Le 25 décembre 2008, la cantatrice Samira Kadiri a reçu des mains de Hassan Megri, président fondateur du Comité National de la Musique, et Noureddine Chmaou, président de L'Association Bouregreg, le prix Al Farabi. Un inoubliable concert a suivi la cérémonie. Née à Essaouira au sein d'une famille mélomane et soufie, Samira Kadiri a été passionnée dès son jeune âge par la musique et le chant. Fan de Fayrouz, dont elle imite les refrains, elle s'initie au solfège, au piano et à l'harmonie. Puis elle poursuit des études auprès de la soprano Safia Tijani et la mezzo Ilham Oulidi et participe à plusieurs masters classes. Lauréate de l'Institut Supérieur de l'Art Dramatique, au moment où ses collègues choisissent les planches théâtrales, elle fréquente les maîtres de Tétouan et étudie les anciennes techniques des chants arabo-andalou, sépharades en se perfectionnant en Ladino, langue des juifs de l'Andalousie, Las cantigas de l'ancien castillan, sans oublier les morceaux chers aux troubadours. Directrice de la maison de la culture de Tétouan, en chercheuse et conférencière, elle ne cesse de chanter et de questionner le riche répertoire musical méditerranéen dont la source reste l'Andalousie mythique, terre de la symbiose des langues, des religions et des trois cultures. N'a-t-elle pas collaboré avec la pianiste espagnole Carmen Alvarez, le maestro Miguel Angel Hortas et le chef Raoul Lay redonnant vie au personnage de Candela dans «l'amour sorcier» de Manuel de Falla avec Télémanque de Marseille ? Avec son récital « Andaloussia, d'une rive à l'autre», qu'on a pu apprécier à la quatrième édition du festival des Andalousies Atlantiques d'Essaouira, elle nous offre une synthèse des différentes traditions andalouses ayant irradié l'ensemble du bassin méditerranéen. Traditions qu'on retrouve au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Libye, en Espagne, en Grèce, en Turquie, en Syrie, ainsi que dans l'ex-Yougoslavie. Le public, composé d'intellectuels et d'artistes dont Edmond Amran El Maleh, Said Elmaghrebi, Adib Slaoui, Larbi Messari, Nasser Lhouari, Abdeljalil Lahjomri et le sculpteur Sahbi, qui confectionne gracieusement les statuettes Al Farabi, a suivi un spectacle mémorable dans cette belle demeure Slaouie qui abrite le siège de L'Association Bouregreg. Accompagné du Groupe Arabesques, sous la direction du virtuose du violon Nabil Akbib, elle enchanta l'assistance par sa voix, sa maîtrise de ces différents répertoires et sa digne présence sur scène. La récompense Al Farbi vient couronner une riche expérience faite de chants, de recherches et de voyages à travers le monde, pour faire connaître ce riche patrimoine. ■