Maroc Telecom est la première entreprise à publier ses résultats, après avoir annoncé son chiffre d'affaires la semaine dernière. Ses fondamentaux sont une fois de plus excellents et l'entreprise prévoit une forte croissance pour 2007. C'est un Abdeslam Ahizoune très satisfait qui a présenté les résultats du groupe de télécommunication. Après l'annonce d'une croissance de 19,5% du chiffre d'affaires à 13 milliards de dirhams, Maroc Telecom a publié des résultats encore plus surprenants. Alors que l'on craignait que la concurrence ne vienne porter un coup à sa rentabilité, l'opérateur se fait rassurant avec des chiffres à l'appui. Il a dégagé au premier semestre un résultat net part du groupe de 3 850 millions de dirhams, en hausse de 28,4%. Le résultat opérationnel consolidé a atteint 5 999 millions de dirhams, en progression de 33,6% (+34,5% en comparable). L'opérateur historique a ainsi communiqué de nouvelles prévisions annuelles, en intégrant les nouvelles filiales. Maroc Telecom vise une croissance supérieure à 16% pour le chiffre d'affaires (supérieure à 8% sur une base comparable) et une croissance supérieure à 18% pour le résultat opérationnel (supérieure à 20% sur une base comparable). Mais, la question de sa conquête de l'international est revenue tout au long de la conférence de presse pour la présentation des résultats. Car, les problèmes rencontrés avec Gabon Telecom méritaient plusieurs explications. D'une part l'entreprise est plus endettée que les autorités Gabonaises l'avaient laissé apparaître dans les comptes. D'autre part, l'opérateur s'est révélé être un vrai gouffre financier. Les dettes financières de Gabon Telecom estimées à 68,8 milliards de francs CFA, étaient finalement de 70,2 milliards. De même, les dettes fournisseurs sont de 221,0 milliards contre 142,0 Md annoncés au moment de la privatisation. Le cumul des pertes de l'entreprise ont atteint aussi 90 Md de FCFA, soit près de 140 millions d'euros. Ce sont là des découvertes quelque peu déconcertantes. Et les surprises ne se limitent pas là, puisque Maroc Telecom a été informé que, suite à un recours introduit par un groupe de sept salariés de Libertis (filiale mobile de Gabon Telecom) demandant l'annulation de la privatisation de Gabon Telecom et de Libertis. La Cour Constitutionnelle Gabonaise a pris en date du 24 juillet 2007, une mesure conservatoire, ayant un effet suspensif sur les actes de cession. Abdeslam Ahizoune a expliqué que Maroc Telecom n'a même pas eu le temps d'être informé officiellement de cette surprenante décision, que cette dernière a été annulée. L'ensemble de ces faits ont poussé certains analystes, notamment ceux de la BMCE Capital Bourse, à appeler l'opérateur à plus de prudence. Abdeslam Ahizoune a cependant, précisé que, pour Burkina Telecom comme pour Mauritel, il n'y a eu aucune mauvaise surprise. Les entreprises sont non seulement saines, mais aussi et surtout Mauritel présente un niveau de rentabilité comparable à celui de Maroc Telecom. Cependant, concernant Gabon Telecom, certaines précautions ont été prises, bien avant l'acquisition. L'opérateur gabonais a été vendu à la hâte, afin de le sauver d'une situtation financière désastreuse. Maroc Telecom n'avait pas eu le temps d'effectuer un audit par un cabinet international. Alors le prix initial, n'avait pas été ferme, selon Abdeslam Ahizoune. Quand on est affilié à un groupe comme Vivendi, on ne se laisse pas entrainer dans la première aventure d'investissement sans précaution. L'opérateur marocain n'avait versé que le tiers du prix de vente fixé au départ et le développement des choses montre qu'il avait raison de prendre des gants. Abdeslam Ahizoune estime en outre, que les filiales devraient avoir la même rentabilité que la maison-mère sur une période de deux à trois ans. Le pari est audacieux, mais il compte bien le relever. Quoi qu'il en soit, la stratégie à l'international de Maroc Telecom se poursuivra. Des pays comme le Bénin et la Guinée Equatoriale seraient intéressés par l'accueil de l'opérateur historique marocain. Des processus d'appels d'offres sont en cours au Mali et au Ghana et IAM y a souscrit. C'est dire que l'aventure africaine ne fait que commencer.