Face au micro de Radio-FM, Salah El Ouadie a défendu le bilan de l'IER, réexpliqué la conception de justice transitionnelle qui y a présidé et plaidé pour une gauche unie et rénovée. Salah El Ouadie a de multiples facettes, celle qu'il préfère est sans doute la poésie, il est d'abord poète. Ceux qu'il a combattus ne l'étaient pas, ils l'ont privé de sa jeunesse et mis en prison pendant dix longues années. Compagnon de Driss Benzekri, il a partagé son parcours de l'OMDH à l'IER en passant par le Forum justice et vérité, une longue quête, un superbe combat contre les violations des droits de l'homme et l'Etat de non droit. C'est d'ailleurs sur ce thème que la plupart des auditeurs l'ont interpellé. El Ouadie a eu à affronter la sempiternelle question de l'impunité. Patiemment, il a réexpliqué ce qui fonde l'expérience Marocaine de la Transition «Dans tous les pays qui ont connu une transition pacifique, cette question a été posée. Ceux qui ont réussi sont ceux qui ont préféré passer outre». La responsabilité des violations graves incombe à l'Etat, les individus mettaient en œuvre une politique de l'Etat, celui-ci a reconnu et assumé. Exiger le jugement des responsables aurait mis en péril tout le processus. Par contre, il a mis en exergue les acquis de l'IER. En premier lieu, il a rappelé les auditions publiques et l'impact qu'elles ont eu. La recherche de la vérité, puisque seuls 66 cas sont à ce jour non résolus. Près de 50.000 personnes ont été indemnisées, des régions entières bénéficient d'une réhabilitation collective. Surtout il y a les recommandations de l'IER. «L'objectif ultime c'est de doter notre pays des institutions nécessaires pour que cela ne se reproduise jamais et les recommandations de l'IER, dont leConseil Consultatif assure le suivi sont un formidable outil pour y arriver». Mais le combat n'est pas fini et ne finira jamais parce que pour notre poète?: «Il y a toujours des droits à acquérir et d'autres à sauvegarder», mais ce combat aujourd'hui concerne tout le monde et le monde entier dans la mesure où il s'agit d'une valeur universelle. Salah va plus loin, quand il parle du débat politique actuel. Pour lui, la gauche marocaine n'a pas repensé son discours, l'intelligensia dans un sens large s'est retiré d'un débat finalement appauvri. Il considère que le rapport final de l'IER et le rapport sur le cinquantenaire de l'indépendance peuvent servir de base à un débat approfondi et mobilisateur. L'unité à gauche, il y croit comme une nécessité absolue, «la charnière reste l'USFP», pour commenter la démission de Maître Elyazghi et Abdelouahed Radi, il rappelle que la crise est profonde et qu'il ne s'agit pas de stigmatiser des Individus. «Le moment est arrivé pour remettre à plat toutes les problématiques et clarifier les choix vis-à-vis de tous les acteurs. Seule une pareille attitude permettra à la gauche en s'appuyant sur ses valeurs, de reconquérir sa place dans la société et la confiance des citoyens. Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui l'objectif, ce sont les élections et rien d'autre». Accessoirement, comme beaucoup d'autres, il pense que l'USFP devrait admettre les courants pour agglomérer la gauche. Le poète termine par quelques vers splendides chantant ce qui guide sa vie : l'espoir.