Abdelaziz Marrakchi a encore une fois refusé de rencontrer son paternel. Réaction d'un homme otage des autres. Un chef rompu aux chimères certes, mais aussi un fils qui a sûrement honte. L'écrivain américain, Henri Louis Mencken, aimait dire que «L'hérédité, c'est ce à quoi croit un homme jusqu'à ce que son fils devienne un délinquant». Ou un séparatiste. Monsieur Khelili Mohamed Salem Rguibi, père de Hmatou ouled Khelili Mohamed Salem Rguibi alias Mohamed Abdelaziz, chef du mouvement séparatiste, en a fait l'expérience. A son grand dam. Le chef du Front Polisario a refusé pour la énième fois de rencontrer son père agé de 90 ans et qui ne l'a pas vu depuis plus de trois décennies», selon l'association du Sahara marocain. Ladite association avait déjà établi le contact avec «Abdelaziz à travers un membre du secrétariat national du Front Polisario et l'avoir informé du caractère purement humanitaire de l'initiative». Rien n'y fait. Le père voulait traverser toutes les frontières, remplir toutes les formalités, y compris européennes, juste pour dire : «mon fils, je t'aime». Ce dernier, lui, cache sa tête dans le sable. Au propre et au figuré. Il décline un sentiment naturel, élémentaire, mon cher lecteur. Il «n'est pas disposé à rencontrer son père». Disposé, dites-vous ? En fait, Abdelaziz doit avoir quelque chose à cacher. Une grande bêtise à occulter. C'est d'ailleurs connu : on a peur de rencontrer son père chaque fois qu'on craint d'être fouetté. Moralement surtout. Fuir son père c'est fuir son pays. Et vice versa ! Et la traversée du désert de notre Abdelaziz prodigue, ne date pas d'hier. Elle a commencé avec sa désertion de la maison familiale, il y a trois décennies. Le temps que dure effectivement la lutte contre la patrie. Et donc contre le père. Celui-là même qui croyait qu'on élevait son fils que dans l'amour de la patrie. Peut-être que l'on a tort de penser de la sorte, car l'enfant est libre de dire non à son père. La vérité est qu'il est enchaîné, otage des autres. Le père insiste-il par instinct ? Forcément. Intuitivement, il sent les chaînes et les boulets résonner. C'est aussi un bédouin du Sahara. Il a le flair des odeurs perfides de l'esclavagisme presque consentant ! Il ne désespère pas; par instinct paternel. Il présume encore que les prisonniers de guerre lasse, disent souvent non aux visiteurs, par crainte ou par lâcheté Une scénette pour clore cette tragédie gréco-algérienne : «Papa, je veux être orphelin – Moi vivant, jamais!», écrivait dans son Carnet de notes Patrick Sébastien. Comme doit l'éprouver seigneur Khelili Mohamed Salem Rguibi.