La revendication de l'abaissement du vote électoral à 18 ans est synonyme d'une position politique tant affichée par les partis de la Koutla démocratique (USFP, PPS, Istiqlal et OADP) depuis les années soixante-dix. Est-ce pour autant, qu'aujourd'hui, le Souverain a accédé à cette revendication ? Depuis les années soixante-dix du siècle écoulé, les partis de la Koutla démocratique n'ont cessé de revendiquer l'abaissement de l'âge de vote à 18 ans. Cette initiative saluée par l'opinion publique s'est illustrée notamment lors de la présentation du mémorandum de la Koutla au défunt Roi Hassan II en date du 17 mai 1992. Depuis lors, cette revendication constituait la pierre d'achoppement du projet de réforme démocratique élaboré par la gauche marocaine. Une position qui allait faire dire à de nombreux observateurs que ces partis voulaient absolument profiter de l'apport électoral d'une jeunesse encadrée et “embrigadée” surtout dans le cercle des espaces associatifs et notamment au sein de l'Union nationale des étudiants du Maroc ( UNEM). Cette dernière organisation syndicale était, à juste titre, visée, puisqu'elle constituait le terreau idéal pour la formation de plusieurs générations d'étudiants aux techniques de la contestation et de la revendication des droits politiques et civiques. Il n'est pas d'ailleurs nécessaire de rappeler que la plupart des cadres des partis politiques, exerçant jusqu'à présent, ont reçu leur formation de base au sein de cette organisation. Et il n'est pas nécessaire de rappeler, également, que dès que les forces politiques se sont, petit à petit, éclipsées de la scène estudiantine vers la moitié des années quatre-vingt, leur attrait sur la jeunesse s'est considérablement amoindri. Sans plus de détails, puisque cet épisode a été analysé de fond en comble, il faut dire que le slogan de l'abaissement de l'âge électoral à 18 ans, a continué à servir d'appât aux partis démocratiques et ce jusqu'en 1996, date de la présentation d'un second mémorandum à feu Hassan II, dans lequel l'USFP, le PPS, l'Istiqlal et l'OADP renouvelèrent leur position de principe. Mais depuis cette date, les choses vont évoluer autrement et pour cause. Tout au long des préparatifs des élections du 27 septembre 2002, trois des partis de la Koutla se sont prononcés pour le maintien de l'âge de vote à 20 ans. Hormis donc l'OADP, l'USFP, l'Istiqlal et le PPS ont commencé à défendre la thèse des pouvoirs publics, et ipso facto celle du gouvernement de l'alternance consensuelle conduit par Abderrahman Youssoufi. En effet, le projet présenté au parlement stipulait dans son article 1er que l'âge de vote est maintenu à 20 ans. Cette disposition a soulevé un débat intense auquel se sont inscrits le parti de la justice et du développement ( PJD), l'OADP et le Congrès national Ittihadi, qui ont revendiqué l'abaissement de cet âge à 18 ans. Il faut dire que malgré les multiples pressions exercées sur ces trois partis, leur position n'a pas changé d'un iota. C'est alors que leur projet d'amendement a été soumis au vote lors de la séance plénière de la chambre des représentants. Cet exercice a montré que les adversaires de l'abaissement de l'âge de vote n'étaient que les partis qui en ont fait leur cheval de bataille depuis 1975, en l'occurrence l'USFP, l'Istiqlal et le PPS. Ainsi, donc, à cause de ces formations politiques, pourtant progressistes, le slogan historique a été enterré. Dans le même sillage, d'autres partis libéraux ont renié leur position de principe et ont appuyé ce vote. C'est le cas de l'Istiqlal, du PSD, du RNI, du MNP, du FFD, de l'UD et du parti Al Aâhd. Trop, c'est trop. D'autres partis ont été plus cléments et se sont abstenus. C'est le cas du Mouvement populaire, du PND, de l'UC, du MDS, du parti du centre social, du MPDC et du parti de l'action. Ce vote a démontré tout l'embarras des partis qui ont voté contre l'amendement et ceux qui se sont abstenus, puisque aucun parti n'a pu réellement justifier sa prise de position. Ainsi, les adversaires ont essayé de justifier leur rejet de l'amendement par des délais pour l'inscription légale sur les listes électorales, alors que d'autres ont essayé de mettre en exergue leur souci de diminuer le taux d'abstention. Entre les deux, certains ont clairement notifié que l'abaissement de l'âge de vote pourrait profiter aux courants islamistes. Dans ce magma de contradictions, le PJD, l'OADP et le CNI ont été clairs en défendant la thèse d'une plus forte adhésion de la jeunesse dans l'action politique. En tout état de cause, l'initiative royale d'abaisser l'âge de vote à 18 ans a embarrassé les formations politiques qui se déclaraient leaders des revendications démocratiques. Comment donc devraient-ils réagir à présent, juste quelques mois après leur rejet d'un amendement qui aurait pu leur sauver la face ? Oseront-ils aujourd'hui voter contre ?. L'USFP, l'Istiqlal, le PPS et consorts sont sûrement en train de se mordre les doigts. l'initiative royale d'abaisser l'âge de vote à 18 ans a embarrassé les formations politiques qui se déclaraient leaders des revendications démocratiques.