorogeant de quatre autres mois le mandat de la Minurso au Sahara marocain. L'intérêt de cette résolution repose surtout sur deux éléments. Le premier a trait au fait que, nuançant la précédente résolution 1495 adoptée par la même instance le 31 juillet dernier, la dernière implique le caractère non contraignant fondé sur la persuasion. Le deuxième est qu'elle intervient au moment où les belligérants sont appelés avec plus d'insistance à rechercher une solution politique au contentieux, basée sur la négociation. En d'autres termes, la résolution onusienne du 31 octobre corrige –le mot n'est pas fort- les dérapages contenus dans le dernier rapport de Kofi Annan qui faisait une interprétation erronée du Plan Baker laissant la part belle au projet de règlement basé sur un soi-disant référendum d'autodétermination après une période de 5 ans d'autonomie. C'est dans ce contexte que les observateurs guettaient avec impatience le discours royal du 6 novembre lequel, circonstance oblige, devait apporter des éclaircissements à la lumière des derniers développements enregistrés dans le dossier. A propos justement de ce que le discours royal a qualifié d'“interprétation inappropriée” de la résolution 1495 adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU le 31 juillet dernier, le Souverain a dit comprendre “l'inquiétude, somme toute naturelle” exprimée par le peuple marocain à ce sujet, et a salué “le refus unanime” qu'il y a opposée, soulignant que ce refus “prouve une nouvelle fois au monde, si besoin est, que la Nation marocaine, d'Oujda à Smara, et de Tanger à Lagouira, est unie et qu'elle n'admet aucune atteinte à sa souveraineté nationale ou à son intégrité territoriale”. Pour S.M. le Roi, le Maroc a toujours été et demeure attaché au principe du règlement pacifique des différends. Ainsi, le Royaume a invariablement fait preuve d'une collaboration constante avec les Nations Unies, “souscrivant pleinement aux résolutions du Conseil de sécurité, en particulier celles adoptées depuis l'année 2001, qui insistent toutes sur la recherche d'une solution politique, dite de troisième voie, après que la communauté internationale ait relevé l'inapplicabilité du Plan de règlement de 1991”. Cette solution politique, pour qu'elle soit en conformité avec la légalité internationale, doit être “négociée au préalable, et ses modalités d'application mutuellement respectées”, a précisé le Souverain en rappelant que “le Maroc a de tout temps demandé à ce que soit scrupuleusement respecté ce principe de base et récuse, aujourd'hui comme hier, toute autre interprétation qui sortirait de ce cadre”. Cependant, a averti S.M. le Roi “cette volonté de paix et Notre recherche d'une solution négociée ne doivent en aucune manière être perçues comme une quelconque faiblesse car, plus que jamais, Nous demeurons déterminés à défendre notre souveraineté nationale, notre intégrité territoriale, la dignité des citoyens marocains et notre identité, qui est caractérisée par son unicité et par la richesse qu'elle doit à ses affluents pluriels, et dont Nous sommes le Garant, en Notre qualité d'Amir Al Mouminine et de Représentant suprême de la Nation”. Le projet stratégique de S.M. le Roi Les principes inébranlables de la Nation ainsi réaffirmés, que préconise le Maroc pour résoudre ce problème ? Réponse : démocratie et régionalisation sont les maîtres-mots qui conditionnent la vision du Souverain, une vision que partage le peuple marocain, compte tenu de la parfaite symbiose qui caractérise les relations entre S.M. le Roi et son peuple. Ainsi, pour le chef de l'Etat “l'évolution que connaît la question de nos provinces sahariennes exige de notre part davantage de vigilance et de clairvoyance, notamment par l'adoption d'une stratégie qui consacre nos choix démocratiques. En effet, notre force provient de notre choix libre et éclairé de la démocratie”. Dans la foulée, S.M. le Roi résume en une phrase le bilan de son règne en relevant qu'“en l'espace de quatre années de labeur, le paysage marocain a été foncièrement transformé à tous les niveaux”. Passage obligé pour évoquer l'avenir où le Souverain s'est dit “déterminé, dans le cadre de Notre action visant à asseoir la pratique démocratique sur des bases saines et solides, à doter les diverses régions du Royaume d'une plus grande cohésion, afin d'affirmer plus nettement leur personnalité distinctive, dans le cadre d'un Maroc uni et riche de l'apport de ses diverses composantes régionales”. Et S.M. d'expliciter encore plus sa vision : “Nous sommes également soucieux de faire de la régionalisation, de la décentralisation, de la déconcentration et de la démocratie participative et de proximité, un projet stratégique qui s'affirme et se concrétise de jour en jour sur le terrain, notamment dans nos Provinces du sud.” C'est dans cette perspective que le Souverain s'est félicité de la forte participation des habitants du Sahara aux diverses phases du processus électoral que vient de connaître le nouveau règne et qui a débuté par les législatives du 27 septembre 2002, pour s'achever avec les élections régionales qui se sont déroulées le 24 octobre 2003. A ce sujet, le Souverain a fait le constat suivant : “Nous avons relevé avec grande fierté, lors des différentes opérations électorales, la forte participation de Nos fidèles sujets des Provinces sahariennes, avec des taux de participation dépassant ceux enregistrés dans les autres régions, confirmant ainsi leur indéfectible attachement à leur marocanité.” Pour S.M. Mohammed VI “chaque bulletin de vote ainsi déposé dans les urnes, en toute liberté et en toute spontanéité, a valeur de vote confirmatif de leur marocanité”. Un constat sans appel qui prouve que le conflit autour de la marocanité de notre Sahara ne concerne nullement une question de décolonisation dans la mesure où cette décolonisation a déjà eu lieu par le biais d'accords entre les parties, notamment le traité de Madrid du 28 février 1976 entre le Maroc et l'Espagne. Ce qui amène le Souverain à rappeler qu' “il s'agit d'un différend créé de toutes pièces et qui va à contre-courant de l'unité maghrébine, dans un monde où seuls les blocs et regroupements régionaux, fondés sur les principes de démocratie et d'intégration économique, ont voix au chapitre”. La prise de conscience de cette réalité a toujours dicté l'attitude du Maroc dans ses rapports avec ses voisins maghrébins. Ainsi, le Maroc a toujours considéré l'Union du Maghreb Arabe comme un choix stratégique incontournable. Et c'est dans ce cadre que le Roi du Maroc appelle à nouveau “au nom de notre attachement inébranlable aux liens de fraternité l'Algérie sœur à œuvrer de concert avec Nous pour résoudre les problèmes qui entravent encore la concrétisation des ambitions de nos peuples pour la mise en place d'une Union maghrébine forte, fondée sur la compréhension mutuelle, la stabilité, la concorde, l'unité, le progrès et la paix”. Puisse cet appel royal trouver l'écho escompté chez nos voisins algériens dans l'intérêt de l'ensemble des peuples de la région.