Si les partis de l'alliance gouvernementale affichent clairement leur choix et leurs ambitions politiques, en soutenant la candidature de Bouteflika pour un troisième mandat, les autres acteurs de la scène politique observent plutôt un mutisme qui en dit long sur l'enjeu et la complexité de cette échéance électorale. La question n'est pas de savoir qui sera le futur président en mai 2009, Bouteflika présidera aux destinées du pays… sauf miracle ( les miracles de ce genre sont plutôt rares).Toutefois, le mystère reste entier sur la stratégie et la politique à mener au lendemain de la prochaine élection. Le président lui- même ne s'est pas du tout gêné en dressant un constat d'échec sur la politique du gouvernement actuel qu'il a pourtant reconduit après la révision de la constitution. N'a-t-il pas déclaré ouvertement devant les assises des élus locaux ( maires) «nous nous sommes trompés». Alors, que peut-on attendre ou espérer de cette alliance qui a montré ses limites et qui, aujourd'hui, demande à Bouteflika d'être son candidat. le 3ème mandat réservera bien des surprises, d'autant que l'actuel locataire d'El Mouradia sait qu'il joue sa dernière carte politique et son destin. La mission du prochain gouvernement ne sera pas de tout repos, et ce, face à un président doté des pleins pouvoirs et aussi devant une situation socioéconomique qui risque de se dégrader davantage …La chute du prix du baril reste l'épée de Damoclès qui menace l'avenir de certains projets inscrits dans le programme 2004-2009. Tous les experts économiques sont convaincus de la nécessité de revoir à la baisse certaines prévisions, et cela, au risque de créer d'autres foyers de tension, notamment chez les jeunes qui n'attendent plus rien de ce gouvernement sous la houlette d'Ouyahya. Certains observateurs politiques se posent d'ailleurs la question sur la reconduction du patron du R.N.D. Car ce dernier, est loin de faire l'unanimité au sein même des proches de Bouteflika. Les mauvaises langues prédisent une mauvaise surprise pour le Premier ministre actuel après les élections, mais là encore, la marge de manœuvre du président sera réduite, car le «dauphin» a ses propres soutiens au niveau des décideurs, autant dire que la lutte pour le pouvoir sera sans merci. Ceux qui ont désigné Ouyahya comme joker, préparent déjà l'après Bouteflika. Les jeux de coulisses On vous l'avait dit que tout allait très vite depuis la révision de la constitution. Sauf que ces derniers jours, la scène politique s'emballe et curieusement, les coulisses et les commérages s'activent pour faire croire à l'opinion publique que rien n'est joué. Un ancien conseiller de l'ex-président Zeroual réplique au Général Benyelles et appelle tous les adversaires de Bouteflika à encourager la candidature de Zéroual, alors que tout le monde sait que l'ex-président vit une paisible retraite dans sa ville natale dans les Aurès. Mais alors, pourquoi n'a-t-on pas demandé l'avis de Zéroual avant de balancer son nom dans l'arène politique…que cache cette suggestion rapportée par les principaux titres de la presse indépendante. La question mérite d'être posée, car la démission de Zéroual a été décidée sur les hauteurs d'Alger, par les véritables tenants du pouvoir. Ces décideurs ont-ils changé d'avis ou veulent-ils simplement envoyer des signaux à l'actuel président candidat à sa propre succession. Les jours à venir, beaucoup de langues vont se délier et l'on s'achemine vers un scénario qui rappelle à bien des égards, le fameux slogan «T.S.B» tout sauf Bouteflika. Qui aurait cru après un silence qui a duré des années, que l'ex-président de la république s'invite au débat de l'heure et fait des révélations aussi importantes que graves. Il fait part de son désaccord sur les dernières retouches apportées à la constitution et pour la première fois, il révèle un secret qui ne plaira certainement pas à Bouteflika. Chadli déclare publiquement aujourd'hui, que Boumédiène gravement malade, l'avait désigné comme successeur. Alors que tout le monde pensait que Abdelaziz Bouteflika, le fidèle compagnon d'Oujda, était le préféré de Boumédiène. Encore une fois, la question se pose : pourquoi cette révélation tardive, sachant que l'ex- président Chadli ne s'est jamais prononcé politiquement sur la situation du pays depuis son départ, après l'interruption du processus électoral de 1992. Le pouvoir reste une affaire de clan qui échappe parfois même à l'armée.n