Les droits de l'homme dans leur version Entreprises se veulent un code de déontologie politique et morale ciblant les entités de production de biens et de services favorisant l'avènement de «l'Entreprise de droit» dans un Etat de droit. les temps où les dirigeants et managers adeptes de la pensée unique et du pouvoir absolu sont définitivement révolus, et ceux qui s'entêtaient à plaider que «la démocratie ne doit pas exister dans l'entreprise et que seule la hiérarchie compte», accusent, désormais, quelques longueurs de retard sur la modernité. Car l'ère de la RSE met, non seulement le monde de l'entreprise trop longtemps géré comme un «espace de non-droit», à l'heure des obligations de respect des droits énoncés dans les lois fondamentales, la Déclaration universelle des droits de l'homme, le pacte des droits économiques et sociaux et, dorénavant, la charte de la Responsabilité sociale de l'entreprise (RSE) adoptée par la confédération patronale en date du 14 décembre 2006. Le président de la CGEM , Moulay Hafid Elalamy explique que «la charte RSE de la CGEM se définit en conformité avec les principes fondamentaux de la Constitution et avec les conventions et recommandations internationales relatives au respect des droits fondamentaux de la personne humaine, la protection de l'environnement, la saine gouvernance et la concurrence loyale». Il faut dire que l'instance patronale a répondu présent pour relever ce nouveau challenge, en instituant une Charte RSE applicable à tous ses membres et qui est un passage obligé pour toute entreprise candidate à l'obtention du Label CGEM consacrant la reconnaissance des «lauréates» au plan domestique et les rendant plus crédibles à l'international. Les troupes de Moulay Hafid Elalamy se sont appliquées à faire les choses aux normes les plus contraignantes des standards de ce qui se fait le mieux dans le monde : «C'est une approche leader CGEM qui démontre son engagement RSE en matière de croissance durable des entreprises nationales et améliore la perception extérieure des opérateurs économiques marocains», souligne encore le patron des patrons. C'est d'autant plus impératif pour faire face aux contraintes d'une concurrence mondialisée, que la multiplication des accords de libre-échange accélérant la «déprotection» douanière et la prolifération de normes et spécifications des clients et donneurs d'ordres, rendent de plus en plus exigeantes. D'où la nécessité de rationaliser l'approche RSE à l'aide d'un référentiel complet mis en conformité avec les normes et accords internationaux entérinés par le Royaume. La RSE se décline en engagements managériaux que le collectif des membres de la CGEM est déterminé à mettre en œuvre à la lecture du préambule de la charte : «Nous nous engageons à agir de façon responsable et continue pour la réalisation des objectifs de développement durable dans nos activités économiques, nos relations sociales et, de manière générale, dans notre contribution à la création de valeur». En fait, la vision RSE adoptée par la confédération des entreprises du Maroc est directement inspirée du Livre Vert de l'Union européenne élaboré en 2001 et définissant la responsabilité sociale de l'entreprise comme «l'intégration volontaire des préoccupations sociales et environnementales des entreprises à leurs activités commerciales et à leurs relations avec les parties prenantes. Etre socialement responsable signifie, non seulement satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables, mais aussi aller au-delà et investir davantage dans le capital humain, l'environnement et les relations avec les parties prenantes». Vision inspirée du Livre Vert européen Les discussions du 5 mars dernier au sein du Conseil national de l'entreprise (CNE) de la CGEM , ont confirmé cette vision RSE version Livre Vert, en vue d'atteindre les objectifs de renforcement des capacités de recrutement des potentiels et de Ressources humaines qualifiées et motivées, d'améliorer les relations avec le personnel, d'augmenter la productivité et la qualité des productions durables, d'accroître l'aptitude à la gestion des risques, de faciliter l'accès aux crédits, fidéliser les clients et consolider l'image de marque de l'entreprise. Les dispositions de cette charte diffusée en 9 chapitres intéressent le respect des droits humains, l'amélioration des conditions d'emploi, de travail et les relations professionnelles, la protection de l'environnement, la lutte contre la corruption, l'observation des règles de la saine concurrence, le renforcement de la transparence du gouvernement d'entreprise, la protection des intérêts des clients et des consommateurs, la promotion de la culture de la responsabilité sociale chez les fournisseurs et les sous-traitants, ainsi que l'incitation au développement de l'engagement sociétal de l'entreprise.