Hicham Mandari Pris en flagrant délit d'extorsion de fonds au moyen de chantage, Hicham Mandari voit sa tumultueuse carrière d'escroc brusquement arrêtée dans le cadre feutré de l'hôtel Vendôme à Paris le jeudi 18 septembre dernier. L'affaire avait commencé quelques semaines auparavant. Mandari avait contacté Othman Benjelloun, le président de la BMCE : “il faut absolument que je te voie, lui dit-il, j'ai des documents explosifs sur toi que je pourrais révéler si tu ne donnes pas suite à cet appel”. L'homme d'affaires connaissait bien la réputation sulfureuse du jeune escroc qui avait défrayé la chronique avec ses trafics de devises et autres forfaits commis entre Dubaï et les USA, se décida, après réflexion, à en avoir le cœur net. Il rencontra Mandari le 12 septembre à Paris et se vit demander le versement d'une somme de 3 à 5 millions d'euros en échange des “documents compromettants”. Le maître-chanteur n'avait pas fourni toutes les précisions sur ces derniers mais s'était montré menaçant. Pour l'amadouer, Othman Benjelloun lui demanda de patienter, le temps de réunir la somme demandée. Rentré au pays, il consulta son avocat, Me Naciri, un chevronné du barreau lequel prit attache avec un confrère en France, Me Bourdon. Tous deux mirent au point la démarche à adopter : ils déposèrent une plainte auprès du procureur de la République à Paris pour chantage et extorsion de fonds. Piège fut tendu, en bonne et due forme, à Mandari qui était loin de soupçonner Othman Benjelloun capable d'une réaction aussi prompte. C'est ainsi que le 18 septembre l'homme d'affaires se rendit à l'hôtel de la place Vendôme où l'attendait Mandari et au moment où il remettait à ce dernier les liasses convenues, 15 policiers de la brigade française de recherches et d'investigations financières font irruption et procèdent à l'arrestation de l'escroc après avoir constaté le flagrant délit. Rien n'a filtré sur la nature des documents que Mandari devait remettre à la victime de son chantage. Des assertions ayant couru sur un lien impliquant l'Etat marocain, il s'avère, d'après les explications que nous avons pu obtenir, que ce lien n'est nullement établi et que Othman Benjelloun n'avait même pas informé les autorités marocaines de cette affaire avant d'avoir confié à ses avocats le soin de procéder au piège légal tendu à son maître chanteur.