Ils sont nombreux à traverser clandestinement la frontière. Ils viennent de toutes les régions du Maroc. Ils sont à la recherche d'un gagne pain honnête mais la plupart du temps, c'est le cauchemar au bout du rêve. Ces travailleurs marocains sont pour la plupart des ouvriers agricoles, des maçons, mais ce sont surtout les plâtriers qui sont très sollicités . Au début, ils venaient par petits groupes offrir leur savoir faire pour les constructeurs privés et leur champ d'action se limitait dans les villes de l'Ouest algérien, Tlemcen, Oran... Ils se font discrets, mais personne n'ignore leur présence en Algérie. Ils sont bien sûr en situation irrégulière et risquent à n'importe quel moment, d'être expulsés vers leur pays d'origine et c'est là tout le problème de cette main d'œuvre de qualité qui travaille au noir et qui, pourtant, rend bien des services tant au secteur privé qu'au secteur public. On les trouve aujourd'hui aussi bien à Alger qu'à Constantine. Il s'agit bien sûr de ces fameux plâtriers, qui sont exploités par des réseaux de passeurs et parfois restent livrés à eux-mêmes, quand ils ne sont pas payés. La presse de l'Ouest ne rate jamais une occasion de faire part de «l'arrestation par les services de sécurité de ces marocains en situation irrégulière». Toutefois, cette presse ne va pas plus loin pour dire la vérité, car, la plupart du temps, ces travailleurs sont dénoncés par leurs propres employeurs une fois le chantier terminé. Exploités, ils seront bien sûr arrêtés et expulsés du territoire, sans le moindre dinar en poche. C'est notamment, ce qui est arrivé à Driss et ses compagnons. Contactés par un riche privé, ils ont passé plus de six mois pour réaliser des travaux qui demandaient beaucoup d'attention et de finesse. Driss nous dit : «nous avons passé des mois pour réaliser un vrai musée dans la propriété de ce monsieur qui est venu lui-même nous chercher. Au début, cette personne avait un comportement normal et nous donnait des avances sur salaire toutes les fins de semaines, mais le jour où nous avons terminé le chantier, il refusa catégoriquement de nous payer en nous menaçant». La suite est connue, c'est l'expulsion. D'autres cas sont encore plus dramatiques. Mésaventure En 2006, tant au secteur privé que public, des maçons, mais ce sont surtout des plâtriers qui sont dans un chantier de l'Etat, un entrepreneur algérien employait plus d'une vingtaine de marocains spécialistes dans la mosaïque du plâtre ( art mauresque). Là, il faut souligner l'honnêteté de ce chef d'entreprise algérien qui a toujours eu du respect et de la considération pour ces travailleurs qu'il payait régulièrement, et il reconnaît lui-même, que si les travaux sont en avance, c'est grâce à ces marocains qui travaillent plus de 12 heures par jour. Cette fois-ci encore, la situation a failli tourner au drame, c'était en plein mois de ramadan. Un jour, 10 mn avant la rupture du jeûne, ces travailleurs furent arrêtés en plein chantier, suite à une dénonciation venue d'ailleurs… Dès le lendemain, toute la ville en parlait et le chantier fut à l'arrêt. Bien sûr, ce coup de filet fit la une d'un canard édité en Oranie. «Ces plâtriers marocains qui menacent la sécurité du pays». Rien que ça... ! Toutefois, devant la nécessité et l'urgence des travaux, ils furent relâchés et ont repris leur service. Il faut dire que ces professionnels du plâtre sont très demandés en Algérie et parfois, ils sont employés par de hauts responsables et bien sûr toujours au noir. Toutefois, on ne peut passer sous silence, la mésaventure vécue par ces 650 artisans marocains spécialisés en art mauresque qui travaillent toujours actuellement, dans les mosquées d'Algérie. Employés au noir, ils ne sont pas rétribués. Ils ont dépêché une délégation auprès du ministère des Affaires religieuses, pour faire valoir leurs droits. Pour toute réponse, ils ont été reconduits manu militari par les services du ministre des Affaires… religieuses. Et dire que nous sommes en plein ramadan !