La première édition de la foire maghrébine aura lieu à Alger. Organisée par la SAFEX, cette manifestation économique, la première du genre, est l'aboutissement de concertations et de négociations qui ont duré plus d'une année avec les membres de l'union du Maghreb arabe . Selon un haut responsable de la SAFEX, l'organisation de cette foire a pour objectif et à court terme, de promouvoir le partenariat des échanges commerciaux et les opportunités d'investissements dans les pays du Maghreb, l'objectif final reste bien entendu l'intégration économique maghrébine. Le lancement de cet espace économique est un véritable défi pour les opérateurs et hommes d'affaires des pays maghrébins ; ils doivent non seulement dépasser l'aspect politique mais surtout établir un équilibre de la balance économique des cinq pays membres de l'U.M.A. Faut-il rappeler que le volume des échanges inter-maghrébins ne dépasse pas les 3%. Slimani, le chargé de la coopération à la SAFEX admet que «l'intégration économique est un grand problème (en faisant allusion à la fermeture des frontières terrestres), mais elle demeure possible», en soutenant que les pays du Maghreb sont plus que jamais condamnés à réussir leur intégration économique. Toutefois, cette première édition sera amoindrie par l'absence de la Mauritanie qui, semble-t-il, n'a pas répondu à l'invitation et l'on comprend aisément les raisons de cette absence. Les dirigeants Mauritaniens n'apprécient guère la position actuelle d'Alger. Tous les autres pays seront présents et plus de 267 exposants sont attendus à Alger. Cette foire, au-delà de son aspect économique sera incontestablement un test pour ses initiateurs qui sont décidés à faire sauter tous les verrous et mettre la machine en marche pour l'édification d'un ensemble économique régional dans la rive–sud de la Méditerranée, et cela pour de multiples raisons : les effets de la mondialisation et bien sûr l'impact géoéconomique de L'Europe des 27 et bien entendu le projet de l'U.P.M. Un Maghreb uni est un Maghreb fort qui se fera respecter et faire valoir ses revendications et surtout redonner l'espoir aux peuples du Maghreb qui attendent la concrétisation de ce rêve depuis la conférence de Tanger en 1958. On sait que les responsables politiques ont affiché à maintes reprises leur volonté d'aller de l'avant en faisant abstraction à leurs divergences, souvent entretenues par des lobbys qui trouvent leurs intérêts dans la division et la séparation des peuples appartenant à la même civilisation et unis par des liens sacrés. Economie tributaire de la rente pétrolière La presse Algérienne dans son ensemble, s'est attardée sur cet événement qualifié de «salon d'intégration économique» en mettant en relief l'handicap de l'Algérie dans cette compétition maghrébine. Le quotidien indépendant Al Watan reste prudent en se demandant si le «Maghreb est prêt pour une union économique». Question pertinente, qui a le mérite d'être on ne peut plus claire… Effectivement, l'Algérie entre dans cette nouvelle compétition avec un certain handicap et pour cause, son économie reste tributaire de la rente pétrolière et accuse un grand déficit dans le volume d'exportation hors hydrocarbures, qui sont insignifiantes et ne représentent que 3% dont seulement 1% des produits agricoles, et dire que des milliards ont été investis dans ce domaine. Les producteurs et les entreprises demandent l'élaboration d'une véritable stratégie facilitant les exportations de leurs produits. Cependant, ces contraintes ne sont pas propres à l'Algérie, les carences et obstacles de la bureaucratie existent aussi dans d'autres pays de la région. Pour l'Algérie, le problème est plus complexe. Les terres agricoles ne sont pas entre les mains des véritables travailleurs de la terre, elles font l'objet de spéculation. L'assainissement du foncier agricole dépendra de l'avenir de l'agriculture algérienne. Quoi qu'il en soit, cette première édition de la foire maghrébine est une aubaine pour l'Algérie qui est appelée à diversifier et améliorer le volume de ses échanges avec ses voisins. En marge de cet important forum économique, il est prévu des rencontres et des débats sur les aspects culturels, économiques et scientifiques, ainsi que l'organisation de débats thématiques. Une chose est sûre, les professionnels de l'économie mettront de coté les divergences qui ont retardé jusqu'alors l'émergence d'une véritable entité maghrébine, en espérant que les politiques suivront. La construction d'une puissance économique régionale est à ce prix. C'est sans doute ce qui a fait dire à M. Slimani «au delà de toute incompréhension d'ordre politique, les pays de l'U.M.A sont plus que jamais condamnés à réussir leur intégration économique. Alors commençons à rêver à ce transmaghreb Casa-Tunis qui sifflait dans l'Afrique du Nord sous … l'occupation coloniale. ■