Le Sultan intrépide qui s'est sacrifié avec sa famille pour les dures épreuves d'un exil aux vicissitudes incertaines en refusant d'aliéner la souveraineté du Royaume et de compromettre la dignité et la liberté des Marocains est un héros national, maghrébin et afro-arabe qui a eu sa grande part de mérite posthume avec les festivités du cinquantenaire de l'indépendance célébré avec éclat l'an dernier. Quant la réalité dépasse la fiction, c'est bien le cas de le dire lorsqu'on se souvient, avec une émotion restée intacte malgré les années passées depuis, de cet engouement quasi-religieux de tous les peuples du Maghreb sans exception, fin des années 50 début des années 60, qui scrutaient attentivement le ciel en s'exclamant, avec ferveur : «Regardez, Mohammed V est sur la lune» ! Jamais, de mémoire de Marocain et de Maghrébin, un Roi ne fut autant admiré et vénéré que le Sultan Mohammed V, le seul chef d'Etat dans l'histoire des pays de l'Afrique du Nord, à entrer dans la légende, auréolé d'un mythe de «Roi sauveur des peuples et des mouvements de libération» considéré comme un grand héros des indépendances et un pionnier de l'union maghrébine et des mouvements de libération en Afrique. La mémoire collective des peuples de la région n'est pas prêt d'oublier l'audace et la bravoure chevillées à un Souverain anti-colonial, combattant et libérateur qui n'a pas hésité à prendre des risques pour mettre en danger la jeune indépendance acquise par son pays au bénéfice d'une revendication proclamée sur toutes les tribunes de la planète appelant à l'indépendance de tous les Etats du Maghreb, et notamment de l'Algérie. L'épopée de la Révolution du Roi et du Peuple commença, le 20 août 1953, lorsque fut lâchement perpétré le coup de force de la Résidence coloniale encerclant le Palais Royal de Rabat pour sommer le Sultan, sous la menace des armes et la contrainte, de capituler ou d'être exilé. Le courage formidable du Sultan, qui refusa catégoriquement toute compromission avec les autorités du protectorat, est toujours cité en exemple de patriotisme et d'héroïsme dans tous les cahiers des écoliers qui remontent le fil des évènements historiques. Mohammed V demeurant fidèlement attaché, ce faisant, à l'esprit et à la lettre du Manifeste de l'Indépendance du 11 janvier 1944 qu'il avait parrainé et promis d'en respecter toutes les clauses. Dans une symbiose parfaite avec le Mouvement national qui fut le premier à réclamer le retour d'exil du Roi. Revendication récurrente et incontournable que façonnèrent les accords d'Aix-les-Bains aboutissant à la restitution de l'indépendance au Maroc sous la conduite de son Souverain Mohammed V, le libérateur immortalisé sur la lune dans la conscience collective des peuples qui lui réservèrent un accueil triomphal à son retour le 16 novembre 1955. Non seulement, Mohammed V est le libérateur du Royaume du joug de l'occupation coloniale dont il sut déjouer tous les complots lorsque fut vainement tenté l'aventure du fantoche Benarafa, mais il fut, tout autant, le pionnier des fondements de la démocratie dans le pays en promulguant le fameux Dahir de 1958 portant sur les Libertés publiques. Une initiative unique en Afrique et dans le monde arabe à l'époque tant et si bien que le visionnaire Souverain semblait être en avance de plusieurs longueurs sur l'universalité des valeurs humaines et politiques modernes, bien avant nombre de ses pairs dans le Tiers-Monde à l'époque. Mohammed V est le fondateur du pluralisme politique, le pionnier d'une société civile moderne et le précurseur de la liberté d'expression en soutenant une presse engagée et plurielle dont il dira «L'information est sacrée, le commentaire est libre». Bien avant l'indépendance du Royaume, et malgré les contraintes du protectorat, le Sultan s'est affirmé comme un défenseur acharné de l'unité maghrébine dont il fut le parrain sans faille de la fameuse Conférence de Tanger en 1948 entre les formations politiques principalement représentatives des trois pays de la région, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. Les résonances de ce forum historique fondateur de la future UMA institutionnalisée en février 1989 à Marrakech sous le règne de feu Hassan II, continuent de retentir dans l'esprit des peuples de la région cruellement déçus par une fermeture inique des frontières qui n'aurait jamais dû avoir lieu sans ce conflit artificiellement créé par les algéro-séparatistes du Sahara marocain. Car Mohammed V était d'une affectivité extraordinaire partageant exactement les mêmes sentiments, dans toute leur dimension, avec tous les peuples des pays du Maghreb. «Le Maroc ne sera véritablement indépendant que lorsque l'Algérie sera libérée du joug colonial», s'insurgeait-il souvent ? Ce qui dénote d'un altruisme peu commun et d'un engagement solidaire des plus rares. Sans compter que tous les moyens financiers, matériels, logistiques, de formation et autres du Maroc ont été mis à la disposition du FLN et de l'ALN combattante pour déclencher la révolution victorieuse du 1er Novembre 1954. Un sacrifice que l'ingratitude de la junte militaire algérienne au pouvoir a vite fait de renier pour entrer en conflit avec notre pays depuis la récupération par ce dernier de ses princes du Sahara. Mais tant pis pour ces ingrats dirigeants de la république voisine car leur peuple, à l'unanimité, voue toujours une admiration sans bornes et une reconnaissance appuyée au Roi Mohammed V. Un Monarque courageux, héroïque, chaleureux, solidaire, humaniste et amoureux de tous les peuples du Maghreb et d'Afrique dont leurs parents se souviennent très bien d'avoir vu immortalisé sur la lune !