Au même titre que toutes les sociétés du monde, le Maroc est imprimé par une grande diversité de coutumes et de traditions. Ainsi les sahraouis marocains ont eu les leurs bien avant l'urbanité moderne. Celle-ci a modifié, sinon dissimulé, quelques unes. La splendeur de l'espace sahraoui était liée, en fait, à la ruralité de la population lorsque cet espace enchantait par ses ruisseaux, ses airs de plaisance, la fertilité de ses bergeries verdâtres, l'abondance du cheptel et, par conséquent du lait. Cela a engendré la stabilité progressive de la campagne caractérisant la vie sahraouie. Le bonheur de la vie sahraouie consiste en des signifiants très précis tels que «adh» pluriel de «dhaya», la lune, les randonnées à dos de chameaux, la «naghma» synonyme de sérénité et de quiétude ou encore «ferkane» pluriel de «frik» qui signifie le campement de tentes disparates, ou «al ard zine» désignant les plantations de verdure, d'arbres et de fleurs multicolores, ou enfin «albidane» appellation des pures arabes experts en chants, en poésie et en savoir-vivre, décliné notamment lors des veillées nocturnes entre gens de lettres. Ces coutumes reviennent actuellement sous forme d'actes mondains vécus par les notabilités locales, souvent nanties. La vie des sahraouis est très dépendante de l'élevage et de la quête d'eau et des plantes pour nourrir le cheptel. Pour cette raison, les sahraouis ont peu connu la stagnation et dépensent leurs journées à la prospection de localités favorables. Toutes les fois que le campement a vent d'une pluie qui tombe quelque part, il envoie le «bouah» (éclaireur) s'enquérir du volume des averses et de l'emplacement le plus amène pour le campement. La réinstallation de ce dernier est toujours prévue pour une longue durée, car elle est notoirement fatigante. Parmi les plantes et les arbres les plus chantés et recherchés par les sahraouis, on peut citer «askaf», «oum roukba», «sadra al badda», «al ghadrik», «tasser», «laâsal», «arrakm», «assebt», «oum lbina», «adren», «henna», «azziyat», «el balbal», «tidoum», «tarf»…..etc. Parmi les fleurs «gargaâ», «kartouf», «arbyan» et «achgaâ» sont les plus connues. Le sahraoui préfère plus les viandes et les laits. Cependant, si le lait en période printanière garde la vedette lorsqu'il est bu notamment en puisant dans le «tazou», le couscous et la soupe de semoule (âïch) et les dattes (méjloube) sont fréquemment mangés. Le «tazou» est un récipient conservateur de lait, à contenance volumineuse, notamment lors des traites des chamelles tôt le matin. «al atma» et l'heure de traire dans la nuit les chamelles. En attendant, les enfants dorment, les femmes et les hommes se délestent en se racontant des contes, buvant du thé et échangeant les nouvelles du jour. Le moment venu, les hommes traient les chamelles les unes après les autres en se mettant à deux. L'un tient le tazou et l'autre trait à deux mains. Les hommes peuvent utiliser soit «l'adress», un récipient en bois, soit le «azour». Une fois rempli, ce dernier est déversé dans le «tazou». Les femmes à cet instant réveillent les enfants pour le dîner qui n'est autre que le lait à volonté. Le culinaire et le vestimentaire La viande de chameau coupée en filet est séchée au soleil sur les branches de l'arbre (asder) avant son stockage. Cette opération est dénommée «tachtar». Cette viande est souvent mangée crue. Elle est souvent consommée en petits morceaux avec «loudek». Pour varier les repas, on alterne tachtar et loudek, conjointement cuits sans ajout aucun. Ce repas est appelé «tidkit». Après chaque repas, le sahraoui prend le thé avant de prendre du lait. La jeune fille sahraouie est régalée dès son jeune âge par une grande quantité de lait et c'est là une tradition ancestrale. Quant à l'habillement sahraoui, chaque sexe a le sien. L'homme porte la «darraâa» qui est confectionnée d'un tissu mesurant près de 10 mètres, habituellement en fonction de la taille de la personne. Le tissu le plus utilisé est «bazzane» et quelquefois fois le «belamtine», de couleur noire, ou «chakka», une étoffe très légère sans motifs. La «darraâa» est ample, non cousue et ouverte des deux cotés. Les poches sont circulaires et portent des motifs distincts. Le pantalon porté avec la Derraa est également ample, confectionné avec un tissu de sept mètres et dont la ceinture est appelée «lakchat». Il reste long pour toucher le sol. Le cuir usité qui sert à confectionner le ceinturon est dénommé «al kalha». Le sahraoui se distingue par le châle noir qu'il porte sur la tête ou par lequel il peut à l'occasion se voiler. Des livres parlent de pudeur à propos du châle mais d'autres expliquent son port simplement en réaction aux conditions climatiques du Sahara. Pendant les cérémonies, les hommes portent deux darraâas : une blanche et l'autre bleue. Le port des deux darraâas peut aussi être un signe de notabilité au sein de la tribu. Aujourd'hui la darraâa est portée quelquefois par les jeunes pendant les jours de congé et hors des horaires du travail. Le costume de la femme sahraouie est constitué de «malhafa» et de «lizar», lesquels la couvrent de la tête aux pieds. Des fois la «malhafa» est traînée à même le sol afin d'assurer la dissimulation du corps de la femme conformément à la tradition religieuse.