Aujourd'hui, la région de Volubilis vit au rythme du Festival qui porte le même nom, une occasion pour nous de revenir sur le passé prestigieux de l'un des sites archéologiques les plus importants du Maroc. Volubilis, cette ville antique romaine, située sur les bords de Oued Khoumane, une rivière de la banlieue de Meknès, non loin de la ville de Moulay Idriss Zerhoun, où repose Idrîss Ier, fondateur de la ville. Un site unique où se sont succédés plusieurs régimes, dynasties et cultures. Volubilis a été le centre du Monde dans la région du Maghreb. La ville était aussi le lieu d'une grande expression artistique dans les domaines architectural, musical et artisanal, sous l'influence de courants d'idées de divers horizons, arts romains et pré-romains, influences mauritaniennes et renouveau islamique. Le Festival qui lui a été dédié a pour objectif, comme le soulignent à chaque fois les organisateurs : «de rendre hommage à ce glorieux passé du patrimoine culturel méditerranéen, à travers la participation d'artistes contemporains de différents pays». Une façon bien précise de marquer le grand rayonnement d'un site humain des plus caractéristiques des échanges culturels entre différentes cultures de la Méditerranée et de l'Afrique. Ancrage historique La cité a vu le jour grâce à l'expansion de l'empire romain. Elle est le fruit d'un brassage de culture, entre les Romains d'un côté et les Mauritaniens de l'autre. Nous sommes en l'an de grâce 42 ap J.-C., l'empire romain est déjà au faîte de sa gloire. C'est la grande époque des conquêtes où l'on étend les acquis de l'empire, pour dominer les autres peuples, leur apporter tantôt le savoir, tantôt la ruine. C'est exactement en l'an 42, que l'Empire romain annexe le royaume de Maurétanie Tingitane, dont le chef-lieu a été la ville de Tanger, déjà glorieuse et dont l'aura s'étendait à toute l'Afrique. L'histoire nous apprend que c'est un drame qui a présidé à la naissance d'un nouveau royaume. Après l'assassinat par l'empereur Caligula, du roi maurétanien Ptolémée, une figure de poids que les annales de l'histoire antique rendent avec exactitude, faisant d'elle un symbole de maîtrise, de sagesse et de prospérité pour le royaume tingitan. Volubilis devint alors la capitale régionale de l'administration romaine, avec le statut de municipe. Autrement dit, c'est à la fois un lieu de direction Administrative et un haut lieu de Culture. C'est ce qui lui a valu la construction d'un certain nombre de monuments publics : autour d'une basilique, le lieu du culte, le forum pour les rencontres, les festivités qui marquent la grandeur de la cité et enfin le temple, symbole de droit divin et de règne absolu. Les versions varient sur l'appellation du site. Mais les historiens de l'empire ou ceux musulmans, venus plus tard s'accordent que le nom de Volubilis serait dû à l'abondance de la plante. Une plante de la famille des convolvulacées, apprend-on dans les livres d'histoire naturelle, qui est originaire d'Amérique centrale et dont le nom botanique est ipomea. Elle est connue pour être une plante vivace ou annuelle suivant les variétés et le climat. Elle peut atteindre 5 mètres en une saison. C'est une plante rustique jusqu'à -5°C. Le volubilis s'utilisera au jardin sur un grillage, une pergola ou palissade. Elle éclot de mai, jusqu'à la fin de l'automne. Elle est de couleur blanche, bleue, rose ou violette. D'ailleurs les Romains en ont orné leurs mosaïques. On la retrouve sur le sol, sur des reliefs sculptés et aura été aussi le sujet de plusieurs écrits entre poésie et chronique de voyage. Le nom berbère de la ville est Walili ou Walila qui provient de l'arabe : wali. Et là aussi nous sommes face à l'influence de la botanique sur le nom du site. Wali désigne aussi la fleur de liseron. Et là, on voit que pour les Romains ou les Berbères, le lien entre le site et la terre qui l'a engendré. On sait, par ailleurs, toujours grâce aux écrits des historiens voyageurs, que la ville vivait du commerce de l'huile d'olive. On retrouve dans les ruines de nombreux pressoirs à huile. Ce qui dénote déjà d'une très bonne hygiène de vie, d'une connaissance culinaire très au point et d'un art de vivre raffiné. Ce rayonnement s'étendra à tous les domaines, puisque Walili ou Volubilis sera le centre de la culture de toute l'Afrique. Une cité où convergeaient tous les avoirs de l'époque. Artistes, voyageurs, scribes, architectes, sculpteurs, poètes, chroniqueurs et diplomates. C'était aussi une base militaire dotée d'un arsenal militaire qui devait protéger ses acquis. L'Edit de Caracalla