Après Rome 1960, Athènes 2004, l'escrime marocaine sera présente à Pékin. Issam Rami et Ali Xavier ont décroché leurs billets pour les prochains JO. C ‘est Abderaouf El Fassi, qui a donc ouvert le bal olympique en 1960, déjà. Rien d'étonnant à cela, puisque ce sport est apparu au Maroc en 1918 grâce à un escrimeur attitré appelé Laik, qui, après avoir fait valoir son talent en remportant toute une série de tournois en Algérie, a rejoint le Maroc pour y initier la pratique de cette discipline pour laquelle il s'était voué cœur et âme. Le tireur El Fassi, devenu maître d'armes, s'est par ailleurs appliqué à retracer l'histoire de la pratique de l'escrime dans le pays, citant notamment Renaud, celui qui avait mis le premier Cercle de formation d'escrime d'où sont sortis d'autres grands noms, tels les Calamel, Werlhé, Célu, les frères Bénit ou encore celle que tout le monde appelait Mademoiselle Bonin. Pour donner plus d'élan à ce sport, le même Renaud a investi le milieu scolaire et, en particulier, le Petit Lycée à Casablanca. Une première salle verra le jour à Fès en 1922. Les nostalgiques gardent toujours en mémoire la Baraque du jardin Biarny, qui réunissait une pléiade de tireurs avant d'élire domicile dans les locaux du Cinéma Palace. Les challenges et autres compétitions entre clubs casablancais, oujdi, fassi, meknassi, rbati…se font de plus en plus fréquents. Il fut un temps, au lendemain de la Seconde Guerre, où Casablanca, avec son millier de pratiquants, était devenue le deuxième centre d'escrime des pays francophones derrière Paris. La Fédération d'escrime devait voir le jour en 1950 et comptait une vingtaine de salles, au moment où l'on ne parlait pas encore de clubs. Cette avancée, a, cependant, dû être ralentie, le poids des ans ayant pesé sur les pionniers. Au lendemain de l'indépendance, la Fédération Royale Marocaine a vu le jour, avec, comme premier président, Docteur Bel Abbès. Se succèderont par la suite, toute une liste de noms, mais pas avec le même bonheur. Il fut un temps où l'on a même dû assister à un blocage total, qui a énormément nui à la pratique de l'escrime au Maroc. C'était quand Nahi et Mme Mouaadeb ou encore Akkouri et la même Mme Moaddeb, se disputaient la présidence, au point de voir parfois le Maroc se faire représenter à des compétitions à l'étranger par deux délégations. L'escrime en subit encore les conséquences. Quand la Fédération internationale cherchait à installer une Académie de maîtres d'armes en Afrique, elle ne pouvait en aucun cas se tourner vers la fédération marocaine minée par d'interminables querelles intestines. C'est d'autant plus désolant, que l'on a tout loisir aujourd'hui, de constater les bienfaits de cette académie, qui, en plus d'assurer des rentrées de devises pour le Sénégal où elle a été installée, a permis à l'escrime de ce pays d'évoluer en un laps de temps assez court. Aux côtés de l'Egypte et de la Tunisie qui dominent à l'échelon continental, suivies par le Maroc et l'Algérie, on compte désormais avec le Sénégal, qui vient de qualifier deux tireurs pour Pékin, tout en s'adjugeant son premier titre continental au sabre. Au Maroc, ils ne sont pas plus d'un millier de tireurs entre garçons et filles affiliés à la fédération. Serait-ce le prix de l'équipement particulièrement élevé et qui dépasserait les 10.000 dirhams qui y est pour quelque chose ? Ce ne serait pas l'avis de la FRME qui assure mettre salle et équipement à la disposition de tous les pratiquants reconnus. La même instance, à l'instar de toutes les autres ou presque, réclame plus de moyens. «Même avec ce petit nombre d'athlètes affiliés, on peut obtenir de grands résultats, pour peu que l'on soit en mesure d'intégrer les tireurs dans un calendrier international pour qu'ils soient compétitifs à un haut niveau», assurent les responsables. Et pour l'heure, les seuls Marocains à avoir le niveau international, sont Issam Errami et Ali Xavier. Et comme par hasard, ils résident tous les deux en France.