Régie des tabacs Le processus sera enclenché incessamment. Un appel d'offres est attendu dans les quelques jours qui viennent. Mais,l'annonce de l'attributaire ne sera faite qu'en février 2003. En attendant, la Régie des tabacs semble déjà prête pour accueillir cette opération : nouvelle organisation, adoption de nouvelles règles de management et sous-traitance de certaines activités. À quand la privatisation totale de la Régie des tabacs ? Certains milieux bien informés avancent que cette opération n'interviendra qu'au courant du premier semestre 2003. Pour être plus précis, au mois de février prochain. L'appel d'offres destiné aux investisseurs étrangers sera incessamment lancé. Ceux-ci auront toute la période de novembre et de décembre pour soumettre leurs propositions au ministère de tutelle. Au mois de janvier aura lieu l'ouverture des plis pour enfin annoncer, au mois de février, le nom de l'attributaire à qui reviendra le droit de contrôler aussi bien l'actionnariat que la gestion de la régie. Car le futur actionnaire stratégique de l'entreprise se verra proposer par l'Etat la part de 90% du capital. Le reste sera réparti, à parts égales, entre les salariés de l'entreprise et les débitants (les commerçants de cigarettes). Ce schéma directeur par lequel transitera la privatisation de la régie se rapproche de la réalité, contrairement à ce qu'avaient entretenu certains milieux sur l'impossibilité d'un désengagement total de l'Etat. La thèse que ces derniers auraient défendue repose sur le fait que l'Etat continuera à réguler le marché du tabac en attendant la mise en place de règles “strictes” et “transparentes” pour réussir sa libéralisation totale. Or, une réalité s'impose : aucun investisseur étranger n'osera participer à l'opération si l'Etat lui cède seulement une partie du capital. Appel d'offres en cours Par ailleurs, en dépit d'une politique novatrice de gestion et d'un effort certain pour améliorer ses capacités techniques, la Régie des tabacs est toujours une entreprise publique engloutie par une bureaucratie et par un personnel, pour la plupart, dépassé et dont les compétences sont amorties par les variations technologiques. Vendre une entreprise dans une situation inquiétante mais néanmoins réformable nécessite un sacrifice de l'Etat. En annonçant dans les couloirs de la direction de la privatisation que 90% du capital de la Régie des tabacs sera vendu à l'opérateur stratégique, des noms aussi prestigieux comme Altadis ou Philip Morris se sont bousculés au portillon pour renforcer leurs chances dans la perspective d'une entrée “en fanfare” dans le capital de la Régie. Un autre nom revient en force : il s'agit de BAT (British & American Tobacco) dont les chances à la reprise de la Régie égalent celles de Altadis. Le lobbying médiatique exercé par à-coups par le groupe franco-espagnol Altadis avait poussé plus d'un à donner ce dernier comme “grand favori” à la privatisation de la société. Mais, il n'en est rien. Contactés par nos soins, les responsables d'Altadis à Paris avancent que la campagne publicitaire récemment lancée au Maroc autour de l'événement culturel (festival international du cinéma à Marrakech) se justifiait par son implication depuis plusieurs années déjà dans le financement sous forme de sponsoring de l'activité cinématographique au Maroc. Selon nos informations, le tandem financier, Crédit lyonnais-Crédit du Maroc, chargé par la direction de la privatisation pour placer la Régie des tabacs sur le marché international, aurait exprimé une préférence pour Altadis en raison de l'offre financière intéressante qu'il aurait proposée pour racheter les 90% du capital de la Régie. Mais, voulant jouer la carte de la compétition pour obtenir des prétendants les meilleures propositions financières possibles, la direction de la privatisation a opté pour la voie de l'appel d'offres dont le lancement interviendra dans les quelques jours qui viennent. Réorganisation interne Une initiative est à inscrire dans l'actif de Larbi Bellaha, président du directoire de la Régie : aussitôt son projet de privatisation officiellement annoncé, il a procédé à la réorganisation de ses structures internes et de ses activités pour améliorer ses performances. C'est en effet le cabinet de conseil Masnaoui & Mazars qui s'est vu confier cette mission. Selon l'un des responsables du cabinet, la copie contenant le projet de réorganisation de la Régie a été remise en juillet 2002. Quelques améliorations ont été apportées au projet pour enfin le valider en octobre dernier. Mais, la mouture finale de la réorganisation n'est pas encore mise en place car elle est subordonnée à la tenue d'un conseil d'administration qui doit l'entériner définitivement