C'est tous les jours que des spots d'éducation civique sont diffusés. Ils touchent différents sujets concernant la vie quotidienne. Cependant, certains sont parfois déroutants. On recommande d'adhérer à des partis politiques pour prendre part aux décisions concernant le présent et l'avenir du pays. Le lendemain, un spot met en scène deux amis dont l'un est anxieux pour son avenir à cause de la crise mondiale. Le second le rappelle fermement à l'ordre lui précisant que des responsables qualifiés s'occupent de la crise et que son champ d'action est moins stressant. C'est une conception particulière de la démocratie qui préconise de mettre un bulletin dans l'urne et de laisser aux hauts responsables la tâche de traiter le reste. En somme, l'essentiel n'est pas à la portée de l'électeur. C'est un curieux point de vue sur la démocratie. L'urne transparente est devenue une conquête suffisante et définitive. L'électeur vote et l'ordinateur commente. Ce n'est pas comme dans un pays voisin et néanmoins frère où les électeurs avaient à glisser leur bulletin dans une urne en bois, parce que la transparence revient chère, assure-t-on. On peut dire que dans ces conditions le vote est réellement secret et bon marché. Quelle ne fut la surprise de l'électeur, à l'annonce des résultats. Leur Président est de nouveau président. Et président à vie grâce à la médecine comme le veut le progrès. La présidence à vie est une tendance qui s'affirme dans de nombreux pays en voie de développement y compris en Europe de l'Est et au-delà, alors que les paradis fiscaux sont en passe de devenir un enfer, et que Bernard Madoff est embastillé. Il se profile même des présidences dynastiques. Ce n'est plus seulement un homme qui se propose jusqu'à la fin de sa vie de mener son pays à bon port mais des membres de la famille sont préparés pour reprendre le flambeau. Il serait peut-être plus commode et économique d'envisager des mandats renouvelables par tacite reconduction, en prenant soin, bien entendu, d'inviter les électeurs au silence. Cela représente un danger cependant, car on donne la parole à la rue, comme cela s'est vu. La rue c'est l'opinion publique qui manifeste quand elle est écoutée sans être entendue. Dans beaucoup de pays, le 1er mai prochain sera une occasion pour faire connaître des revendications diverses. Il n'en demeure pas moins que dans les pays en développement, les manifestations de rue restent une entreprise hasardeuse. Il est évident que les manifestations spontanées sont par définition incontrôlables. Cela ne veut pas dire que seules sont réussies les manifestations organisées officiellement, parce qu'elles concernent des évènements externes. Dans un pays démocratique et organisé, les manifestations, à l'instar de la presse, sont conçues pour compléter l'information des gouvernements, car, d'une manière générale les services spécialisés ont un point de vue spécifique. Par ailleurs on sait que la représentation des électeurs est souvent débordée par un ordre du jour surchargé. C'est avec le temps que s'installe une culture de la manifestation ordonnée et pacifique, pour alerter les gouvernements sur des questions sociales, notamment. Au Maroc les organisations syndicales font la preuve que des défilés peuvent être organisés chaque année, pacifiquement grâce à leurs propres services d'ordre qui éloignent à chaque fois les provocateurs. Pourtant, la fête du travail aura cette année un caractère particulier. Pour des millions d'anciens travailleurs à travers le monde le 1er mai sera un jour du souvenir.