La victoire aux élections législatives du courant conservateur, ne fait que consolider les positions de la République Islamique, plus particulièrement dans son environnement Moyen-Oriental. Les problèmes internes grandissants, auxquels est confrontée l'administration Bush, ainsi que les revers essuyés sur le plan externe, devraient permettre à Téhéran de changer sa stratégie défensive. Les sujets discutés lors de la tournée bâclée du Vice-président américain, Dick Cheney, dans la région du Moyen-Orient, montrent à quel point Washington a besoin de surmonter aussi bien ses difficultés économiques que ses déboires politico-militaires. En demandant au roi Abdallah Ben Abdel Aziz et aux responsables saoudiens d'étudier la possibilité d'augmenter leur production pétrolière, afin d'endiguer la hausse des prix, le responsable américain est revenu en charge, concernant le programme nucléaire iranien et évoqué la manière selon laquelle les pays du Golfe sont prêts à faire face. La réponse de Riyad, qui a décoré Chesney du Wichah du roi Abdel Aziz Al-Saoud, était semble-t-il, mitigée. Surtout que les relations avec l'Iran, et plus particulièrement avec le président, Mahmoud Ahmedinejad, sont relativement bonnes, depuis quelques mois. De ce fait, les Saoudiens ne sont guère prêts à provoquer le voisin qui est arrivé à exporter sa révolution dans plusieurs Etats de la région, à savoir, le Liban, la Palestine, et certains pays du Golfe. Ce qui se passe actuellement au Koweit, avec la démission du gouvernement et la dissolution du Parlement, devrait être considéré comme étant un témoignage dans ce sens. Parallèlement, Riyad a, dit-on, de sources proches du ministre du Pétrole, Ali Nuämi, expliqué à son visiteur américain, qu'il serait difficile dans les circonstances actuelles, d'augmenter la production pétrolière. Car, il suffirait de l'annoncer, pour que les Etats membres de l'OPEP s'y opposent farouchement; l'Iran, l'Algérie et le Vénézuela en premier. La Répubique islamique, qui a réussi à préserver l'équilibre idéologique au sein de son Parlement, se lance déjà dans l'aventure de créer avec la Russie, l'OPEP du Gaz. Ce qui va compliquer de plus en plus les choses, non seulement pour les occidentaux, mais aussi pour les pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe), du fait que le Qatar, 3ème producteur mondial, pourrait être intéressé pour adhérer à ce nouveau cartel. Parmi les indices les plus significatifs de l'élargissement de l'éventail de l'influence de l'Iran dans la région, la récente visite de son président, Ahmedinejad, à Baghdad, et son accueil, en fanfare, dans la région sous contrôle américain. Ce déplacement, dans ce pays occupé par les américains, frappé par le chaos, montre à quel point Téhéran est consciente de l'importance de son rôle, aussi bien en Irak, que partout dans son environnement. En dépit des accusations des responsables américains, George Bush en tête, des ingérences iraniennes dans les affaires internes irakiennes et le soutien des milices chiites, Washington laisse les portes ouvertes pour discuter de la stabilité de ce pays. Influence élargie De plus, cette dernière reste impuissante face aux percées réalisées par les fameux Gardes révolutionnaires dans la région du Sud, notamment à Basra. Les Iraniens ont profité au maximum du «cadeau» qui leur a été offert par les Américains avec l'occupation de l'Irak, et la destitution du régime de Saddam Hussein. Cette nouvelle donne leur a permis d'avoir les mains plus libres pour exporter leur révolution islamique chiite vers de nouvelles destinations : le Liban, la Palestine, l'Afghanistan et certains pays du Golfe, tel que le Bahrein et le Koweit. Même si les dirigeants de ces deux Etats tentent de minimiser l'impact de cette influence iranienne. Au Liban, Téhéran s'impose sur la scène à travers le Hezbollah, qui est devenu après sa victoire de l'été 2006, contre l'armée israélienne, une force incontournable dans le pays du Cèdre. En Palestine, elle renforce au fil des jours ses positions avec la montée en force de ses alliés locaux, le Hamas et le Djihad islamique. Le premier qui négocie actuellement, via l'Egypte, une trêve avec le gouvernement israélien. Ce, au détriment de l'Autorité nationale palestinienne de Mahmoud Abbas, soutenue par les Etats-Unis, l'Union européenne, et les pays arabes dits modérés. En Afghanistan, l'Iran, qui a aidé les Américains à se débarrasser des Talibans, tissent à nouveau des relations sur le terrain avec ces derniers en leur accordant le soutien logistique dont ils ont besoin pour déstabiliser les forces de l'OTAN. De plus, on laisse entendre que les territoires iraniens, sont devenus des couloirs de passage pour les combattants d'Al-Qaïda, qui veulent se rendre en Irak, pour attaquer les troupes américaines. Autres signes de cette influence iranienne élargie, la présence renforcée des Pasdarans dans la région de la Mer Rouge, notamment au Yémen, en Erytrée et en Somalie. Ce qui inquiète les Etats-Unis et la France, qui a une forte présence dans la région de la Corne africaine, au Djibouti et aux îles Comores. Pour ce qui est de l'influence iranienne dans la région du Golfe, elle est historique. D'autant qu'un grand nombre de ses ressortissants sont d'origine iranienne. Le royaume du Bahrein et l'Emirat de Dubaï représentent les exemples les plus concrets. De plus, la cérémonie religieuse liée à la disparition du leader sécuritaire et militaire du Hezbollah libanais, Imad Moughnieh, organisée au Koweit, et qui a suscité des débats qui ont abouti à la crise gouvernementale et la dissolution du Parlement, confirme la décision prise à haut niveau dans le Majliss Al-Choura iranien, pour montrer l'importance accrue du rôle de la République islamique. Téhéran veut ainsi tester la capacité de ces Etats du Golfe alliés aux Etats-Unis, et par là, anticiper sur leurs agissements, notamment, après que Washington ait donné des consignes pour l'isoler économiquement. La 8ème élection du Majliss Al-Choura iranien a montré, une fois de plus, que cette institution décrète les lois et supervise le travail du gouvernement. Quant aux relations avec l'Occident, elles reviennent au chef spirituel, Ayatollah Khameneï, au Conseil national de sécurité, et au Conseil de préservation de la Constitution, dirigé par Hojjatol-Islam, Ali Hachémi Rafsandjani. En dépit des déclarations qui montrent quelques nuances, ces trois références restent toujours unies sur l'essentiel. Les pressions accentuées sur l'Iran devront sans doute souder les trois ailes du pouvoir, qui sont contraintes de s'allier dans cette étape décisive, où l'administration Bush est en fin de règne, et où ses alliés arabes dans la région du Moyen-Orient, sont plus que jamais perturbés. Le prochain Sommet arabe qui sera tenu à Damas, montrera, lui aussi, la dimension de l'influence iranienne. Ce, même si cette dernière est obligée de passer par la voie syrienne.