Alors que le démantèlement du réseau «Belliraj» n'a pas encore fini de livrer ses secrets, les investigations en cours, impliquant, entre autres, les services secrets et de contre-espionnage belges et américains, confirment que la sûreté d'Etat au Maroc a fait face à l'un des plus dangereux réseaux terroristes que l'histoire de notre pays n'ait jamais connus jusqu'ici. Et notre étonnement grandit, lorsqu'on apprend que le «cerveau» maroco-belge de la bande aurait avoué avoir été «instrumentalisé» par des dirigeants de partis politiques, que des liens suivis étaient noués avec la nébuleuse de Ben Laden, que le terroriste Abdelkader Belliraj s'était rendu dans les «maquis» du GSPC algérien, qu'il avait exploité la couverture de sociétés mortuaires pour faire passer les armes, que la constitution au Maroc du réseau criminel en 1992 se confirme en présence d'acteurs politiques issus de l'ex-Chabiba Islamiya… D'ailleurs, la récente sortie du président du CCDH à l'émission Hiwar sur la première chaîne l'illustre bien lorsqu'Ahmed Herzeni avait affirmé qu'un des dirigeants partisans inculpés dans cette affaire lui avait fait part, en 2005, de «projets d'attentats terroristes et de caches d'armes». Une information «explosive» dûment transmise aux autorités compétentes du Royaume et qui a contribué à l'amorce du «gros gibier» pour la filature et la neutralisation de la clique barbare. C'est durant toutes ces années, et avant de passer à l'acte pour commettre leurs forfaits, que les terroristes s'étaient initiés aux techniques des réseaux dormants dans le style d'Al Qaïda, qui s'apparentent aux méthodes d'infiltration des institutions et des organisations politiques, de caches d'armes et de leur entretien avant usage, de formation dans des camps d'entraînement, d'actes isolés sans risques pour les criminels, de blanchiment d'argent sale recyclé dans le patrimoine économique… Il faut dire, à ce stade de l'enquête, que les tenants des scénarios préfabriqués ou, tout simplement, qui privilégient la thèse du doute, se sont brusquement tus en affichant un profil bas en se hâtant de commettre le péché grave de plaisanter sur le sérieux de l'Etat et les bonnes intentions des pouvoirs publics et de leurs systèmes de sécurité, que le Souverain a chaleureusement félicités, dès son retour de vacances en famille. Et si la promptitude des forces anti-terroristes, dont l'efficacité préventive ne fait plus l'ombre d'aucun doute, est à apprécier à sa juste valeur, il n'en demeure pas moins que le dernier mot reviendra à la Justice. C'est d'ailleurs le message clé de la Lettre Royale en la circonstance qui a été réaffirmé, par le Souverain, dans son important discours au 11ème Sommet de l'OCI, la semaine dernière à Dakar. En effet, le Roi Mohammed VI a exhorté ses pairs de la Oumma de la mise en œuvre d'une stratégie globale de lutte contre le terrorisme, «stratégie fondée sur la coordination et la coopération régionales et internationales dans le respect de la primauté de la loi et de l'indépendance de la justice». Dans la foulée, le Monarque a assuré que «l'Islam authentique n'a rien à voir avec le terrorisme» avant qu'il ne pourfende, en termes clairs et nets, la scélérate théorie du «choc des civilisations» qui tente désespérément de faire des pays et des peuples Musulmans des présumés terroristes islamistes en puissance. L'audace, l'honnêteté intellectuelle et la clairvoyance politique du Souverain jaillissent au grand jour de cette déclaration devant les 57 Chefs d'Etat et de gouvernement de l'OCI : «Mieux encore, les Musulmans sont des victimes qui pâtissent du terrorisme à double titre : ce sont eux qui sont essentiellement la cible de son agressivité et c'est à eux, et à eux seuls, que l'on en impute la responsabilité, tout en sachant pertinemment que l'intégrisme radical n'est pas l'apanage d'une religion ou d'une nation». Balayant, d'un revers de phrase toutes les fausses allégations et amalgames sournoisement entretenus autour du concept d'Etats «voyous», exclusivement arabes et musulmans pour l'écrasante majorité, ou d'un Maroc «exportateur» de violence extrémiste au moment des attentats de Madrid en 2004 ou de Londres en juillet 2005 alors que notre pays a été durement frappé auparavant par la «bête immonde» qui avait enfanté le carnage du 16 mai 2003 de Casablanca. Une belle leçon de réalisme politique, que les leaders arabo-islamiques ont bien assimilée pour redoubler de vigilance et consolider les liens de solidarité sur tous les plans, face aux dangers qui guettent l'univers de la Oumma. Et en premier, celui de la division et du déchirement, deux «virus» contre lesquels Mohammed VI est allé en guerre en incitant ses pairs à se mobiliser en un seul bloc compact pour faire triompher le partenariat économique et le développement social concrétisés par l'instauration d'une zone de libre-échange arabo-islamique et la création d'un Fonds social de lutte contre la pauvreté. «Ces ressources doivent être investies dans des projets à vocation sociale, dont les peuples puissent ressentir les retombées tangibles dans le cadre d'une citoyenneté digne et responsable. En revanche, elles ne doivent pas être dilapidées et utilisées pour alimenter les démons de la division et leurs rejetons factices. Ces entités fictives menacent l'intégrité des Etats et risquent d'hypothéquer les liens sacrés du bon voisinage, en contradiction flagrante avec les impératifs de l'unité de la Oumma et les préceptes de l'Islam». Sur ce chapitre, et comme nous le pressentions déjà, le 4ème round des négociations directes de Manhasset s'est de nouveau enlisé dans l'impasse, en raison du refus des algéro-séparatistes d'entrer dans le vif du sujet demandé par les instances onusiennes compétentes et les cercles les plus larges des chancelleries étrangères favorables à un processus d'autonomie dans les provinces sahariennes du Maroc. Mais notre pays, sûr de la légitimité de sa cause première et fort du soutien sans cesse grandissant de la communauté internationale, continuera à laisser la porte ouverte au dialogue en espérant que la sagesse finira par triompher. Une sagesse qui s'identifie aux options irréversibles pour la solution des conflits que le Maroc a toujours privilégiée : l'autonomie contre la partition et la démocratie contre le terrorisme.