Le groupe bancaire d'Othmane Benjelloun réalise de très belles performances par l'évolution de son bilan, par la hausse de son produit net bancaire ou bien du résultat global du groupe. Néanmoins, on sent que le vent de la crise a soufflé sur le Maroc et plus encore sur Londres, ce qui a réduit légèrement le résultat net part du groupe. La turbulence n'est que passagère, rassure-t-on. 2008 représente d'abord une année de consolidation des acquis de la banque, notamment à l'international. Ce n'est rien moins que la confirmation de ce qu'Othman Benjelloun, citant son proche lieutenant, Brahim Benjelloun-Touimi, a appelé «la multi-nationalité naissante de la banque». Car l'année 2008 a été celle du début des activités de Médicapital Bank, le seul établissement marocain ayant une licence bancaire dans la fameuse capitale de la finance mondiale, Londres. L'exercice qui vient d'être clôturé est également celui qui verra pour la première fois l'intégration globale de Bank Of Africa, dont la BMCE Bank est devenue le plus important actionnaire à hauteur de 42,5% devant ses fondateurs. En Afrique, zone pour le moment moins touchée par les turpitudes de la finance mondiale, les filiales se portent comme un charme. En effet, l'activité Afrique en dehors du Maroc, a contribué à hauteur de 137 millions de dirhams dans le résultat net part du groupe qui se monte, quant à lui, à 830 millions de dirhams. Il est important de noter qu'en 2007, cette contribution n'avait pas dépassé 27 millions de dirhams. En Europe, après le regroupement des activités au sein de Medi Capital Bank et du fait de la crise, on imagine bien une année 2008 pas très bonne. L'activité Europe enregistre un déficit de 112 millions de dirhams, après les 162 perdus une année auparavant. Il faut dire que la crise n'a pas favorisé l'extension de l'activité, et la baisse de la livre sterling de l'ordre de 30% n'a pas avantagé non plus cette première année d'exploitation. Pourtant, nul ne s'inquiète sur l'avenir de Medi Capital, au contraire. L'ensemble des analystes et des journalistes spécialisés savent que c'est peut-être l'un des plus beaux investissements du groupe. A l'avenir, Medi Capital Bank devrait drainer une part importante du bénéfice. «Dès 2009, nous atteindrons le break-even, c'est-à-dire le seuil de rentabilité», rassure Jelloul Ayed, directeur général de la banque et chef d'orchestre de cette internationalisation. En réalité, Medi Capital Bank commence déjà à être une référence dans la finance africaine, en canalisant beaucoup d'activité en provenance du continent. Elle compte avoir des représentations aux quatre coins du continent : en Afrique de l'Ouest Francophone et non-francophone, en Afrique centrale, en Afrique Australe y compris Madagascar et en Afrique de l'Est. Ce quadrillage fera de cette banque la référence sur le continent africain, ce que la chaîne financière Bloomberg a compris en l'associant à une analyse bimensuelle sur l'Afrique. Enfin, le résultat de la BMCE Bank a aussi souffert de la conjoncture boursière du fait de ses actions détenues en propre dans le cadre de son programme de rachat, mais également d'autres titres cotés. Finalement, ce sont 235 millions de dirhams de provisions pour dépréciation qui ont été constatés. Cette moins-value latente a fait que la contribution de la BMCE bank Maroc dans le résultat net part du groupe, n'a été que de 596 millions de dirhams contre 737 une année auparavant. Mais au Maroc également, le groupe continue d'assurer sa croissance très sereinement. Après avoir ouvert une centaine de nouvelles agences en 2008, la BMCE s'apprête à reproduire l'exploit. Bien entendu, quand on enregistre une croissance aussi forte de son périmètre de consolidation, à moins d'avoir acquis des canards boiteux, cela se ressent positivement sur les performances globales du groupe. Et effectivement, le PNB consolidé de la BMCE bank a connu une croissance de 41% à près de 6 milliards de dirhams. Et le résultat du groupe BMCE Bank aussi a fait un bond de 46% à 1.4 milliards de dirhams. Cependant, le résultat net part du groupe a connu une contreperformance de 2.6% pour se situer à 830 millions de dirhams. La raison de cette légère baisse, c'est qu'une bonne partie de la croissance profite aux minoritaires dans les filiales du groupe. Et que certaines filiales détenues entièrement par le groupe, ont connu un recul de leur résultat ou même une perte. ■