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De l'édification de l'Etat à l'édification du citoyen
Publié dans La Gazette du Maroc le 16 - 06 - 2003

En marge du discours royal sur la Révolution du Roi et du peuple
Le 20 Août 1953, les autorités du protectorat français ont perpétré un crime impardonnable en s'attaquant au symbole de l'unité de la nation marocaine, feu Mohammed V. Cependant, cette date n'a pas constitué le début du déclenchement de la Révolution du Roi et du peuple, puisque cette révolution avait été entamée bien avant. En effet, le Roi Mohammed V avait bien déclenché une révolution quand il avait refusé la requête des autorités du protectorat de se dissocier de son peuple. Or, depuis les années trente, les responsables du Mouvement national avaient pris conscience du nationalisme profond du Souverain Sidi Mohammed Ben Youssef et pris l'initiative de commémorer chaque année la fête
du Trône. Cette commémoration allait constituer une première gifle assénée au protectorat, avant qu'elle ne soit suivie, ultérieurement, de la publication de
la première version du Manifeste de l'indépendance signée par le parti de l'Istiqlal le 11 Janvier 1944, et de la deuxième version publiée deux jours plus tard et signée par le Mouvement national. Mais ces deux initiatives ont été approuvées par le Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef.
Par conséquent, il faut souligner que le 20 Août était la date de la consécration de la révolution déjà entamée et le couronnement des liens spirituels et politiques qui existaient entre le Roi, symbole de la légitimité, et le peuple avide d'indépendance et de liberté. Donc, c'est cette symbiose entre le Roi et le peuple qui a donné du fil à retordre aux autorités du protectorat qui avaient commencé à réfléchir sur le meilleur moyen de rompre ce lien sacré. Ainsi, elles ont considéré qu'en éloignant physiquement le Roi, elles parviendraient à mettre fin à cette symbiose. Mais, leur plan a produit l'effet inverse, dans ce sens que l'exil du Roi et de la famille royale a accéléré le processus de la lutte
pour l'indépendance et le retour de Mohammed V. Et c'est ainsi que commença une nouvelle ère où le Maroc est entré dans la phase du grand jihad. En effet, la date du 20 Août est désormais liée au grand jihad qui est celui de l'édification et de l'unification de la patrie. C'est cela d'ailleurs le sens du règne de feu Sa Majesté Hassan II qui a inlassablement lutté pour le renforcement des institutions de l'Etat et pour le parachèvement de l'intégrité territoriale notamment, par le biais de la glorieuse Marche verte qui a témoigné de son génie. Ainsi, feu Sa Majesté Hassan II a su mener le Maroc à bon port malgré les turbulences internationales qui ont mis fin à de nombreux régimes politiques.
Ainsi, si la révolution du Roi et du peuple a signifié sous le règne des deux Rois défunts, l'édification de l'Etat et le parachèvement de l'intégrité territoriale, cette même révolution prend une toute autre dimension sous le règne de Sa Majesté Mohammed puisqu'elle symbolise actuellement l'édification du citoyen marocain. Par conséquent, la nouvelle philosophie de Sa Majesté le
Roi s'articule autour de la devise "de l'édification de l'Etat à l'édification du citoyen". C'est pour cette raison que le Souverain insiste sur la stratégie du développement humain. En effet, l'élément humain constitue la pierre angulaire de tout projet social et Sa Majesté considère, à juste titre, que la formation et l'éducation sont une priorité qui vient juste derrière la question nationale sacrée et que la réussite du nouveau projet social requiert l'implication d'authentiques démocrates modernistes.
Les contours de la Révolution du Roi et du peuple sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI commençaient à se dessiner clairement depuis son accession au Trône, notamment quand il a pris l'initiative de créer la Fondation Mohammed V pour la solidarité pour combattre la pauvreté et instituer une nouvelle culture de la solidarité entre les différentes couches sociales. Donc, l'édification du citoyen à travers la revalorisation de sa culture dépend aussi de l'intérêt porté à ses conditions économiques et sociales. Cet intérêt est illustré par la nouvelle politique de proximité au service du citoyen.
C'est pour cela que la date du 20 Août
revêt des significations renouvelées qui consacrent tout le processus allant de l'indépendance à l'édification de l'Etat et débouchant, inexorablement, sur l'édification du citoyen.


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