A six mois des élections présidentielles, la scène politique s'emballe, et le principal parti d'opposition, le RCD du docteur Said Sadi, fidèle à sa ligne de conduite, monte au créneau à la veille de chaque échéance politique. Cette fois-ci, c'est devant l'Assemblée nationale que les députés du RCD ont exprimé leurs craintes lors des débats sur la loi de finances 2009. Ils se sont attaqués à des sujets sensibles tels, la révision de la constitution, la politique de réconciliation et les effets de la crise mondiale sur l'économie nationale. Le groupe parlementaire de ce parti n'est pas allé de main morte pour interpeller le pouvoir. Saïd Sadi et le député Ait Hamouda, ont bousculé les représentants de l'alliance présidentielle (FLN,RND,Hamas) sur des sujets qui fâchent. On s'attendait certes, à une réplique de l'autre coté, et cela est de bonne guerre, mais, à la surprise générale, ce n'est pas un parlementaire qui se chargea de cette mission, mais un membre du gouvernement. Mahmoud Khoudri, qui, loin d'apporter des éclairages nécessaires à ses adversaires politiques, s'acharna contre les élus du RCD et s'érigea en donneur de leçons. Dérives parlementaires Le président de l'assemblée prompt à interpeller les élus du RCD, proféra même des menaces à l'encontre d'un député dans l'exercice de ses fonctions, alors qu'il aurait dû rappeler à l'ordre le ministre «patriote», appartenant bien sûr au FLN qui déblatérait sur un style qui n'avait rien à voir avec la mission qui lui est confiée. Dans un communiqué, le RCD «dénonce les dérives parlementaires d'une extrême gravité et appelle à s'élever contre toute forme d'arbitraire, lorsqu'il s'agit d'atteinte à la dignité des institutions républicaines». L'intervention des députés RCD a créé l'évènement au sein de l'hémicycle. Ces derniers ont dressé un constat sans complaisance de la situation socio-économique du pays. C'est le projet de la loi de finances 2009 qui a fait réagir les élus de ce parti. Ces derniers critiquent vivement les rédacteurs de ce texte. Le docteur Said Sadi dira à ce propos «s'inspire d'une culture politique fondée sur la rapine, la cooptation et le clientélisme». Le leader du RCD ne s'arrête pas là, il ajoute plus loin «l'opacité, l'arbitraire, le tribalisme et la corruption sont les marques de fabrique du système». Selon le leader du RCD, ce projet de loi est un financement implicite d'une révision humiliante de la constitution et de la fraude annoncée, il cite un exemple effarant : 5 milliards de dinars sont octroyés à l'aménagement du territoire, alors que le ministère de la Solidarité nationale, dispose de 85 milliards. Ce département est dirigé par Ould Abbas connu pour sa soumission à Bouteflika. De son côté, Aït Hammouda, qui est aussi vice- président du parti et député, ne mâche pas ses mots et réplique aux insultes et aux menaces proférées contre les députés de ce mouvement politique ancré en Kabylie et qui, pour les observateurs, reste la principale force d'opposition au système. Il s'exclame avec une pointe d'ironie en direction des élus du FLN «dans leurs interventions, plusieurs députés qui se disent majoritaires ont qualifié le RCD d'ennemi de l'Intérieur, mais les véritables ennemis de l'Algérie sont ceux qui ont érigé la corruption en système, volé les banques, manipulé les chiffres électoraux et imposé un gouvernement comprenant 13 ministres d'une même région». Et pour clore ce débat houleux, Ait Hammouda porte la dernière estocade : en rappelant à Abdelaziz Ziari, président de l'Assemblée, que ces journalistes qu'il ne cesse de critiquer ont payé le prix fort dans la lutte contre le terrorisme. Dans ce combat pour la liberté et la démocratie, le parti de Said Sadi n'est pas prêt à baisser les bras. Mais où sont donc passées les autres formations politiques qui se prévalent du courant démocratique ! ■