Révision des programmes, retour de l'autorité, implication des partenaires et responsabilisation du corps enseignant. La recette du nouveau Ministre a de l'intérêt. Ahmed Akhchichine, ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique, épouse les diagnostics les plus sévères sur l'éducation. Il reconnaît quasiment tous les griefs. Le niveau «c'est une catastrophe», la mobilité sociale qui n'est plus assurée ? «C'est une évidence». Il a cependant le bon réflexe. Le nouveau Ministre sait que la réforme de l'éducation passe par ce qu'il appelle un nouveau contrat entre la société et l'école. Celle-ci doit redevenir un lieu du savoir, de l'intégration sociale et citoyenne. A partir de cet objectif, Akhchichine déploie ses ailes. Il veut d'abord régler les problèmes matériels des écoles. Il connaît les souffrances budgétaires de l'Etat, mais compte sur la mobilisation de tous. Cela sert à quoi de construire des écoles dans le monde rural où il n'y a même pas de W.C ? S'insurge-t-il. Il a sa propre conception. Donner des possibilités d'une gestion active du foncier dont il a la charge. Fini l'ère de la carte scolaire, fini donc le temps où dans la même ville, co-existent des écoles à 50 élèves par classe et d'autres à 20. Il est sûr de son fait «nous mettons rapidement les procédures en place». Ahmed Akhchichine sait que l'enseignement c'est aussi du contenu. Il annonce que l'apprentissage de langues sera renforcé dès le primaire. Il annonce aussi une révision de l'ensemble des programmes. Dans son entourage on assure que l'histoire par exemple sera beaucoup plus exhaustive. «Le Maroc pré-islamique aura droit de cité, amazighs et juifs seront reconnus», assure l'un de ses lieutenants. Le nouveau Ministre a un énorme respect pour l'école et les enseignants «je suis le produit de l'école Marocaine». Révision des programmes Il ne cache pas sa déception «des pratiques contraires à l'idéologie se sont installées». Il prend le taureau par les cornes «les journées de grèves seront défalquées des salaires». Il va plus loin, il veut organiser les cours de soutien, les fameuses heures supplémentaires à l'intérieur de l'école. Il reconnaît que la formation fait défaut. Il veut revenir à l'ancien système : «c'est l'université qui est la référence». Les enseignants ne sortiront plus des écoles cocotte minutes, ils devront avoir un diplôme universitaire et ensuite suivre une formation pédagogique spécifique. Ces choix sont validés au plus haut niveau, c'est-à-dire celui du Souverain. Ils visent à redonner à l'école son aura. Mais Akhchichine sait que cela n'est possible que si la société, c'est-à-dire les parents d'élèves s'y mettent. Ce retour de la confiance est pour lui le principal challenge «sans l'implication des familles, toute réforme restera lettre morte. Il nous faut communiquer sur le renouveau de l'école, mais aussi développer une approche participative. Son plan d'urgence est bien soudé, mais le nouveau Ministre ne se fait aucune illusion. La réforme de l'école ne peut réussir sans un consensus. Toute la société est interpellée», assène-t-il. Son remède de cheval trouvera-t-il preneur? C'est ce que l'on souhaite à l'école Marocaine.