Société civile Près de 200 personnes ont assisté mardi 29 avril dernier aux premières assises du collectif “Démocratie et Modernité”, qui se sont tenues au complexe culturel d'Anfa à Casablanca. Au cours de ces assises, le collectif a exposé ses objectifs, sa structure organisationnelle ainsi que le plan d'action qu'il compte mettre en oeuvre. Huit commissions sectorielles ont été formées et devaient se réunir afin de finaliser, entre autres, le projet de charte du collectif. Saïd Saâdi, l'ex-ministre sous le premier gouvernement d'alternance et l'un des membres fondateurs du collectif, nous éclaire un peu plus sur le collectif “Démocratie et Modernité”. La Gazette du Maroc : pourquoi ce collectif «Démocratie et Modernité» et pourquoi maintenant ? Pensez-vous vraiment que ces deux valeurs dont le collectif porte le nom sont plus menacées aujourd'hui que par le passé ? Saïd Saâdi : il s'agit pour nous de conforter des choix de société pour lesquels nous militons depuis longtemps. Il y a aussi la prise de conscience que les acquis enregistrés par le Maroc en matière de démocratie ne sont pas irréversibles. Il est donc nécessaire de rester vigilant et de se mobiliser, surtout que certaines dérives sécuritaires ou à tendance totalitaire commencent à se manifester sur la scène publique. Quels sont les grands axes du plan d'action que vous envisagez de mettre en œuvre pour atteindre les objectifs que vous vous êtes fixés ? Il s'agit essentiellement d'actions de sensibilisation et de veille démocratique ciblant les partenaires tels que les ONG, les partis politiques, les pouvoirs publics, les médias… L'objectif principal étant de contribuer à la défense et à la diffusion des valeurs de liberté, de citoyenneté, d'égalité, de solidarité et de responsabilité. En principe, ce sont les partis politiques qui devraient remplir le rôle que vous vous êtes attribués. Comment expliquez-vous l'incapacité des formations politiques à se positionner comme rempart contre les «dérives» que vous condamnez ? Rien ne dit que les partis sont les seuls habilités à défendre ces valeurs. Combien même ils voudraient s'accaparer cette fonction, ils ne pourraient pas s'en acquitter convenablement du fait de la mutation qu'ils connaissent actuellement (problèmes internes, émergence de nouveaux acteurs…). De ce fait, la construction d'un large mouvement social s'impose de lui-même. Ce front uni autour des valeurs de démocratie et de modernité devrait contenir différentes sensibilités politiques, associatives, syndicales en plus de personnalités indépendantes. Lors des premières assises du collectif qui se sont tenues mardi dernier, on a remarqué une très faible présence féminine. Comment l'expliquez-vous ? Je ne crois pas que la présence féminine était très faible. Je dirais même que qualitativement, on a relevé la présence de femmes très actives sur la scène publique. Aussi bien le manifeste que la charte du collectif semblent volontairement maintenir une certaine ambiguïté autour de la problématique religieuse. Pouvez-vous préciser la position du collectif à ce sujet ? Il est exagéré de parler d'ambiguïté du collectif à ce sujet. L'accent est au contraire mis sur notre attachement à l'identité marocaine dans sa richesse et sa diversité. Par contre, le collectif entend se mobiliser contre toute instrumentalisation politique de la religion. Certains reprochent aux membres fondateurs du collectif une certaine obsession «anti-islamiste». Qu'y répondez-vous ? Il n'y a pas d'obsession d'aucune sorte. Par contre, nous voulons protéger notre pays contre toute dérive sécuritaire ou anti-démocratique. A ce sujet, je vous rappelle que la première action menée par le collectif s'est faite en faveur des jeunes hardrockers emprisonnés et condamnés injustement. Cette action s'est d'ailleurs soldée par la libération de ces jeunes.