Le tourisme rural constitue une niche de prospérité et de développement durable, que le Maroc a longtemps négligée. Radioscopie d'une source de richesse peu explorée. ■ A l'heure du développement humain, la promotion du monde rural ne peut faire l'économie de l'écotourisme. Le tourisme rural présente, en effet, des avantages liés à la fois au développement socioéconomique et à la préservation de l'environnement. La randonnée sous toutes ses formes, équestre, pédestre ou à VTT, mais aussi la pêche et la chasse présentent des loisirs qui, loin de détériorer l'écosystème, permettent à l'homme de se retrouver en harmonie avec la nature. Les réserves naturelles, les parcs nationaux et régionaux constituent des espaces privilégiés pour le développement de l'écotourisme au Maroc. Ce développement est encore très timide, même si des actions ont été engagées dans ce sens par l'Etat, notamment dans le Toubkal, le Tazeka et au Souss-Massa. Selon une étude réalisée en 2003 par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour le compte du gouvernement marocain, l'écotourisme reste encore à l'état embryonnaire. Cette étude montre une forte demande en faveur de l'écotourisme au Maroc de la part des Marocains et des étrangers, car le pays a beaucoup à offrir en termes de ressources naturelles. Mais cette étude fait aussi état d'un manque de coordination. Initiatives privées Durant des décennies, les pouvoirs publics se sont concentrés sur les grandes unités hôtelières, notamment sur le littoral et les villes impériales. Aujourd'hui, les projections les plus pessimistes évaluent le potentiel du tourisme rural à cinq, voire six millions de touristes supplémentaires si les structures d'accueil et une promotion ciblée étaient au rendez-vous et si une politique globale et coordonnée en la matière était engagée. Dans la région de Marrakech-Tensift-El Haouz, les projets écotouristiques se succèdent et ne se ressemblent pas. La demande s'amplifie, mais la cadence demeure lente. Abdellatif Abouricha, porte-parole du Conseil Régional du Tourisme (CRT) de Marrakech, confirme: «en dépit de l'impressionnant potentiel naturel du Maroc, l'écotourisme reste encore sous-développé. Mais dans la mesure où les visiteurs y reviennent, il semble que ce secteur dispose d'un réel potentiel. Nos chiffres sur la région Marrakech El Haouz montrent que de nombreux touristes reviennent plusieurs fois par an pour visiter une nouvelle fois les sites qui offrent des décors naturels sublimes. Pour nous, cela constitue un réel encouragement». L'INDH et l'amplification du micro-crédit ont puissamment dopé les activités génératrices de revenus, principalement dans le domaine du tourisme rural. Mais il manque aux investisseurs marocains ce « quelque chose » qu'on peut apparenter à l'éveil de l'administration. «L'Etat a la responsabilité directe au niveau de la mise en place des infrastructures (routes, télécommunications…etc.) et du respect des règles du jeu. Les initiatives privées, associatives et territoriales viennent ensuite mettre en place les outils du développement durable», affirme Fonvieille, un tour-opérateur français qui envoie près de 2000 touristes français chaque année dans les montagnes marocaines. Cependant, un tourisme rural sauvage peut causer des dégâts indélébiles sur l'environnement. Dans certaines régions, le mal est déjà fait. Abouricha du CRT, cite des sites de camping non autorisés au mont Toubkal et le développement extensif de constructions dans la palmeraie de Marrakech, ainsi qu'une source permanente utilisée pour l'écoulement des eaux usées à Ain Ben Adel. «Si rien n'est fait pour protéger l'environnement, l'écotourisme implosera de lui-même», avertit Abouricha