Mohamed Kabbaj, Wali du grand Casablanca, a rendu public la Vision 2030 de la région de la mégapole. «L'offre Grand Casablanca» repose sur trois activités économiques : industrielle, tertiaire et tourisme. es études sur le développement futur du grand Casablanca sont aujourd'hui achevées. Leur traduction en schéma directeur est prévue au courant de ce mois de février, après approbation des conseils des élus, pour sortir enfin avec un plan d'aménagement tant attendu par les Casablancais. Ce dernier, qui doit être prêt avant fin 2008, a retenu une déclinaison territoriale de la Stratégie 2030. Le Grand Casablanca n'est pas à son premier schéma directeur. La touche de l'actuel Wali du Grand Casablanca réside en fait dans la méthodologie adoptée. En effet, c'est une première qu'un schéma directeur aura passé par plusieurs étapes : des travaux préliminaires (ayant débuté en 2005) au plan de développement stratégique en passant par le diagnostic et les scénarios de développement durable. Une large concertation et un grand consensus ont été également respectés, selon les dires de Mohamed Kabbaj, Allal Sekrouhi, gouverneur directeur de l'Agence Urbaine de Casablanca, et Mohamed Sajid, président du Conseil de la ville, lors d'un point de presse tenu lundi 04 février au siège de la Wilaya. Les axes majeurs du développement En 2030, les Casablancais ne reconnaîtront peut-être pas leur ville. La carte schématisant l'organisation du territoire prévoit un développement économique basé sur plusieurs pôles d'activités industrielles et d'innovation et deux axes majeurs : l'un empruntant un long couloir depuis l'aéroport Mohammed V jusqu'au complexe industrialo-portuaire et logistique (CiLog) de Zénata-Mohammedia et l'autre en lieu et place de l'ancien aéroport Casa-Anfa. La stratégie économique cherche aussi à atténuer les trois maux dont souffrent la capitale économique : disponibilité du foncier, congestion et nuisances. Elle vise aussi à améliorer l'offre pour les entreprises industrielles (terrains équipés, zones et services logistiques, accessibilité aux ports), l'offre pour le tertiaire (immobilier de bureaux adapté, quartiers d'affaires) et l'offre touristique (patrimoine mis en valeur, terminale croisière, shopping). Le schéma global contient aussi des équipements de dimension régionale, nationale, voire internationale (notamment trois grands parcs urbains et un campus universitaire à Bouskoura), un projet de trame verte régionale et une offre de transport complète et cohérente. Les architectes du schéma directeur préconisent de fournir un effort d'équipement sans précédent dans les domaines des transports de masse : ligne de grande vitesse (LGV), réseau express régional (RER), métros et tramway, de même que dans l'habitat (résorption de 1.000 ha d'habitat précaire) et des urbanisations nouvelles (viabilisation de 1000 ha par an). Il est ainsi prévu de produire 800.000 logements en 25 ans, soit près de 38.000 logements par an. A la Wilaya du grand Casablanca, on estime que la vision stratégique 2030 fera de Casablanca «une grande métropole, ouverte sur le monde, où il fera bon vivre et travailler». Son économie sera performante et diversifiée, avec des technopoles, des industries de pointe, du tourisme et un commerce florissant. Le revenu moyen par tête sera doublé voire triplé. La population (5,1 millions en 2030) sera mieux éduquée et mieux logée. Casablanca sera «une métropole de la connaissance et de la culture, parfaitement équipée et où les nuisances environnementales auront fortement reculé», tandis que les parcs et les jardins seront parsemés un peu partout dans la ville. Comme dans un rêve, quoi ! Donner une lisibilité au «projet de métropole» passera aussi par une meilleure qualité des infrastructures et des formations. «Le schéma directeur permet de faire des choix sectoriels maintenant afin de faciliter les prises de décision demain», commente Kabbaj. Marketing territorial Les responsables publics de la ville sont plus que jamais décidés à faire valoir ses atouts de capitale économique, concentrant près de la moitié de l'économie nationale. D'autant plus que l'émergence de nouveaux pôles économiques crée une sorte d'émulation et de compétition entre les différentes régions du Royaume. Et c'est tant mieux. Casablanca craint surtout la concurrence de la ville du Détroit, qui, avec son port Tanger Med, changera la physionomie de toute la région Nord du Maroc. Mohamed Sajid, président du Conseil de la ville, ne cache point cette appréhension : «le schéma directeur de la ville ambitionne de positionner la ville sur l'échiquier national. Nous voulons que Casablanca préserve et renforce son rôle de vecteur et de moteur de la croissance économique du Royaume». Dans cette perspective, la stratégie économique devra déployer l'offre Maroc, et plus particulièrement l'offre grand Casablanca (offshoring et outsourcing). L'environnement économique est appelé à se moderniser, notamment, en termes d'offre territoriale, de gouvernance et de communication. A terme, le pouvoir d'achat devra augmenter et le Maroc ne sera plus ce «pays à bas salaires». Les architectes de la Vision 2030 de Casablanca sont conscients que tout développement économique passe immanquablement par la qualification de l'élément humain. A cet effet, la transition devra être assurée par «un investissement significatif dans l'éducation et la formation de cadres de haut niveau». Pour ce qui est de la mise en œuvre de cette stratégie de développement, seize actions prioritaires ont été définies. A commencer par la publication et l'adoption du nouveau schéma directeur, accélérer la réalisation d'Anfa et de Zénata et de deux premières lignes de tramway pour Casablanca. Le financement de la Vision 2030 se fera, selon Sekrouhi, à travers les plus value foncières, le partenariat public-privé (PPP) et les dotations exceptionnelles.