Le Pr Abdelhadi Boutaleb, académicien “Je comprends bien le souci du ministre français de l'Intérieur Nicolas Sarkozy de veiller à l'application de la loi de la République à toute la population de France. Je comprends bien d'autant plus que toutes les constitutions du monde affirment le principe de l'égalité des nationaux devant la loi. Je le comprends aussi parce que l'unicité est un principe constitutionnel qui procède de l'unicité de la souveraineté nationale. Une souveraineté nationale unique implique une loi unique. Ceci dit, il me semble que le moment choisi par le ministre d'entrer en rapport avec le Maroc pour procéder à de nouvelles négociations sur les dispositions du “statut personnel” marocain est pour le moins inopportun, pour la simple raison que S.M. Mohammed VI a constitué une Commission royale et l'a chargée de revoir les textes du statut personnel et de lui proposer des amendements. On s'attend à ce que ces amendements touchent les domaines de la polygamie et de la répudiation. Pour cette raison, je pense qu'il est plus sage d'attendre la fin des travaux de ladite commission, de connaître les amendements nouveaux pour entrer par la suite s'il s'avère nécessaire, en contact avec le Maroc pour procéder à la révision de certaines dispositions de la convention liant le Maroc à la France sur le plan du statut personnel. En attendant, et afin d'éclairer l'opinion de Nicolas Sarkozy sur les deux problèmes, je dois dire aussi bien que la répudition et la polygamie ne sont pas des obligations (Ouajib) religieuses et entrent dans le domaine des permissions (Roukhsa). Elles revêtent un caractère de tolérance. Seul le juge peut les autoriser dans des cas rarissimes. La monogamie étant la règle. La polygamie en est l'exception”.