Organisation de la conférence islamique Le Xème sommet de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) se tiendra du 16 au 18 octobre courant en Malaisie. Le thème officiel de cette session est “le savoir et la moralité en vue du progrès de la Oumma”. Un thème choisi dans le but de montrer l'importance que joue la connaissance dans le développement de la Oumma islamique. Outre les questions préoccupant les pays membres, en particulier ceux du Proche et du Moyen-Orient, le sommet de l'OCI est appelé à examiner une demande d'adhésion de la Russie à l'OCI. En cas d'acceptation, l'initiative pourrait être considérée comme un avertissement à Washington. C'est le 25 septembre 1969 que l'OCI a vu le jour, à Rabat, suite à l'appel lancé par feu Hassan II à l'ensemble des dirigeants des pays islamiques à se réunir au Maroc. L'heure était grave en effet, à l'époque, du fait qu'un incendie criminel venait d'être perpétré par les sionistes contre la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l'Islam après La Mecque et Médine. Depuis, l'OCI a franchi bien des étapes et compte aujourd'hui cinquante-sept pays membres. Adoptée en 1972 à Djedda où l'OCI a installé son siège, sa Charte se propose parmi ses objectifs “la coordination de l'action en vue de sauvegarder l'intégrité et d'assurer la libération des lieux saints, soutenir la lutte du peuple palestinien, d'aider ce peuple à reconquérir ses droits et à libérer ses terres, d'œuvrer à l'élimination de la ségrégation raciale et du colonialisme sous toutes ses formes, de prendre les mesures nécessaires pour consolider la paix et la sécurité internationales fondées sur la justice, de créer un climat favorable au développement de la coopération et de la compréhension entre les Etats membres et les autres Etats.” (Article 2 de la Charte). Les décisions de l'OCI sont prises à la conférence triannuelle des rois et chefs d'Etat et de Gouvernement. Elles sont mises en œuvre à la conférence annuelle des ministres des Affaires étrangères et appliquées par le Secrétariat général dont le titulaire actuel est le Marocain Abdelouahed Belkziz. L'Organisation possède, par ailleurs, de nombreux organes et institutions dont la Banque islamique de développement. Le Comité Al Qods Acharif L'OCI s'est en outre dotée d'un Comité Al Qods dont elle a confié la présidence à feu Hassan II qui a assuré cette charge jusqu'à sa mort en 1999. Les dirigeants des pays islamiques ont ensuite renouvelé leur confiance en S.M Mohammed VI pour poursuivre la noble mission. En coordination avec l'OCI, le Comité Al-Qods n'a eu de cesse, depuis, de dénoncer le danger qui menace les lieux du culte musulman dans la cité d'Al Qods Acharif du fait de l'occupation de cette ville par les forces israéliennes. Le vote par la Knesset d'une loi organique portant annexion d'Al Qods Acharif et la proclamant “capitale éternelle d'Israël” est considéré par l'OCI comme l'étape la plus dangereuse de l'agression sioniste contre la Palestine, contre les deux milliards et demi de Musulmans et de Chrétiens dans le monde entier, et de tous les Etats ayant souscrit à la Charte des Nations Unies et qui, de ce fait, se doivent d'assumer leur responsabilité par une réplique efficace en vue de mettre un terme à l'agression israélienne. Il est donc tout à fait logique que le problème palestinien figure en premier à l'ordre du jour du 10ème sommet de l'OCI qui se tient à Kuala Lumpur, en Malaisie, du 16 au 18 octobre courant. D'autant plus qu'avec l'arrivée d'Ariel Sharon à la tête d'Israël, toutes les perspectives de paix ont été mises à la trappe et la situation du peuple palestinien s'est dégradée à tous les niveaux, en particulier avec les destructions systématiques de maisons et, surtout, les assassinats quotidiens de Palestiniens par la soldatesque israélienne qui n'épargne ni femmes ni enfants. La politique d'Ariel Sharon, spécialiste des fuites en avant chaque fois qu'une lueur d'espoir de paix pointe à l'horizon, risque d'ailleurs d'étendre le conflit à l'ensemble de la région du Moyen-Orient avec le bombardement par Israël du territoire syrien la semaine dernière, un Etat qui est membre de l'OCI. Non loin de cette zone, l'occupation de l'Irak -autre pays membre de l'OCI- par les armées américaine et britannique devrait également être dénoncée, de même que les menaces à peine voilées de frappes américaines contre Téhéran, accusé de chercher à se doter de l'arme atomique, alors que Tel Aviv qui possède déjà plusieurs engins de ce type et qui s'en sert pour terroriser ses voisins arabes, n'est pas inquiété. Il est donc certain que l'OCI se rangera du côté de la défense de la souveraineté de l'Iran, un Etat très influent au sein de l'OCI. 20 millions de Musulmans en Russie Un point en particulier sera suivi avec intérêt par les observateurs lors de cette X ème session. Il concerne la demande d'adhésion à l'OCI qui pourrait être vraisemblablement formulée par la Russie à Kuala Lumpur. Vladimir Poutine avait en effet créé la surprise en annonçant, le 14 août dernier, que son pays envisageait de briguer une place dans l'OCI du fait que la Fédération de Russie compte 20 millions de musulmans, soit 14 % de la population totale composée de 145 millions de personnes. Cette déclaration illustre la volonté de Moscou de se rapprocher de l'OCI afin “d'élever le statut de la Russie dans les affaires internationales”, comme le soulignent les partisans de cette idée au Kremlin. Elle a été précédée par le récent resserrement des liens de la Russie avec l'Arabie saoudite. Cette dernière cherchant de son côté à rééquilibrer ses rapports avec l'étranger depuis qu'elle est dans la ligne de mire des faucons de Washington, en conséquence des attentats du 11 septembre. Les observateurs estiment que l'adhésion de la Russie à l'OCI se ferait, dans un premier temps, en qualité d'observateur. Ce qui devrait en même temps donner satisfaction à Moscou tout en servant d'avertissement diplomatique adressé à Washington pour son alignement inconditionnel sur les thèses d'Israël contre les droits légitimes des peuples arabes. Rappelons que l'invitation de la Malaisie à abriter le 10è sommet de l'OCI a été acceptée lors de la précédente session de l'Organisation qui s'est tenue à Doha, au Qatar, en novembre 2000. Ce choix n'avait suscité aucune réserve en raison de l'important rôle que ce pays a joué dans la création de l'OCI à Rabat, le 25 septembre 1969. D'ailleurs, la désignation de feu Tunku Abderrahmane Putra Al Hadj comme Premier secrétaire général d l'OCI illustre l'intérêt que la Malaisie accorde aux questions intéressant les pays islamiques membres. Les menaces à peine voilées de frappes américaines contre Téhéran, accusé de chercher à se doter de l'arme atomique, alors que Tel Aviv qui possède déjà plusieurs engins de ce type et qui s'en sert pour terroriser ses voisins arabes, n'est pas inquiété. Il est donc certain que l'OCI se rangera du côté de la défense de la souveraineté de l'Iran, un Etat très influent au sein de l'OCI.