Au lendemain des élections législatives du 10 février, le Likoud et Kadima revendiquent tous deux la direction du futur gouvernement. La présidente de Kadima, Tsippi Livni, pourrait bien se voir confier cette mission par le Président de l'Etat Shimon Peres, en dépit des manœuvres d'obstruction de la droite israélienne. Les résultats définitifs des élections israéliennes du 10 février ont été connus deux jours plus tard, après le dépouillement des suffrages, comptabilisés à part, des militaires et des diplomates. Ces votes n'ont pas modifié les chiffres donnés dès la fermeture des bureaux de vote, contrairement aux espérances nourries par le chef du Likoud Benyamin Netanyahou ou par le dirigeant de la formation russe d'extrême droite Israël Beitenou, Avigdor Lieberman. A la surprise générale, Kadima de Tsippi Livni, avec 28 sièges, devance d'un élu le Likoud cependant qu'Israël Beitenou obtient 15 sièges, soit deux de plus que le Parti travailliste de Ehoud Barak. Le mouvement ultra-orthodoxe séfarade Shass conserve ses 11 sièges, soit le même nombre d'élus que les partis arabes , l'extrême droite ( Ihoud Léoumi et Foyer juif) obtenant 7 sièges contre 3 au Meretz ( extrême gauche) et 5 à Yahadout Hatorah ( ultra-orthodoxes ashkénazes). Le succès personnel obtenu par Tsippi Livni montre que le centre s'est définitivement enraciné dans l'échiquier politique israélien ce qu'avaient échoué à faire les précédentes formations se réclamant de cette tendance, notamment le Shinouï. Les partis arabes ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils se refusaient à apporter un soutien, même critique ou tacite, à la présidente de Kadima. La capacité de Tsippi Livni à former le prochain gouvernement dépend donc essentiellement du ralliement à sa candidature des Travaillistes, du Likoud et du Shass, ce qui lui donnerait une majorité de 79 sièges. C'est à cette condition qu'elle pourra constituer un gouvernement qui soit réellement un gouvernement d'union nationale. Exigences démesurées Reste à savoir si le Likoud et le Shass accepteront d'entrer dans cette « union » dont sera exclu Israël Beitenou. Benyamin Netanyahou pourrait s'y résoudre pour éviter d'avoir lui-même à essuyer un échec. Il sait en effet que ses propres ambitions achoppent sur les exigences démesurées formulées par Avigdor Lieberman – il veut les portefeuilles des Finances et de la Défense ainsi que l'institution d'un mariage civil en Israël. Le Shass, lui, se prêtera à cette manœuvre moyennant l'obtention de subventions pour ses œuvres sociales et scolaires et la marginalisation d'Israël Beitenou. Dans ces conditions, le président de l'Etat Shimon Peres n'a d'autre solution que de confier, le 18 février, à Tsippi Livni le soin de former le prochain gouvernement, à charge pour elle de répartir entre ses différents et ombrageux partenaires les portefeuilles ministériels qu'ils convoitent. Cette solution paraît la plus raisonnable et la plus apte à répondre aux défis imposés aux Israéliens. En effet, les Etats-Unis souhaitent la relance sans tarder du processus de paix israélo-palestinien comme le montrent les efforts déployés en ce sens par le nouvel envoyé spécial américain au Proche-Orient, George Mitchell. Washington verrait d'un mauvais œil l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement droitier en Israël et la crainte d'une crise entre les USA et Israël pourrait conduire les principaux dirigeants israéliens à faire preuve de pragmatisme et à se résoudre à un réalisme acceptable. Même si, pour l'heure, la diplomatie américaine semble avoir décidé qu'il était « urgent d'attendre » puisque la nouvelle Secrétaire d'Etat américaine Hilary Clinton a retardé à la fin mars sa première visite dans la région.