Que s'est-il réellement passé à Safi ? Plus exactement dans la prison de cette ville côtière connue pour sa sardine et sa «Aïta», entre autres de Fatna Bent Lhoucine ? Le chef d'un pavillon du complexe pénitencier a été crapuleusement assassiné lundi 19 février, vers 21 H 30mn alors qu'il s'apprêtait à regagner son logement de fonction et retrouver ses trois enfants… Le présumé assassin a été arrêté en un temps record. Un récidiviste. Abdelkrim Abou Essâad, la cinquantaine, marié et père de trois enfants, venait à peine de prendre ses fonctions à la prison de Safi. Avant, il exerçait au magasin général dépendant de la même administration à Ain El Borja à Casablanca. Abou Essâad avait également exercé à Oukacha. Dur et ferme, il a toujours été la cible des détenus dont beaucoup ont déposé des réclamations à son encontre. Le même comportement a caractérisé l'exercice de sa fonction à Safi au point qu'un journal arabophone lui a consacré, juste la semaine dernière, tout un article dénonçant les «exactions» et mettant en relief «le mauvais traitement des détenus» par ce responsable. Lundi 19 février, vers 21 H 30 mn, Abdelkrim Abou Essâad s'apprêtait à rentrer chez lui, à bord de sa voiture. Le logement de fonction qu'il venait d'occuper, il y a à peine trois mois, se situe à quelques mètres seulement de la porte principale de la prison. à cette heure précise, le drame arriva. Abou Essâad sera retrouvé allongé par terre, la mâchoire inférieure fracassée, portant une blessure profonde au niveau du front, causée par un coup violent à l'aide d'une arme blanche. Aucune trace de brûlure n'est cependant apparente sur le corps. Selon des gardiens de la prison, un individu s'est jeté sur la victime et, après avoir accompli son forfait, a disparu dans l'obscurité. Une autre version dit qu'une explosion a été entendue sur place. L'autopsie effectuée sur le cadavre à l'hôpital Mohammed V de Safi a montré d'ailleurs la présence d'un trou au niveau du dos de la victime. Il s'agirait d'une balle tirée par une arme à feu de calibre 9 mm. Ce qui prête à croire que l'arme provient de l'extérieur de la prison. Les gardiens sont équipés de pistolet de calibre 12 mm. On parle aussi de la présence de CD-ROM retrouvés sur le lieu de l'assassinat. Ils contiendraient des menaces de groupes intégristes. D'ailleurs, le présumé meurtrier aurait répété à plusieurs reprises le nom d'Allah avant de disparaître. Abou Assâad a succombé à ses blessures quelques minutes après son admission aux urgences. L'état d'alerte a été décrété suite à ce drame qui a secoué plusieurs administrations et services. Le laboratoire scientifique se penche sur l'analyse des éléments retrouvés sur le lieu du crime. Jeudi 22 février, la police a pu élucider le crime. Elle a procédé à l'arrestation d'un certain Mustapha Sarnane, un Marocain, repris de justice, qui a avoué son forfait. L'accusé a reconnu avoir tué la victime à l'aide d'un pistolet 9 mm qu'il s'est procuré en Mauritanie.