Saâd Alami, ministre chargé des relations avec le parlement Dialoguer avec Saâd Alami est un réel plaisir. Cet homme affable et courtois a cumulé des expériences inédites tout au long de son parcours. Mais le poste de ministre qu'il occupe aujourd'hui ne lui fait pas oublier les longues années qu'il a passées en tant que militant de base du parti de l'Istiqlal avant d'être élu membre du comité exécutif. Saâd Alami était aussi un député assidu puisqu'il a représenté sa région natale, Chefchaouen en l'occurrence, pendant trois législatures à partir de 1977. Mais, sa fierté est d'être un proche de feu Allal El Fassi, puisqu'il a dirigé son secrétariat particulier de 1969 à 1974, date du décès du père spirituel de tous les Istiqlaliens. Et avant tout, Sâad Alami est un journaliste, lauréat de l'Institut de journalisme du Caire en 1969 et ex-directeur de publication de la revue Al Hadaf (l'objectif) qui a connu, durant les années soixante-dix, des déboires énormes avec les autorités avant d'être contrainte à la disparition. Le parcours sans faute de cet homme l'autorise aujourd'hui à regarder en face tous les problèmes qui se posent au niveau de l'action parlementaire. Un regard profond qu'il a accepté de nous faire partager. Saâd Alami demeure, malgré tout, confiant et optimiste quant à l'avenir de l'action parlementaire et des relations entre les pouvoirs exécutif et législatif. A cet effet, il a tenu à rappeler le message fort qu'a véhiculé le discours de présentation du programme gouvernemental, notamment l'engagement du Premier ministre d'assister en personne pour répondre aux questions des députés et de raffermir la vertu du dialogue entre les ministres et les représentants de la Nation. Vue sous cet angle, l'action parlementaire et son développement sont un souci permanent du gouvernement, même si c'est une préoccupation primordiale des députés eux-mêmes. Dans ce cadre, Saâd Alami estime que la réhabilitation du parlement et de son rôle constitue un autre défi, d'autant plus que cette institution est issue d'élections libres et transparentes. Aussi, les députés sont-ils tenus de relever les défis et d'assumer leurs responsabilités dans la production législative, dans le contrôle de l'action gouvernementale et le développement de la diplomatie parlementaire. Les députés se doivent également de multiplier les contacts avec le Maroc profond comme cela ressort des directives royales. Par conséquent, pour Saâd Alami, l'action parlementaire nécessite plus de rationalisation, de moralisation et d'objectivité dans l'approche pour que les doléances et les intérêts du peuple marocain soient pris en compte et pour que chaque Marocain se retrouve dans le Parlement. Malheureusement, selon le ministre, l'opinion publique constate, lors de la diffusion télévisée des séances des questions orales, quelques éléments négatifs dus à la surenchère, à l'absentéisme et à la banalité des questions posées qui parfois se limitent aux préoccupations des habitants d'une circonscription donnée. En revanche, l'action réelle se déroule à huis-clos au sein des commissions où siègent des compétences sûres. Toutefois, il est nécessaire de hisser les débats lors des séances plénières à un niveau tel qu'ils puissent toucher les vrais problèmes du pays. Dans ce cadre, le ministre, qui fait preuve de beaucoup de souplesse et de disponibilité, a promis d'élargir le plus possible les discussions à toutes les composantes parlementaires. D'ailleurs, ces discussions ont permis de créer une commission chargée de réviser les statuts internes de la première chambre, le président de la deuxième chambre ayant soulevé les lacunes qui entachent le fonctionnement de l'institution reflétant par là même les positions énoncées par Saâd Alami. Et pour mieux illustrer son souci de voir l'action parlementaire prendre plus de sérieux, le ministre suggère une plus grande coordination entre les députés et les conseillers afin d'éviter la répétition des questions. Ceci revient à dire que les partis doivent mieux coordonner les actions de leurs groupes respectifs dans les deux chambres. Saâd Alami se montre malgré tout confiant et espère que son message est bien passé tout en insistant sur le fait que le Parlement doit déployer plus d ‘efforts pour refléter fidèlement les aspirations des Marocains.