Le Maroc a participé, cette semaine, à la 11ème édition réunissant au Sénégal les chefs d'Etat et de gouvernement de l'OCI et s'apprête, dans les toutes prochaines semaines, à faire de même au Sommet arabe en Syrie. Autrement dit, le Royaume confirme ses constantes stratégiques en prenant part à deux Sommets qui se suivent pour réaffirmer les solidarités arabo-islamiques, au double plan politique et religieux et consolider le front de la Oumma dans sa contribution à la paix universelle et à la libération définitive de la Palestine. Si à la rencontre de Dakar, le Maroc a réitéré sa condamnation de toutes les formes de violence et récusé, une fois de plus, le totalitarisme impérialo-sioniste contre les peuples innocents du Proche-Orient, en appelant à la mobilisation de toutes les forces politiques et religieuses tolérantes et saines dans les 57 Etats musulmans de l'Organisation islamique, il en fera tout autant à Damas avec ses 22 pairs arabes. Deux Sommets, un même combat pour la liberté et la dignité de l'homme universel dans ses composantes arabes et musulmanes. Car il ne saurait y avoir de liberté sans dignité et réciproquement, tant et si bien que les gouvernements et les peuples de la Oumma refusent en bloc l'asservissement à la domination néocoloniale et rejettent l'assujettissement à toutes les formes de dépendance exercées par le Nord sur le Sud. Tant que la «bête immonde», comme écrivait Berthold Brecht, n'aura pas été définitivement extirpée de la Terre, il ne saurait y avoir de paix juste et durable, ni de dialogue des civilisations et des cultures dans le respect des différences confessionnelles, raciales, culturelles et ethniques. Comme il ne saurait y avoir de sécurité individuelle ou collective sous la menace récurrente du terrorisme abject sous ses multiples facettes. «L'homme naît naturellement bon mais c'est la société qui le déprave», disait Jean-Jacques Rousseau avant que Sigmund Freud ne renverse l'équation. Dans les deux cas de figure, les causes des violences, des guerres, des inégalités et de l'injustice sont à rechercher dans le désir immodéré de puissance, la soif insatiable d'hégémonie, l'incompréhension croissante entre les peuples, le regain de vitalité des démons du racisme, les conflits interconfessionnels artificiellement entretenus… Tous ces dérapages à contre-courant de l'humanité bien comprise sont, hélas, le produit déviant de la civilisation de la guerre, de la peur et de l'iniquité sociale et humaine, que les pays en voie de développement continuent de subir. Si au cours de l'histoire, les anciennes conquêtes étaient aveugles, et que la colonisation du tiers-monde un acte de pillage et d'asservissement sans distinction de race ou de religion, amputant les pays du Sud de leur capacité endogène au développement, il faut bien se résoudre à admettre que de nos jours, les mêmes forces du mal, institutionnelles et clandestines, ciblent surtout les peuples arabes et musulmans. Est-ce une coïncidence des situations que la lutte anti-terroriste s'acharne contre des Etats supposés «voyous» en grande majorité arabes et musulmans ? ou bien est-ce une contingence des genèses historiques, qui accable notre religion de tous les maux, en confondant délibérément l'essence solidaire et de justice sociale de l'Islam avec les extrémistes barbares qui s'en réclament à tort pour faucher des vies innocentes ? Est-ce encore un hasard que les théories israélo-européennes diabolisent, sous un masque faussement universitaire et intellectuel, les peuples islamiques et arabes rendus coupables des menaces pesant sur la démocratie occidentale ? Nous fera-t-on toujours avaler de grosses couleuvres pour tromper l'opinion publique mondiale sur les méfaits de la Oummah quand tous les «calibres» s'y mettent pour récidiver avec les caricatures du Prophète, ou que le pape monte au créneau avec ses déclarations hostiles à l'Islam en Allemagne, ou que les signatures s'en mêlent, à la Salman Rushdie qui nous «vomit» des «versets sataniques» ? Et pourquoi d'aucuns persistent et signent, en affirmant que des études prospectives de la CIA ont annoncé que le danger futur viendra de la puissance islamique dans le monde, après la chute du mur de Berlin, accélérant le démantèlement de l'ex bloc soviétique ? Le Maroc a, non seulement fait de la dignité humaine son credo, mais s'efforce de le traduire dans les réalités socioéconomiques à travers le chantier de Règne de l'INDH et l'affectation de plus de la moitié des ressources budgétaires de l'Etat au développement des secteurs sociaux. Le renforcement des capacités du tissu associatif de solidarité, la Fondation Mohammed V en tête, ainsi que les politiques plus entreprenantes adoptées par les entreprises citoyennes, publiques et privées confondues, constituent le message fort que le Royaume s'applique à faire passer dans les forums internationaux et régionaux, OCI et Sommet arabe compris. Comme notre pays met un point d'honneur à accompagner son offre d'autonomie par la mise en œuvre d'ambitieux plans de développement tous azimuts de ses provinces du Sud.