Délégation économique suisse au Maroc La Confédération helvétique s'applique à se conduire en partenaire attentif du Maroc tant au plan bilatéral que multilatéral dans le cadre du PEM (partenariat euroméditerranéen) que de l'AELE (Association économique de libre-échange) auquel est lié le Royaume depuis le 19 juin 1997. L'arrivée en force d'une importante délégation économique mixte témoigne de la volonté de redynamiser et de renforcer les relations partenariales. C'est vrai que la dernière visite du genre remonte à plus de six années mais la continuité dans la coopération entre la Suisse et le Maroc n'a jamais cessé de se poursuivre, même si elle demeure encore dans des proportions relativement “modestes”. Il faut rappeler que le décor réglementaire a été planté dès le 17 décembre 1985 au moment de la signature de l'accord de promotion et de protection réciproque des investissements, une convention qui a tout de même attendu six années pour son entrée en vigueur en avril 1991. Ce cadre bilatéral a été renforcé par la conclusion d'un autre accord relatif à la non-double imposition, tardivement entré en vigueur lui aussi, le 27 juillet 1995. Enfin, au plan multilatéral, le Maroc et la Suisse sont liés à travers l'AELE entrée en application début décembre 1999, parallèlement à l'accord d'association avec l'Union européenne. 260 millions d'euros d'investissements directs La délégation helvétique conduite par Joseph Deiss, Conseiller fédéral et chef du Département fédéral de l'Economie (ministre de l'économie) comprenait des délégués d'Economie suisse (Fédération des entreprises), l'équivalent de la CGEM marocaine comme aime à le souligner le ministre hôte. Au total, une vingtaine de responsables politiques, industriels et hommes d'affaires des secteurs public et privé ont eu plusieurs rencontres avec des officiels et opérateurs marocains les 12 et 13 mai derniers. Au menu chargé de nos hôtes, des entretiens avec le Premier ministre Driss Jettou, les ministres des Finances et de la Privatisation, des Affaires économiques et générales et de la mise à niveau, du Commerce extérieur et celui de l'Industrie, du commerce et des télécommunications. En outre, la délégation suisse a eu des entrevues avec la CGEM. J. Deiss a qualifié ces entretiens de “très positifs augurant d'un développement encourageant et prometteur”, lors du point de presse du mardi 13 mai dernier clôturant sa visite dans le Royaume. Livrant son sentiment général sur les buts assignés à cette mission, le ministre de l'économie helvétique a souligné que “cette visite a pour objectif de renforcer les liens bilatéraux avec le Maroc au niveau gouvernemental comme au niveau du secteur privé. Elle s'inscrit également dans le cadre des efforts actuels de rapprochement de la Suisse avec les pays du bassin méditerranéen”. Sous ce dernier angle, le Conseiller fédéral a réaffirmé la ferme détermination de son pays “en renforçant ses liens avec le Maroc, de promouvoir un partenariat euroméditerranéen effectif et équilibré” s'inscrivant dans une vision de prospérité partagée entre le nord et le sud du bassin. Au chapitre du commerce extérieur, ce qu'il faut relever, c'est la tendance progressive constante du comportement des importations helvétiques du Maroc en dépit d'une relative stagnation du poste des exportations. En effet, les exportations vers le Maroc ont “végété” aux alentours de 140 millions de francs suisses (près de 210 millions d'euros) entre 1990 et 2002 avec une baisse de 8,3% par rapport à 2001. En revanche les importations ont suivi une courbe ascendante favorable au Royaume passant de 25,8 millions en 1990 à 82,8 millions de francs suisses en 2002 et un accroissement de 28,8% par rapport à 2001. Même si le solde de la balance des paiements est toujours excédentaire (+58%) en faveur du partenaire européen. S'agissant des investissements, les IED suisses au Maroc ont plafonné à 260 millions d'euros (environ 400 millions de francs suisses), un chiffre méritant d'être tiré vers le haut étant donné les potentiels d'opportunités susceptibles d'être exploités entre les deux marchés. Ce qui a fait dire à Joseph Deiss : “les investissements suisses directs sont modestes mais prometteurs. Tout indique que la tendance ira s'accélérant dans les années à venir”. Signalons que des filiales de 7 multinationales suisses sont implantées dans le Royaume et que des projets similaires sont envisagés. Concernant l'accord avec la CGEM, le Président d'Economie suisse, Li Forster, a précisé que l'entente conclue entre les deux organisations patronales partant du constat que les hommes d'affaires des deux pays étaient souvent mal informés, a mis l'accent sur la nécessité de développer les flux réciproques d'informations économiques et de multiplier les échanges de visites alternées de délégations d'opérateurs et d'hommes d'affaires. Le ministre Abderrazak Mossadeq a ajouté que cet accord vise également le développement de l'implantation d'industries hors agriculture et de contribuer au financement et à l'assistance technique de la mise à niveau des PME/PMI. Un créneau où la Suisse contribue financièrement en privilégiant la formule du capital-risque. La délégation hôte a montré, par ailleurs, son vif intérêt pour l'expérience pilote du CMPP (Centre marocain de production propre). Un projet qui tient à cœur aux partenaires helvétiques qui encouragent les entreprises, dans leur processus de mise à niveau, à intégrer la variable environnementale et de produire “propre”. Ce qui facilitera la tâche à nos “avocats” européens d'aider les entreprises marocaines à accéder aux marchés extérieurs devenus de plus en plus exigeants. Enfin, signalons que l'un des faits marquants de la visite de la délégation économique helvétique a été l'inauguration de la nouvelle usine Roche au Technopole de l'aéroport Mohammed V, un dernier né du high tech dont nos hôtes tirent une légitime fierté.