Depuis l'indépendance, le Bac était pour la majorité des Marocains un moyen de mobilité sociale. Aujourd'hui, il constitue toujours une étape décisive, mais la question qui se pose est que faire après le bac ? Pour la première fois au Maroc, le nombre des candidats au Bac a atteint les 300.673 candidats dont 134.640 de filles, soit 5,9% de plus par rapport à l'année dernière. Le nombre d'élèves de l'enseignement public s'est établi à 230.470, soit 6,1% de plus par rapport à 2007. Les candidats libres sont au nombre de 62.068 et représentent 20,6% du nombre total. La part des candidats issus des écoles privées s'élève à 8.135, contre 6.598 pour l'année dernière, ce qui représente une augmentation de 18,9%. Concernant les filières, 92,7% des candidats viennent de l'enseignement général, 5,6% de l'enseignement technique (16.806) et 1,7% proviennent de l'enseignement originel (5.127). L'option littéraire compte le plus grand nombre de candidats, 142.745, contre 135.995, l'année passée, soit 47,5% des candidats. Pour ce qui est des résultats de la première session, 83.064 candidats ont passé avec succès les épreuves du baccalauréat, soit un taux de réussite de 38,11% du total des inscrits. Le taux de réussite dans les branches scientifique, mathématique et technique est de 49,52 %, soit quatre points de plus par rapport à la session ordinaire de l'année précédente. Le taux de réussite dans les branches littéraires n'a pas cependant dépassé 24,36 %. Concernant les candidats libres, le nombre des admis s'élève à 2.156 sur un total de 18.109 inscrits. 106.183 candidats ont été admis à passer les épreuves de la session de rattrapage prévue les 1,2 et 3 juillet prochains. Le Bac, toute une histoire En 1956, le nombre de candidats au Bac ne dépassait pas le nombre de 98. En 44 ans de protectorat français au Maroc, la France n'a formé que 580 bacheliers dont la majorité était de confession juive. Le Bac a été introduit par le protectorat au Maroc dans le cadre de la réforme du système éducatif marocain. En France, le Bac a été créé en 1808 par Napoléon. La première promotion comptait 31 bacheliers. L'examen ne comportait que des épreuves orales, portant sur les auteurs grecs et latins, sur la rhétorique, l'histoire, la géographie et la philosophie. Le baccalauréat est devenu depuis l'indépendance du Maroc, un diplôme essentiel dans le cursus d'un étudiant. Pour mesurer l'ampleur de la valeur du diplôme dans un pays qui commence à bâtir une administration nationale et qui a besoin de cadres de haut niveau. On n'a qu'à regarder le nombre de candidats marocains au BAC en 1956. «98» Ce faible nombre a déclenché une course entre départements et organismes recruteurs (établissements d'enseignement supérieur, administration...) qui s'est concrétisée par des compléments de bourse et autres avantages, ou contrat de pré recrutements à partir de la classe de la seconde. Cette méthode avait été appliquée par l'Ecole Mohammedia des Ingénieurs pour attirer les élèves ingénieurs. Plusieurs établissements de formation des cadres qui étaient réservés aux bacheliers ouvraient leurs portes aux élèves non bacheliers pour combler le manque d'effectif en candidats. Les écoles militaires d'officiers recrutaient à tour de bras chez les titulaires du brevet. Le dur chemin de l'université Aujourd'hui, même avec le Bac en poche, le futur candidat aux études universitaires se retrouve face à une inflation d'offres d'écoles privées et une pénurie en matière de bancs d'université dans les départements de droit et d'économie, qui dès le premier jour d'inscription, font le plein de toutes les places pédagogiques disponibles. Ces dernières années, le taux de réussite au Bac a franchi le seuil de tout ce qu'on a pu imaginer depuis l'indépendance. Dans les années soixante dix et quatre vingt, seule une minorité arrivait à décrocher le Bac, ce qui lui ouvrait la voie royale des études universitaires au Maroc et à l'étranger avec une bourse en plus. Pour ceux qui décrochent le Bac, ils ont le choix entre l'université ou les grandes écoles, selon leur profil et leurs notes. Mais depuis quelques années, la majorité des parents d'élèves, issue de la classe moyenne se sacrifie, pour assurer à leurs enfants une inscription dans des écoles privées de commerce, espérant qu'ils éviteront, à l'issue de leur formation, le statut de diplômé en chômage que tout le monde colle injustement aux bacheliers s'inscrivant en première année de faculté de Droit, des Lettres et des Sciences. Aujourd'hui, le problème du choix de carrière après le Bac se pose pour des milliers de jeunes Marocains. Que peut faire un étudiant qui vient d'avoir son bac avec juste la moyenne et aucune mention ? Ou même avec des bonnes notes et sans moyens financiers. Le système actuel favorise les riches, les écoles privées et le remplissage inconsidéré des filières classiques des facultés. Actuellement, il ne suffit plus d'avoir le bac en poche pour entamer des études supérieures. Avoir le bac c'est le début d'un long périple. Un vrai parcours du combattant qui commence par les concours des grandes écoles, facultés de Médecine ... et qui finit par l'inscription en faculté. Ce qui, souvent, reste un choix loin de toute orientation prenant en compte les aptitudes et les vocations du candidat. Le futur candidat aux études universitaires se retrouve face à une inflation d'offres d'écoles privées et à une pénurie en matière de bancs d'université dans les départements de Droit et d'Economie. De plus en plus de bacheliers finissent dans la rue faute d'inscription. Un nouveau phénomène bien propre à notre système d'enseignement. Un autre problème se pose, l'orientation scolaire et professionnelle qui n'est pas encore devenue une culture généralisée. Grandes écoles des classes préparatoires au privé Une nouvelle solution bien payante, les classes préparatoires aux grandes écoles. Elles coûtent entre 3000 et 4000 DH le mois et c'est la seule issue pour ceux qui n'ont pas eu une moyenne leur permettant d'accéder aux math-sup/math-spé. Après deux ans de formation, ils pourront passer les concours des grandes écoles d'ingénieurs. S'ils ratent le concours, ils n'ont qu'à s'inscrire au deuxième cycle de la faculté des Sciences ou bien opter pour une école d'ingénieurs moins cotée que l'EMI (Ecole Mohammedia des Ingénieurs) ou l'EHTP (Ecole Hassania des travaux publics). Ecoles supérieures privées la bourse des diplômes Chaque année, les bacheliers qui ont les moyens financiers, s'orientent vers les secteurs d'activité porteurs, liés au commerce et à la gestion. D'autres filières sont apparues comme l'architecture, le design ou la décoration. La tendance générale va vers les écoles de commerce et de gestion. Quand on dit écoles privées, on dit obligation de réaliser de gros bénéfices dans un secteur qui doit tout d'abord être régi par des règles de transparence et de qualité. Or, chaque année, les écoles qui existent, rivalisent, entre elles, par des campagnes de communication et autres astuces, comme offrir au futur lauréat des diplômes français ou canadiens délocalisés au Maroc. Cette appellation ne veut rien dire. Le département de l'enseignement Supérieur ne reconnaît pas l'équivalence de ces diplômes. Une autre ambiguïté dans ce secteur : les diplômes reconnus par l'Etat ne veulent pas dire que le diplôme donne la possibilité de passer un concours de cadre dans l'administration publique, mais seulement que l'école est accréditée par l'Etat pour délivrer le diplôme en question.