Désormais il n'y a plus que les petits pays qui cherchent à émerger. Le G7, en passe de devenir en avril prochain le G20 s'agite aussi pour se sortir de la crise. Cette situation originale est due au libéralisme économique mondialisé qui se révèle dans toute sa nudité. Les tenants de ce libéralisme décrètent: «Le libéralisme est nu, vive le libéralisme». Les économistes noircissent des pages entières et discutent durant des heures pour conclure qu'ils n'y comprennent goutte. Ils ne sont d'accord que sur un point, c'est une crise du système. Manière de jeter un voile pudique sur la mondialisation. Mais les grands de ce monde, en pères la pudeur ont conclu qu'il est vital de moraliser le système. Cette association de la morale et du profit a secoué la terre et le ciel d'un rire sardonique. Ce ne sont que volcans qui se réveillent, fleuves qui quittent leur lit, pluies diluviennes. On dit même que le bracelet électronique de Bernard Madoff s'est détaché en se tordant. Il est malgré tout intéressant de savoir en quoi consiste cette morale, telle qu'elle est expliquée aux profanes qui sont le plus grand nombre. Les dirigeants du monde affirment que les banques ne se prêtent plus entre elles par manque de confiance, parce qu'elles ont préféré spéculer et pas toujours avec profits en raison de la commercialisation de produits toxiques. Devenues des usines chimiques, ceux qui savent n'y entrent que masqués. Des milliards ont été versés sur toutes les institutions financières pour que revienne la confiance. Les Etats solvables empruntent aux pays qui disposent de fonds souverains. C'est pour cela qu'on verra un turban au prochain G20. Les banquiers, après avoir reçu cette manne, même sous forme de prêt ou de garantie se sont empressés de s'octroyer des bonus mirifiques. Les pouvoirs politiques se fâchent car l'économie libérale mondialisée est toujours sans voile. Il faut donc moraliser. Les banquiers sont invités à renoncer à leurs bonus et même à réduire leurs salaires. Cela est fait courtoisement, puisque les fonds mis à leur disposition ne sont pas accompagnés par une participation à la direction de ces établissements. Tout interventionnisme aurait une coloration socialiste. Or, il ne s'agit pas d'enterrer un libéralisme à bout de souffle mais de lui redonner un nouveau souffle. Il s'agit même, paraît-il, de refonder le capitalisme. Ce sera la tâche du prochain G20. On est d'une ignorance crasse qu'aucune recherche n'a pu corriger, on ne sait ni où ni quand, ni quels pays ont décidé de fonder le capitalisme. Peut-être qu'en avril prochain un appel d'offre sera-t-il lancé. Le dernier G7 de Davos n'y a pas réussi. A Belém aussi les alter mondialistes n'ont pas jeté les fondations d'un «autre monde est possible», ni trouvé les moyens d'y parvenir. Alors les sociétés continuent sur leur chemin du consumérisme. En se serrant la ceinture. En espérant que bientôt le capital se remettra d'aplomb. Tout cela devient dérisoire lorsqu'on apprend que le poète Mostafa El kasri s'en est allé rejoindre Kamel Zebdi et Saïd Saddiki. Bien que happé par l'Administration, il était resté poète. Chantre de la beauté, Mostafa El kasri la recherchait aussi dans ses traductions de Charles Baudelaire à Alexis Léger. Il faisait tâche dans un environnement de noirceur grâce à sa bonté et sa générosité.