Le secteur éducatif national est voué à toutes les gémonies, en interne et à l'international. Le dernier rapport de la Banque Mondiale rendu public en début de semaine est impitoyable sur le classement du Maroc près des «lanternes rouges» dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). A quand un sursaut d'orgueil pour sauver les générations montantes et futures d'un désastre programmé ? Devra-t-on ranger dans le compte des pertes et profits après une décennie d'application des réformes des systèmes éducatifs marocains en application des recommandations d'une charte COSEF qui elle-même, avait nécessité de longs mois pour assoir une stratégie qui, apparemment, n'a pas du tout bien fonctionné. Et si les premiers protagonistes de cette réforme, qui sont loin d'en porter exclusivement l'entière responsabilité dans la mise en œuvre des nouvelles politiques d'enseignement dans le Royaume viennent de reconnaître le «constat d'échec», le gouvernement, lui aussi, a du pain sur la planche après que le Premier ministre ait décidé d'inscrire ce chantier comme la priorité des priorités en 2008. En effet, Abbas El Fassi hérite d'un legs empoisonné des deux législatures depuis l'alternance consensuelle de 1998 d'un système éducatif défaillant qu'Ahmed Akhchichen s'appliquera à réformer de fond en comble. Et le leader Istiqlalien vient d'admettre l'incommensurable gâchis en mesurant les dégâts en volumes de déperditions scolaires et en assimilant nos institutions d'enseignement universitaires et supérieures à des «fabriques de chômeurs». En tout cas, les piètres performances du secteur de l'Education nationale, hormis la formation professionnelle plus pragmatique et mieux opérationnelle, viennent d'être aggravées par le classement peu reluisant du Maroc placé au 11ème rang sur 14 pays ciblés de la zone MENA, se retrouvant pratiquement bon dernier en compagnie de pays à ressources plus faibles à l'instar des modestes Yemen et Djibouti ou encore de l'Irak exsangue. On se demande bien à quoi ont servi tous les discours en stratégies et projets structurants alors que le secteur révélateur du niveau de développement réel d'une nation est l'évolution de son éducation. Un secteur en «banqueroute», hélas, qui chez nous fait l'unanimité des discussions en famille et en société, à telle enseigne, que la qualité décriée des enseignements est encore plus noircie par l'insécurité aux abords des établissements et les pratiques déviantes de débauche dans les comportements de nos élèves sans encadrement ni accompagnement civiques et citoyens. Sans oublier d'en porter la responsabilité aux systèmes d'écoles et au corps enseignant en premier lieu, qui semblent avoir démissionné de leurs missions nobles pour verser dans l'absentéisme et la négligence. Jusqu'à l'enseignement civique qui a complètement disparu des tablettes des programmes. Pour en revenir au rapport de la BM sur la réforme de l'éducation au Moyen-orient et en Afrique qui met en avant un «parcours inachevé» à l'appréciation de critères fondés sur les indicateurs d'accès, d'équité, d'efficacité et de qualité de l'enseignement général, ce qui revient à dire que le «constat d'échec» des réformes est valable pour l'ensemble des pays-cible, le classement du Maroc prête à plus d'inquiétude en se positionnant comme l'un des plus mauvais élèves de la région dans la mise en œuvre de réformes où l'échec l'emporte sur les acquis. La BM tire la sonnette d'alarme pour redresser la barre en suggérant au gouvernement du Royaume d'agir au niveau de l'ingénierie de l'enseignement.