L'USFP d'Abderrahman Youssoufi et le PPS d'Ismaïl Alaoui se disent convaincus d'une “concertation aux niveaux local et national”. On avance donc, résolument mais à petits pas. Dans les tendances plus radicales de la gauche, on discute de la possibilité d'un Rassemblement de la gauche démocratique (RGD). Mais sept péchés originels existent d'ores et déjà. Deux événements, une même tendance. Dans les rangs de la gauche, le temps est aux hymnes de l'union. La routine ? Il y a certes du déjà vu. Mais certains éléments n'en restent pas moins nouveaux. Il y a eu d'abord le communiqué conjoint de l'Union socialiste et du Parti du Progrès. Les bureaux politiques des partis d'Abderrahman Youssoufi et celui d'Ismaïl Alaoui ont tenu, le week-end dernier, une réunion de coordination. A l'issue de cette rencontre, un communiqué a réaffirmé “l'importance de l'action unitaire entre les deux partis”. Que ce soit “au sein de la Koutla” ou en “coordination avec les autres partis de la majorité gouvernementale”. Y ont été également soulevées, on s'en doute, les “prochaines échéances”. Cette fois, en termes plus nuancés. “Les deux alliés se sont mis d'accord – note le communiqué – pour se concerter aux niveaux local et national sur les décisions prises par les directions des deux partis”. Ce n'est certainement pas encore le beau fixe pour des candidatures communes. On note, néanmoins, beaucoup plus de précisions quant à la nature des démarches à venir. “Progressivement, mais résolument”, laisse-t-on entendre des deux côtés. Raison d'espérer En fait, ledit communiqué est en lui-même un facteur politique. Il y a moins de deux mois, Ismaïl Alaoui, avait lancé un appel. C'était au cours d'une rencontre avec la presse. Le secrétaire général du PPS y avait révélé que son parti, “avait demandé à Abderrahman Youssoufi de jouer le rôle fédérateur de toute la gauche”. Entre-temps, Abderrahman Youssoufi avait, lors du dernier Congrès de l'Istiqlal, invité la Koutla à faire “son autocritique”. Si l'allié de toujours, et pas toujours fidèle, Abbas El Fassi, a jusque-là fait la sourde oreille, à gauche la lettre a trouvé adresse. Et pour cause, Abderrahman Youssoufi et Ismaïl Alaoui font tous les deux parties de la Koutla. Leurs partis siègent parmi la majorité gouvernementale. Surtout, ils sont de gauche. Il se peut à cet égard que d'autres organisations et partis de tendance social-démocratique et autres associations viennent se joindre au duo. Certaines formations de gauche, radicales essentiellement, s'inscriront par contre en faux contre un projet qu'elles taxent du peu flatteur qualificatif de néo-libéral. Affirmation idéologique de leur radicalité, le Rassemblement de gauche démocratique est, selon la presse, sur le point de voir le jour. Réunissant deux partis en rupture de ban avec le légalisme parlementaire, le parti de l'Avant-garde socialiste (PAGS), d'Ahmed Bendjelloun et Annahj Addimocrati d'Abdellah Harrif, le RGD compte regrouper les militants et militantes en provenance des composantes de trois autres formations qui constituent depuis plus d'un an la gauche socialiste unifiée (GSU) dont le président n'est autre que Mohamed Bensaïd Aït Idder. Sont partie prenante aussi “Fidélité à la démocratie”, dirigée par Mohamed Sassi et le Congrès national (CNI) de Abdelmajid. Bouzoubaâ. La démarche, à mi-chemin entre un travail de coordination et une fusion accomplie, a débuté depuis un an et demi. En catimini ! Réflexe irrépressible tenant aux années de clandestinité ? Quoi qu'il en soit, les réunions et autres tables rondes tenues pour la plupart dans les locaux de “Fidélité pour la démocratie” ont déjà élaboré le statut interne du RGD. Une plate-forme qui tient lieu de “manifeste” fondateur circule déjà. Les efforts en vue de dégager des idées consensuelles n'en butent pas moins sur plusieurs divergences. Et pas des moindres. Les 7 péchés originels En fait, ni profession de foi, ni esprit sincèrement “camarade” ne peuvent passer sous silence sept grandes différences entre les cinq formations de ce que sera le RGD. D'abord, la Monarchie : si le CNI de A. Bouzoubaâ revendique une Monarchie constitutionnelle, à l'instar de la Koutla, la GSU de Bensaïd va plus loin encore : la Monarchie parlementaire. Quant à Annahj, l'héritier d'Ila Al Amam, il ne cache pas sa “sensibilité républicaine”. Deuxième pomme de discorde : le Sahara. Les amis de Harrif campent sur leur position idéologico-dissidente d'autodétermination alors que les autres formations défendent plutôt la souveraineté marocaine. Certains sont plus intraitables que d'autres. Le syndicalisme, la relation avec la Koutla, la participation aux élections, la structure du RGD et enfin le référentiel idéologique sont autant de points de divergence. Soit tout ce qui fait la politique actuellement au Maroc. En d'autres termes, aussi hypothétique soit-il, le RGD relève plutôt de la bonne foi que de la bonne politique. On ne le voit que trop, ce n'est pas l'idéal qui est très loin mais c'est, on ne peut plus, la réalité !