Entretien avec Bruno Alexandre Pons, administrateur d'Euro marché Un nouveau groupe a investi le secteur de la grande distribution, alors que les enseignes déjà présentes affichent d'ambitieux plans de développement. C'est sous le nom d'Euro marché que la Compagnie suisso-marocaine de distribution commercialisera ses produits. Le directeur de cette nouvelle structure compte effectuer une entrée progressive, tout en promettant des nouveautés. La Gazette du Maroc : qui est Euro marché ? Bruno Alexandre Pons : nous sommes une société anonyme de droit marocain, c'est la Compagnie suisso-marocaine de distribution, constituée essentiellement d'actionnaires marocains et français. Et nous utilisons l'enseigne Euro marché pour commercialiser nos produits au Maroc. Euro marché est une marque qui existait en Europe et qui a été rachetée par Carrefour, avez-vous un lien aujourd'hui avec Euro marché ? Absolument pas. Euro marché est une enseigne que notre groupe possède au Maroc. Pourquoi avez-vous choisi d'investir au Maroc au moment où un certain nombre d'enseignes internationales, notamment françaises s'y trouvent déjà ? Nous ne faisons pas exactement le même métier qu'eux et par conséquent il ne s'agit pas d'une concurrence indirecte. Au niveau d'Euro marché, nous conceptualisons notre chaîne de magasins. Lorsque les concurrents auxquels vous faites allusion structurent dans leur chaîne trois magasins, nous avons à peine le temps d'en monter un. Les tailles ne sont donc pas les mêmes et en conséquence nous essayons de nous différencier sur d'autres champs d'action. Aussi, proposons-nous de nouveaux produits qui feront leur entrée au Maroc pour la première fois. Notre domaine d'action se trouve entre l'hypermarché et le magasin de proximité. Nous espérons nous différencier en nous situant en tant qu'hypermarché de ville. Euro marché veut faire de la qualité de service d'une part et de nouveaux concepts tels que la transparence, la sécurité et la climatisation, d'autre part, ses leviers de satisfaction de sa clientèle. Notre chiffre d'affaires devrait provenir de la distribution des produits frais, à hauteur de 50%. Le complément de la gamme, soit les 50% restants, sera composé de produits d'importation. Avec cette stratégie, nous comptons être en phase avec les besoins de la clientèle marocaine, en lui laissant le choix entre les produits importés et les produits locaux. Euro marché n'a pas la prétention d'être plus fort que les autres, mais il ambitionne d'apporter quelque chose de nouveau. Ainsi le dernier mot reviendra au consommateur marocain qui jugera très prochainement de ce qu'Euro marché est en mesure d'apporter. Aujourd'hui votre premier supermarché s'apprête à ouvrir, mais vous affichez l'ambition d'en implanter d'autres à travers le Maroc. Avez-vous déjà élaboré une stratégie quant à ce plan de développement ? Dans le cadre de la première convention d'investissement que nous avons déjà signée avec le Royaume du Maroc, notre objectif est de réaliser un investissement de 200 millions de DH d'ici 2005. Cela se concrétisera notamment par la création d'une chaîne de dix supermarchés, dont cinq sont déjà en chantier. Les travaux ne tarderont pas à être lancés pour deux autres et les trois derniers seront réalisés dans d'autres grandes villes. Nous adoptons une politique de développement à long terme et qui veille à augmenter notre puissance d'investissement par la création d'une plate-forme de distribution avec le groupe international Leader Price qui est notre fournisseur officiel. Cette plate-forme représentera environ 12.000 m2 et nous permettra de distribuer à travers tous nos magasins et nos franchisés au Maroc. De même, nous projetons au final l'implantation de 25 magasins. À combien s'élève l'investissement qui vous a permis de réaliser ce premier magasin ? La mise initiale pour la construction de chaque magasin va jusqu'à 25 millions de DH. Ces derniers seront à chaque fois conceptualisés dans leur intégralité. Nous avons fait le choix de ne pas aménager des locaux existants, mais à chaque fois d'en créer de nouveaux, comme c'est le cas avec ce premier magasin. Je préciserai que le financement est effectué à proportion égale entre les fonds propres et un crédit bancaire classique. Au niveau de notre banque, nous n'avons eu aucune difficulté à vendre notre projet, ce qui nous semble intéressant de signaler. On ne saurait terminer sans s'intéresser à votre business plan. À combien estimeriez-vous votre chiffre d'affaires pour ce premier exercice ? Je préfère vous donner rendez-vous dans un an. Je vous dirai simplement que notre business plan a été établi sur la base d'une clientèle régulière de 1% de la population environnante à 1 kilomètre à la ronde. En plus de cela, nous comptons sur l'achalandage autour du supermarché. En somme, nous partons sur l'estimation d'une fréquentation journalière de 2.000 acheteurs et d'un ticket moyen de 100 dirhams. Je vous laisse le soin de faire le reste des calculs.