A l'heure où le monde salue la performance de l'alternance démocratique entre «l'affreux» Georges W. Bush et «le doux» Barack Obama, le monde arabe et l'Afrique offrent le spectacle de «présidents de républiques» qui tripatouillent les institutions et les constitutions pour s'accrocher coûte que coûte au pouvoir. Lamentable. 500 parlementaires algériens (contre 21 et 8 abstentions) ont ouvert la voie à Bouteflika pour un troisième mandat présidentiel. Elu en 1999 et réélu en 2004, le Raïs algérien brigue, en réalité, à l'âge de 71 ans, un mandat ad vitam aeternam. «Jusqu'à la mort», précise l'opposant Saâdi du RDC. A croire qu'il n'existe sur toute l'étendue de la terre algérienne aucune stature politique capable d'assumer la magistrature suprême en dehors du clan Boutef. Célibataire et sans enfants, il s'est rabattu sur sa propre personne pour pérenniser son nom dans les arcanes du Palais Mouradia. Ce n'est point le cas d'un certain nombre de ses homologues arabes qui ont décrété la «dynastisation» pure et simple de leurs glorieuses «républiques». Il en fut ainsi de Feu Hafed Al Assad. Il en sera probablement ainsi pour l'Egyptien Moubarak qui s'emploie depuis 2004 à imposer son rejeton Gamal comme successeur. A 80 ans, Moubarak tient mordicus à un pouvoir personnel conquis depuis 27 ans à la suite de l'assassinat de son prédécesseur par des islamistes. La «République arabe d'Egypte» qui compte tant d'esprits éclairés osera-t-elle se choisir un prétendant autre que le fils de son octogénaire de Raïs ? Non loin de là, le «Guide de la Grande Jamahiriya» songe depuis quelque temps à sa succession : Selon l'humeur du moment, il songe à l'un de ses fils : Seif el-Islam, Moatassim Billah ou même Saâdi, parfois même au turbulent Hannibal pour lui succéder. Architecte-urbaniste de profession, Seif El-Islam est le plus impliqué sur le plan politique, principalement par le biais de la fondation Kadhafi pour le développement (FKD). La «monarchisation» de la «jamahiriya ach-chaâbia al-Odhma» est en route. Star de la «Françafrique». Cette perpétuation de la «lignée» politique par le biais de la progéniture constitue le premier souci des «présidents» de ces républiques qui n'en sont plus unes. Un comportement pervers qui tient d'une rapacité boulimique non pas de pouvoir, mais d'autorité : faire et défaire les destins collectifs et individuels d'un claquement de doigts doit procurer une sorte de jouissance de type morbide. «Le processus d'accoutumance au pouvoir ressemble à maints égards à celui d'une drogue dure qui… perdure. L'un et l'autre permettent de transcender la réalité, la pervertir, l'asservir», écrivit Raymond Aron. Le cas d'Omar Bongo est emblématique à cet égard. Nommé Vice-président il y a près d'un demi-siècle (1960), Président depuis 41 ans, ce Gabonais a commencé sa carrière, au terme de son service militaire, au sein des services secrets français, avant de rejoindre son mentor Léon Mba, devenu président du Gabon. Il remplacera ce dernier en 1967. Sa boulimie de pouvoir l'a précipité dans toutes sortes de collusions, collisions et autres alliances hybrides. Il ira jusqu'à se convertir à l'islam pour, dit-on, être en phase avec les membres musulmans de l'OPEP. Star de la «Françafrique», il a collaboré avec la gauche et la droite hexagonales. Il est toujours là. Son fils, Ali Bongo Ondimba, est ministre de la Défense du Gabon depuis 1999. Un tremplin de choix sur cette contrée bénie d'Afrique noire.