J'en ris encore. Je me tords les boyaux, le torse, le faciès et le corps entier. Vous allez finir de lire, et moi je continue à rire. A gorges déployées. À gorges «employées au pénitencier». L'histoire, je la raconterai à mes petits enfants et ils vont s'esclaffer : Ah, bon papy, c'est arrivé à votre époque ! Hi, hi, hi, hi, hi… ! Les neufs salafistes qui ont pris la clé des champs, l'ont fait en creusant un tunnel. Presque normal, non : quand on est condamné à mort ou à perpétuité, on creuse le fond de sa cellule, et on se sauve. Je n'aimerais pas être à la place de Abbdelouahed Radi, le justicier du Royaume. Le pauvre, il doit courir toute la planète pour mettre la main sur Dahbi, Chatbi et Co, et les remettre aux fers à Kénitra. Pourvu que ça dure. Le hic (le hi-hi-hi-hic, plutôt), c'est que ce n'est pas ça qui me fait marrer. Le tunnel, lui le tunnel ! Vous croyez qu'il n' a servi qu'à la grande évasion, c'est ça ? Je vous le donne en mille : il a sûrement été essayé pour d'autres choses. Des fugues amoureuses, d'un genre spécial. Vous vous rappelez l'histoire de la femme trouvée dans la cellule d'un salafiste, condamné à une peine lourde. Ah, vous me voyez venir ! C'est à Oukacha que les matons ont surpris les deux tourtereaux en pleins ébats amoureux. Normal, il n'avait pas de tunnel, lui, pour faire passer sa maîtresse. Mais ceux de Kénitra, eux, l'avaient. La preuve ! M'est avis que les frères «Kamikazov», j'vous l'donne en mille encore une fois, ne se privaient pas de sorties nocturnes, les dames voilées trouvaient un malin plaisir à narguer la société impie, en rendant visite à leurs fanatiques maris. Dites le contraire et vous ne riez pas messieurs. Et les gardiens de la prison, où étaient-ils ? Il parait, ouallahou Aâlam, qu'ils donnaient du fil à retordre aux détenus du droit commun ! Ceux qui ne creusent pas ! Eux les pauvres ne savent pas creuser, et quand ils le font, ils prient pour que la lumière au bout du tunnel ne soit pas … un train! Un inconnu disait qu'en prison, ceux qui ne savent pas lire, sont leurs propres geôliers. La lecture devient ainsi un moyen légal pour l'évasion. Riez un coup : on devait apprendre à lire aux frères évadés. Hélas, ils parait que leur seul livre de chevet a été, «Papillon»!