le festival-événement dont tout le monde a parlé pendant dix jours a fini en apothéose musicale, malgré une soirée de clôture endeuillée. Bousculade mortelle C'est samedi soir vers 0h15, que les premières sirènes d'ambulances ont commencé à hurler dans Rabat. Ce soir de clôture, plus de 70.000 spectateurs s'étaient donné rendez-vous pour assister au concert d'Abdelaziz Stati au stade Hay Nahda. Initialement prévu place Moulay Hassan, le spectacle avait été déplacé au dernier moment vers ce stade, en raison de la trop grande affluence. Aux alentours de minuit, il semble que la foule se soit trouvée bloquée pour sortir de l'enceinte du stade, les gens se retrouvant écrasés contre les barrières. Dans cette bousculade, onze personnes - cinq femmes, quatre hommes et deux enfants - ont ainsi trouvé la mort, et plus d'une trentaine ont été blessées, selon des déclarations de la police. D'après le témoignage du directeur de l'hôpital Ibn Sina, les morts ont bien été causées par «l'asphyxie provoquée par la bousculade». Une enquête a été ouverte, mais beaucoup de témoins pointent du doigt une organisation défaillante. Une fête des sons Un effroyable accident qui vient ternir le bilan d'un festival qui n'en demeure pas moins une grande réussite artistique. Le cru Mawazine 2009 fut encore meilleur cette année, plein de belles surprises. Les spectateurs sont venus en nombre et la programmation était de haute volée. Vendredi 15 mai, tout a commencé par une soirée d'ouverture assez inattendue sur la très belle scène du Bouregreg, où le compositeur de musiques de film Ennio Morricone se produisait pour la première fois en plein air, accompagné d'un orchestre philharmonique et de 90 choristes. La musique arabe en fête S'il est un souvenir qui restera gravé dans toutes les têtes, c'est celui du concert de la star irakienne Kadhem Saher, qui a rassemblé plus de 50 000 spectateurs dans un stade plein à craquer et face à un carré VIP rempli de ministres. Scènes Qamra et Moulay Hassan, les deux grands noms du chaâbi, Daoudi et Daoudia, mais aussi Khaled et la grande Warda ont raflé la vedette en termes d'affluence. 60 000 personnes s'étaient déplacées pour écouter le roi du raï, vêtu des drapeaux algérien et marocain, qui a électrisé une assistance survoltée. Le meilleur de la world music Mawazine «Rythmes du monde» n'a pas galvaudé son titre. Amadou et Mariam se sont produits à Bouregreg devant un public curieux qui a repris en chœur le refrain de «Ce n'est pas bon», qui dénonce la corruption. Deux jours plus tard, les rythmes cubains d'Eliades Ochoa, du groupe Buena Vista Social Club, ont attiré un public nombreux. Salle comble également pour la très attendue création musicale mêlant jazz et musique arabe, dirigée par le célèbre guitariste américain Ali Meola et le maître du oud, Saïd Chraïbi. Rabat à l'heure américaine Enfin, la 8e édition de Mawazine a prouvé que le Maroc était désormais en mesure d'accueillir des stars d'envergure internationale. La soirée d'ouverture du vendredi 15 a fini sur un véritable show à l'américaine de la Queen of the Pop, Kylie Minogue. Une semaine plus tard, même heure, même endroit, Alicia Keys a irradié la scène de son sourire et de sa générosité, tant à l'égard du public que de ses musiciens. Le lendemain, Stevee Wonder, le roi de la soul, a clos cette semaine de fête par un concert qui n'a pas déçu les attentes d'un public qui reprenait en chœur les tubes du grand maître. Un petit festival qui continue donc de grandir, artistiquement parlant du moins. Car sur le plan sécuritaire, on ne peut qu'exhorter les organisateurs à prendre davantage en considération la sécurité des personnes, afin qu'un drame comme celui du 23 mai 2009 ne se reproduise plus. ■